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la vaccination au cœur de la riposte

Contexte épidémiologique du Mpox en RDC

La variole du singe, anciennement connue sous le nom de variole du singe, est une maladie virale qui sévit principalement dans les régions tropicales d’Afrique centrale et occidentale. Il existe deux clades du virus : le clade I (incluant les sous-clades Ia et Ib) et le clade II (incluant les sous-clades IIa et IIb). La RDC est particulièrement touchée par le clade Ib, qui présente un taux de mortalité plus élevé.

L’épidémie actuelle en RDC est en partie attribuée à la médiocrité des infrastructures sanitaires et à la prévalence des contacts étroits entre les humains et les animaux porteurs du virus. En effet, la Mpox est une zoonose, ce qui signifie qu’elle peut se transmettre des animaux à l’homme, notamment par les primates et les rongeurs, dans les zones où les interactions avec ces animaux sont fréquentes, notamment dans les activités comme la chasse et l’élevage. La transmission interhumaine, quant à elle, se fait par contact direct avec des lésions cutanées, des fluides corporels ou des objets contaminés, ce qui rend la gestion de l’épidémie complexe dans les zones à forte densité de population.

Lancement de la vaccination : un soulagement pour la population

En septembre 2024, la RDC a reçu environ 265 000 doses de vaccins, fournies par HERA via Africa CDC, USAID et Gavi, pour tenter d’endiguer cette épidémie. Ces doses ont été distribuées dans 12 zones de santé dont plusieurs sont gravement touchées, dont la province du Nord et du Sud Kivu. Cette dernière est particulièrement vulnérable en raison de sa densité de population et de ses infrastructures sanitaires limitées. La ville d’Uvira, située dans cette province, est l’un des centres névralgiques de la vaccination.

« On nous a dit que le vaccin arriverait et qu’il serait important de se faire vacciner car nous sommes vulnérables. Aujourd’hui, je suis vacciné et ça me rassure. »

Le lancement de cette campagne de vaccination est perçu comme un soulagement pour une population déjà confrontée à plusieurs crises sanitaires, notamment Ebola et Covid-19. Les sites de vaccination ont été rapidement pris d’assaut, notamment par des groupes identifiés comme particulièrement à risque, comme les soignants et certaines communautés exposées à des interactions régulières avec les porteurs du virus.

« Dans notre travail, nous rencontrons beaucoup de personnes. Certains d’entre eux peuvent être atteints par le Mpox et nous contaminer aussi », explique une travailleuse du sexe qui a souhaité rester anonyme à l’hôpital général d’Uvira, après avoir reçu son vaccin. « On nous a dit que le vaccin arriverait et qu’il serait important de se faire vacciner car nous sommes vulnérables. Aujourd’hui, je suis vacciné et ça me rassure. »

Un vaccin attendu, mais des défis logistiques majeurs

Le vaccin utilisé dans cette campagne, de type vivant atténué, est dérivé de celui contre la variole humaine, ce qui en fait une arme efficace contre la Mpox. Les doses restent toutefois insuffisantes compte tenu de l’ampleur de l’épidémie et de la couverture géographique du pays. La distribution des vaccins est particulièrement difficile en RDC, où les infrastructures telles que la chaîne du froid sont souvent en mauvais état, rendant très compliqué l’accès aux populations des zones rurales ou reculées.

Une femme reçoit sa dose de vaccin Mpox lors de la campagne de vaccination en RDC.
Crédit : Ricky Ombeni

Alphonse Mufariji, acteur de la société civile, partage à la fois son soulagement et sa frustration : « Nous sommes heureux que le gouvernement ait pris des mesures pour protéger la population. Il reste encore beaucoup de personnes à vacciner dans les zones difficiles d’accès. Le vaccin est là, mais il faut désormais faire en sorte que tout le monde puisse en bénéficier. »

La réponse des autorités sanitaires et de la communauté internationale

Le gouvernement congolais, avec le soutien de partenaires internationaux tels que l’OMS et le CDC Afrique, a mis en place plusieurs stratégies pour accélérer la réponse à l’épidémie. Outre la vaccination, des campagnes de sensibilisation aux mesures de prévention ont été organisées, notamment dans les zones où l’accès aux soins est limité. Les autorités encouragent la population à limiter les contacts avec les animaux sauvages et à signaler rapidement tout cas suspect.

Le Dr Nanou Yanga, responsable de la vaccination Mpox au sein du Programme élargi de vaccination (PEV), souligne les efforts déployés pour freiner la transmission du virus. « La maladie elle-même sensibilise la population à la nécessité de se protéger. Malheureusement, nous ne disposons pas encore de suffisamment de vaccins pour couvrir tout le monde, c’est pourquoi nous concentrons nos efforts sur la vaccination des populations clés, contacts directs et indirects des personnes infectées, afin de briser la chaîne de transmission. »

« Nous avons surmonté de nombreux défis, de la polio à Ebola en passant par Covid-19. Avec la vaccination et les efforts déployés, nous espérons voir la fin de cette épidémie de Mpox. »

Dans le même temps, les autorités appellent à une mobilisation accrue de la communauté internationale afin d’obtenir des doses supplémentaires et de renforcer les capacités logistiques locales.

Les soignants en première ligne

Les soignants, en première ligne de la lutte contre cette épidémie, sont parmi les premiers à recevoir le vaccin. Beaucoup ont exprimé leur soulagement, mais aussi leur inquiétude face à l’ampleur de l’épidémie. «Récemment, nous avons perdu un collègue infirmier décédé de la Mpox. Sa mort nous a tous choqués », déclare Rachid Ndakundi, président des infirmières d’Uvira. « Avec le vaccin, nous nous sentons mieux protégés, mais il est crucial que tout le personnel de santé soit vacciné rapidement pour éviter de nouvelles pertes. »

Imani Nakagoje, une autre infirmière travaillant dans un centre de traitement Mpox à Uvira, déclare : « Lorsque l’épidémie a commencé, nous ne savions pas comment traiter les patients sans mettre nos vies en danger. Maintenant que le vaccin est là, nous avons l’espoir de pouvoir contenir la situation, comme cela a été le cas pour le COVID-19. »

Stratégies interdisciplinaires pour atteindre les populations à risque

A Uvira, comme dans d’autres zones touchées, les équipes du Programme Elargi de Vaccination sont déployées auprès des populations cibles, malgré des quantités de doses limitées. « Nous avons huit équipes sur le site de vaccination, chargées de couvrir toute la zone de santé en identifiant les personnes à risque. En plus d’accueillir ceux qui viennent au centre de santé pour se faire vacciner, nos équipes se déplacent dans des endroits où les populations cibles sont plus importantes », explique le Dr Nimi Panzu, médecin-chef de la zone d’Uvira.

Pour renforcer leur approche, des stratégies interdisciplinaires ont été mises en œuvre pour rejoindre l’ensemble de la population ciblée. Dr Nanou précise : « Dans le cadre de cette campagne, nous avons profité des structures du Programme National de Lutte contre le Sida et du Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida pour mieux atteindre nos objectifs. Nous travaillons également le programme de santé animale pour atteindre d’autres groupes vulnérables, tels que les éleveurs, les pêcheurs, les chasseurs et les écogardes. »

Une lutte au long cours contre Mpox

Mpox est désormais classée comme urgence de santé publique de portée internationale par l’OMS et comme menace prioritaire par Africa CDC et Gavi, ce qui implique que la lutte contre cette maladie ne se limite pas à une simple réponse réactive. La RDC, avec le soutien de ses partenaires internationaux, espère acquérir d’autres doses de vaccins et renforcer ses capacités de surveillance épidémiologique pour contenir l’épidémie à long terme.

En attendant, les populations touchées gardent espoir. « Nous avons surmonté de nombreux défis, de la polio à Ebola en passant par Covid-19. Avec la vaccination et les efforts déployés, nous espérons voir la fin de cette épidémie de Mpox », conclut un habitant d’Uvira.

Unir les efforts pour une coordination continentale efficace et durable : l’implication de Gavi

Alors que l’épidémie de Mpox fait rage en Afrique centrale et occidentale, Gavi, l’Alliance du Vaccin, soutient la réponse continentale en déployant du personnel sur le terrain, que ce soit au niveau de la coordination globale de la réponse ou directement en RDC, pour unir les efforts des différents acteurs et soutenir la réponse. Pour le Dr Marthe Sylvie Elouma Essengue, directrice régionale Afrique centrale et occidentale de Gavi, cette approche vise autant à gérer la crise actuelle qu’à contribuer à construire des systèmes de santé résilients, capables de faire face aux futures épidémies : « C’est la première fois que Gavi a déployé du personnel pour une réponse directe. Cela nous permet de travailler plus efficacement avec d’autres partenaires et de renforcer une réponse rapide, complémentaire et adaptée aux besoins locaux, qui évoluent en fonction de l’évolution de l’épidémie. »

L’un des piliers de cette résilience est le renforcement de la surveillance épidémiologique et l’implication des acteurs communautaires dans la surveillance, la détection des cas et leur suivi. En RDC, Gavi contribue à l’amélioration du système d’information sanitaire en fournissant au niveau infranational des outils numériques, permettant une collecte et une communication plus rapides des informations ainsi qu’une recherche des contacts. « Améliorer la collecte de données de qualité est essentiel pour réagir efficacement, interrompre la transmission et prévenir de futures crises », a déclaré Cyril Nogier, responsable pays de Gavi pour la RDC.

L’engagement communautaire est également au cœur de cette stratégie intégrée. Gavi soutient les agents de santé locaux, qui jouent un rôle clé, à la fois dans la réponse aux épidémies et dans la vaccination systématique visant à atteindre zéro dose chez les enfants. « Ce renforcement de l’engagement communautaire, s’il fonctionne en temps normal et lors d’épidémies, contribue à renforcer la résilience des systèmes de santé », précise-t-il.

Enfin, tout en soutenant la vaccination qui contribue à interrompre l’épidémie, Gavi s’intéresse également à la continuité des services de vaccination pendant la réponse à l’épidémie de Mpox. Des efforts ont été déployés ces dernières années par Gavi et d’autres partenaires, dont la Banque mondiale, pour renforcer la chaîne du froid afin de permettre les activités de routine et les campagnes de vaccination en cours. « Il est crucial que les autres services de santé essentiels ne soient pas sacrifiés », estime Cyril Nogier.

En coordonnant ses actions avec les partenaires régionaux de santé tels que l’OMS, le CDC Afrique, l’UNICEF, le Fonds mondial, la Banque africaine de développement, le Programme alimentaire mondial, l’Office international des migrations, Médecins sans frontières et d’autres partenaires, Gavi veut profiter de l’opportunité de cette épidémie de Mpox. construire des systèmes de santé plus solides dans les pays qui sont mieux préparés à répondre aux futures urgences sanitaires.


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