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Non, l’OMS n’a pas admis que le mpox était un « effet secondaire du vaccin Covid »

Capture d’écran d’une publication trompeuse prise sur X le 17/10/2024, croix rouge ajoutée par l’AFP

Publications en français lien vers un article publié sur le site «Front Nouvelles», qui propose du contenu en plusieurs langues (dont l’arabe, le bulgare, le néerlandais et le français) sur des sujets récurrents des théories du complot comme «Grande réinitialisation” (ou “Grande réinitialisation” En anglais). Cette dernière tire son nom d’une initiative du Forum économique mondial visant à relancer l’économie mondiale perturbée par la pandémie, mais se retrouve dans le viseur des théoriciens du complot qui affirment qu’elle a pour but caché de réduire les populations, comme l’a déjà rapporté l’AFP. (lien archivé ici).

L’article de «Front Nouvelles« cite comme Source une entrée publiée sur le site anglais »Nouvelles de Tuer», également déjà pointé du doigt par l’AFP pour avoir diffusé des allégations trompeuses (comme ici et ici).

Les affirmations de l’article sont fausses : l’OMS a démenti auprès de l’AFP avoir fait une telle déclaration, et la prétendue démonstration repose sur une interprétation trompeuse du fonctionnement d’un site répertoriant des données de pharmacovigilance. La rumeur selon laquelle le mpox serait un effet secondaire du vaccin anti-Covid est également ancienne et infondée, et a déjà été vérifiée à plusieurs reprises par l’AFP.

Une interprétation trompeuse des données de pharmacovigilance

Comme prétendue preuve, les articles font référence à «le site VigiAccess de l’OMS», qui répertorie les effets secondaires potentiels signalés pour certains médicaments.

En se rendant sur ce site (lien archivé ici), depuis la page d’accueil, l’internaute est averti que «VigiAccess est destiné à être utilisé comme point de départ pour les personnes souhaitant en savoir plus sur les types effets secondaires potentiels signalés suite à l’utilisation de médicaments. Cependant, VigiAccess ne peut pas être utilisé pour confirmer un lien entre un effet secondaire suspecté et un médicament.« .

Il est également clairement indiqué que «les informations sur ce site sont liées aux effets secondaires potentiel ; c’est-à-dire les symptômes et autres situations observés après l’utilisation d’un médicament, mais qui peuvent ou non être provoqués par ce produit« .

C’est pourquoi, indique le site : «les informations contenues dans VigiAccess ne doivent pas être interprétées comme signifiant qu’un médicament ou l’un de ses principes actifs a provoqué l’effet observé ou est dangereux.“, voiture “la confirmation d’un lien de causalité est un processus complexe qui nécessite une évaluation scientifique rigoureuse et une évaluation détaillée de toutes les données disponibles« .

Les informations présentes sur ce site ne reflètent donc aucun lien confirmé entre un médicament et un effet secondaire.», est-il clairement souligné.

Capture d’écran réalisée sur le site VigiAccess le 17/10/2024

Toute personne souhaitant ensuite interroger la base de données doit cocher une case confirmant avoir «lu et compriss” ces avertissements avant de pouvoir accéder au reste du site.

Capture d’écran réalisée sur le site VigiAccess le 17/10/2024

L’article trompeur de «Front Nouvelles» ne précise cependant pas tout cela, et indique simplement que VigiAccess «contient une base de données de tous les effets secondaires connus de tous les médicaments et vaccins approuvés pour un usage public“, et ça “Parmi les « effets secondaires possibles » du vaccin Pfizer-BioNTech contre la COVID-19, l’OMS liste la « variole du singe », la « varicelle » et la « variole de la vache » parmi des centaines d’autres affections.», diffusant une capture d’écran prise sur le site.

Il est fait mention de plusieurs effets secondaires potentiels signalés, notamment «variole du singe« (nom anglais de mpox), avec la mention de «6« cas d’effets secondaires potentiels signalés.

En interrogeant la base de données sur les effets secondaires du vaccin anti-Covid de Pfizer et BioNTech (qui apparaît sous le nom « Vaccin Pfizer BioNTech COVID-19 »), l’AFP a constaté qu’il y avait, au 17 octobre 2024, «5 761 262 rapports d’effets secondaires possibles« .

La catégorie d’effets potentiels rapportés la plus représentée est celle de «troubles généraux et effets secondaires au site d’administration» (ce qui représente 26 % des signalements, soit 3 405 787 cas potentiels déclarés). Il s’agit notamment de la fièvre (1 029 038 cas signalés), de la fatigue (840 891 cas signalés), des frissons (604 450 cas signalés), des malaises (411 946 cas signalés) ou des douleurs au site d’injection (704 555 cas signalés).

LE “infections et infestations» représentent 5% (soit 653 293) des cas potentiels déclarés. C’est dans cette catégorie qu’apparaissent les six cas signalés de mpox. Ils figurent en bas d’une longue liste regroupant de nombreuses infections, dont le Covid, ou du «soupçons de Covid», grippe, pneumonie, bronchite.

Capture d’écran réalisée sur le site VigiAccess, 17/10/2024, encadré ajouté par l’AFP

Au-delà du fait que cette base de données n’a pas pour vocation de rapporter les effets secondaires avérés, six cas potentiels rapportés sur plus de 5 700 000 représentent donc un chiffre dérisoire. Il est donc d’autant plus trompeur de prétendre en citant ces données qu’elles pourraient permettre de certifier que le mpox est un effet secondaire du vaccin anti-Covid.

Les articles de «Front Nouvelles” et “Nouvelles secrètes“sont”inventions sans fondement», a confirmé à l’AFP un porte-parole de l’OMS le 16 octobre 2024, rappelant que «le mot « potentiel » signifie que les effets secondaires mentionnés peuvent potentiellement apparaître, mais pas nécessairement.“et ça”ce qui est également important ici, c’est le mot « signalé »», ce qui signifie que les données visibles sur VigiAccess sont basées sur les rapports nationaux de pharmacovigilance.

Cependant, ces centres de pharmacovigilance n’utilisent pas tous les mêmes méthodologies pour collecter les données, et certains s’appuient sur un reporting basé sur des déclarations, potentiellement sujettes à biais.

Ce n’est pas la première fois qu’une base de données de pharmacovigilance est utilisée de manière trompeuse pour prétendre surestimer les effets secondaires liés aux vaccins anti-Covid. Dès 2022, l’AFP a vérifié plusieurs allégations trompeuses sur les bases de données de pharmacovigilance américaine et européenne.

Répéter d’anciens commentaires trompeurs

Les articles poursuivent leur démonstration fallacieuse en affirmant que le lien entre vaccin anti-Covid et mpox avait déjà été révélé par un médecin allemand, Wolfgang Wodarg, qui a diffusé d’autres fausses informations sur les vaccins contre le Covid déjà vérifiées par l’AFP.

Dans un extrait vidéo devenu viral en août 2024 et d’une interview de 45 minutes diffusée par la chaîne d’extrême droite autrichienne « Auf 1 » réalisée en juin 2022, il a assuré que ce qui est décrit comme du mpox ne serait en réalité qu’un “zone simple“, “effet secondaire des vaccins anti-Covid» (lien archivé ici).

Mais ces commentaires sont fallacieux : déjà, le mpox n’a rien à voir avec le zona car les virus sont tout à fait distincts, expliquaient à l’AFP plusieurs spécialistes en août 2024 et juin 2022. Par ailleurs, le lien de causalité présumé par Wolfgang Wodarg entre le zona et le vaccin Covid a n’a pas été établie avec certitude.

Comme le rappelle dans ce document de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), daté d’août 2023, «l’autorité européenne n’a pas identifié de lien entre la survenance de cet événement [NDLR, le zona] et le vaccin» (lien archivé ici).

Cet article de l’International Journal of Medicine conclut également que si des études ont trouvé un risque accru de réactivation du zona après la vaccination contre le Covid, d’autres travaux n’ont pas observé la même augmentation du risque (lien archivé ici).

Par ailleurs, aucun lien n’a été établi entre le vaccin Covid et le mpox, apparu bien avant la crise sanitaire liée au coronavirus.

Qu’est-ce que mpox ?

Mpox, anciennement appelée Monkeypox, est une maladie infectieuse transmissible liée à un virus, de la famille des poxvirus (lien archivé ici). Son nom a été modifié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en novembre 2022, la terminologie «variole du singe» donnant lieu à une stigmatisation raciste et homophobe, principalement en Afrique (lien archivé ici).

La maladie a été identifiée pour la première fois en 1970 en République Démocratique du Congo (RDC) et est longtemps restée confinée à ce pays et aux territoires voisins. Mais en 2022, elle commence à se propager au reste du monde avec près de 100 000 cas.

Ce virus se caractérise par «une éruption cutanée qui peut durer de deux à quatre semaines“, similaire “ampoules ou plaies», qui peut être accompagné notamment «fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, maux de dos» indique l’OMS sur son site Internet (lien archivé ici).

Les virus dits mpox sont classés en deux grandes familles : le clade 1, le plus virulent, et le clade 2.

Présentation des clades ou sous-clades mpox 1a, 1b et 2

Nalini LEPETIT-CHELLASabrina BLANCHARDAFP

En 2024, une nouvelle poussée épidémique touche principalement la RDC, avec, cette fois, deux épidémies concomitantes : l’une provoquée par le «clade 1“, affectant principalement les enfants, et l’autre en raison de l’émergence d’un nouveau sous-groupe”,clade 1b», affectant particulièrement les adultes de l’Est de la RDC et, dans une moindre mesure, des pays voisins : Ouganda, Rwanda, Burundi et Kenya.

L’augmentation des cas a incité l’OMS à déclarer une urgence mondiale de santé publique le 14 août 2024 (archivé ici). L’OMS avait déjà pris une telle décision en 2022 lorsqu’une épidémie de mpox, alors véhiculée par le clade 2b, s’est propagée à travers le monde. L’alerte a été levée en mai 2023.

La RDC est de loin le pays le plus touché : depuis janvier, plus de 30 000 cas de mpox et quelque 990 décès ont été enregistrés par les autorités du pays, avec une mortalité accrue chez les enfants, selon les derniers chiffres donnés par le ministre. de la santé du pays.

Selon un rapport global publié le 3 octobre par Africa CDC (agence sanitaire de l’Union africaine), plus de 34 000 cas ont été enregistrés en Afrique depuis le début de l’année (lien archivé ici).

La toute première campagne de vaccination en Afrique a débuté au Rwanda le 17 septembre. La RDC a démarré sa campagne de vaccination le 5 octobre, après avoir reçu 265 000 doses de vaccins de l’Union européenne et des États-Unis.

L’épidémie de mpox fait également l’objet de nombreuses désinformations. L’AFP a déjà réfuté les affirmations fausses ou trompeuses à ce sujet comme ici, ici ou ici.

 
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