L’implantation du moustique tigre en Île-de-France est un facteur de risque d’épidémies vectorielles comme la dengue, le chikungunya ou encore le zika. En 2023, un premier cas autochtone de dengue a été signalé dans le Val-de-Marne. Le point sur la surveillance épidémiologique dans le département du Val-de-Marne (94).
Dans un contexte de changement climatique et de mondialisation des échanges, les maladies à transmission vectorielle ont tendance à apparaître dans des zones géographiques auparavant épargnées, ou, comme le paludisme, à réapparaître dans des zones où elles avaient disparu. Une maladie à transmission vectorielle est transmise par un vecteur, souvent un arthropode se nourrissant de sang, comme un moustique. En mordant une personne ou un animal infecté, il ingère les parasites, virus ou bactéries contenus dans le sang. Après une période d’incubation de quelques jours, l’insecte contaminé peut transmettre le pathogène à une personne saine par une autre piqûre. Chaque année, des voyageurs infectés revenant de pays où ces maladies sont répandues (Océan Indien, Antilles, Guyane et Asie du Sud-Est notamment), sont susceptibles d’introduire ces virus en France métropolitaine.
Implantation du moustique tigre en France métropolitaine
Installer le moustique Aedes albopictus (communément appelé « moustique tigre ») contribue au développement de ces pathologies. Il est particulièrement présent dans les départements français de l’océan Indien où il a provoqué une très importante épidémie de chikungunya en 2006. Sa première installation en France métropolitaine a été constatée en 2004 à Menton. Depuis le 1est Janvier 2024, le moustique tigre est définitivement implanté dans 78 départements métropolitains. Elle est également présente à la Réunion et à Mayotte. Dans les départements français d’Amérique (Guadeloupe, Martinique, Guyane), le vecteur à l’origine des principales épidémies de dengue, de fièvre jaune, de chikungunya et, depuis fin 2015, de Zika est le moustique. Aedes aegypti. Certaines espèces de moustiques indigènes peuvent également être porteuses du virus du Nil occidental (Virus du nil occidental), ou des parasites responsables du paludisme. Les vecteurs du paludisme sont les moustiques du genre Anopheles. A ce jour, il n’y a plus de transmission locale du paludisme en France, sauf à Mayotte et en Guyane.
Le Val-de-Marne, particulièrement touché
Les autorités surveillent l’implantation de ce moustique en France métropolitaine en raison de sa capacité à transmettre des maladies tropicales après avoir piqué des personnes malades. Depuis le 1est Janvier 2020, tous les départements du territoire métropolitain sont considérés à risque d’implantation et de développement du moustique tigre. Ce moustique tropical est désormais implanté sur une grande partie du territoire métropolitain. Elle est présente dans 78 départements sur 96. Le moustique tigre est présent et actif dans tous les départements d’Île-de-France.
La surveillance épidémiologique mise en place permet de classer chaque département selon cinq niveaux d’alerte, allant du vert au violet, ce dernier représentant le niveau le plus critique. Tous les départements de la région Ile-de-France sont en alerte rouge, ce qui signifie que le moustique tigre y est implanté et actif. Le Val-de-Marne se démarque car il est en alerte violette, ce qui signifie que des cas autochtones de maladies vectorielles ont été enregistrés dans le département. En octobre 2023, l’ARS a en effet confirmé un premier cas autochtone de dengue au sein du département, une situation inédite en Ile-de-France. Un cas est défini comme autochtone lorsque la personne contracte la maladie sans avoir voyagé dans une zone d’endémie dans les quinze jours précédant l’apparition des symptômes. Deux campagnes successives de lutte contre les moustiques, dont l’objectif est de réduire le risque de propagation de la dengue, ont été entreprises dans le département, sur la commune de Limeil-Brévannes. Elles ont été couplées à une enquête de terrain comprenant des visites en porte-à-porte auprès des résidents locaux pour détecter d’autres cas potentiels et relayer les messages de prévention.
Renforcement du dispositif de lutte anti-vectorielle dans le Val-de-Marne
L’ARS Île-de-France est chargée de mettre en œuvre les actions de surveillance du moustique tigre et de lutte anti-vectorielle en Île-de-France. Renforcé de 1est De mai au 30 novembre, l’objectif du système est d’empêcher la prolifération des moustiques tigres et de prévenir la propagation des maladies. Ce dispositif est actif sur l’ensemble du territoire et régi par des arrêtés du ministère de la Santé, mis en œuvre au niveau local en concertation avec les préfectures et les autorités locales. Il s’appuie sur les actions de l’agence régionale de lutte contre la moustique (ARD) : surveillance entomologique, surveillance épidémiologique et sensibilisation des personnes résidant dans les zones où la présence de moustiques est avérée. Ces opérations s’inscrivent dans le cadre du dispositif de lutte contre la propagation des moustiques Aedes albopictus en France métropolitaine fixé par l’instruction n°1. DGS/VSS1/2019/258 du 12 décembre 2019 et arrêté n°. 2019-258 du 29 mars 2019 relative à la prévention des maladies à transmission vectorielle. Trois arrêtés du 23 juillet 2019 ont précisé les compétences de l’Agence Régionale de Santé ainsi que les modalités de mise en œuvre des missions de surveillance entomologique, d’intervention autour des détections et de la prospection, du traitement et du travail autour des lieux fréquentés par des cas humains de maladies transmises par les moustiques vecteurs et la liste. des départements où l’implantation du moustique tigre constitue une menace pour la santé de la population.
Un risque d’épidémie assez élevé
Les cas de dengue et de chikungunya se sont multipliés ces dernières années en France métropolitaine. Depuis le 1est En janvier 2024, en France métropolitaine, plus de 1 679 cas de dengue ont été importés en France métropolitaine, contre 131 cas sur la même période en 2023. Dans un rapport d’expertise publié le 13 septembre 2024, l’Anses estime que la probabilité d’apparition d’une L’épidémie d’arbovirose, tous virus confondus, dans les cinq prochaines années est assez élevée. La dengue, comme le chikungunya ou le Zika, est une arbovirose, c’est-à-dire une maladie provoquée par un virus transmis par des arthropodes vecteurs. En cas d’épidémie, les moyens de prévention et de contrôle des arbovirus pourraient rapidement être saturés. La prise en charge des arbovirus, qu’ils soient importés ou indigènes, nécessite des moyens matériels, financiers et humains importants. La survenance d’une épidémie pourrait avoir un impact aussi bien sanitaire qu’économique et social, notamment sur les secteurs de la santé et du tourisme, conclut l’Anses.
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