(AFP) – La dangerosité, la violence et la double personnalité sont encore largement et à tort associées à la schizophrénie, l’une des maladies mentales les plus graves. Professionnels de santé, associations, artistes et patients œuvrent pour mettre fin à ces idées fausses qui pèsent sur la santé des patients.
La schizophrénie se manifeste par des troubles importants de la perception de la réalité – notamment des hallucinations – par une désorganisation de la pensée, qui se traduit par un discours confus ou une agitation extrême, ou par une absence d’émotions ou de capacité d’aller vers l’autre pouvant conduire à l’isolement.
La maladie peut prendre des formes très différentes d’un individu à l’autre. Elle s’accompagne d’un risque de décès prématurés deux à trois fois plus élevé que dans la population générale, dus à des troubles somatiques, cardiovasculaires, métaboliques ou infectieux, et d’un taux de suicide élevé, de 5 à 10 %.
Certains médecins, patients, leurs proches et associations travaillant avec eux dénoncent également un environnement néfaste, façonné par une image très négative de la maladie qui pèse lourdement sur l’esprit des patients.
Lorsque des « diagnostics » sont annoncés, « beaucoup de gens sont dévastés », déplore la psychiatre Jasmina Mallet qui constate que les patients « s’auto-stigmatisent » en pensant « qu’une personne qui souffre de schizophrénie est forcément violente » ou « va forcément échouer dans sa vie ».
– Stigmatisation –
C’est contre cette « stigmatisation » des personnes atteintes de schizophrénie, près de 600 000 en France, selon l’Assurance maladie, que veut œuvrer le festival Pop & Psy, qui s’ouvre vendredi jusqu’à dimanche.
Pour sa troisième édition sous le haut patronage de la comédienne Judith Godrèche, ce festival cofondé par le psychiatre Jean-Victor Blanc et la journaliste Florence Tredez, lui consacre une table ronde.
Cette pathologie reste « stigmatisée » et « associée à des violences », regrette Jean-Victor Blanc.
“C’est une idée que les gens se font des choses qu’ils voient, qu’ils entendent” et ce “dans toutes les couches de la société”, observe aussi Jean-Christophe Leroy, directeur de Positive Minders, une association franco-suisse dédiée à la sensibilisation à la santé mentale. problèmes.
Selon une étude réalisée par Opinion Way pour l’association, encore trois Français sur quatre confondent schizophrénie et dédoublement de personnalité et l’associent à la dangerosité.
Pour Positive Minders, la culture peut néanmoins être « un moteur de déstigmatisation ».
Le rappeur Gringe s’exprimait publiquement il y a quatre ans sur la schizophrénie de son petit frère, dans son livre « Ensemble, on aboie en silence ».
Il est également le parrain de l’association La Maison perchée, où des bénévoles, eux-mêmes atteints de troubles graves, accueillent des jeunes malades.
“Ils sont capables de parler le bon langage à ces jeunes qui peuvent être désemparés”, explique-t-il à l’AFP.
– « Récupération possible » –
Chez les nouvelles générations, la chanteuse Emma Peters, nominée aux Victoires de la Musique 2023, consacre une chanson de son nouvel album à « Juliette », une personne atteinte de schizophrénie, pour raconter « le monde à travers ses yeux ».
La schizophrénie est principalement traitée avec des médicaments. Même s’il n’existe aujourd’hui aucun remède contre cette maladie, un patient sur trois mène une vie normale avec un traitement approprié. Un traitement psychothérapeutique est souvent recommandé.
Donner « de l’espoir » et montrer que la « guérison » est possible, qu’« on peut s’en sortir » : voilà ce que veut apporter David Martinelli, lui-même atteint de schizophrénie et traversant des « moments difficiles ».
Il décide de devenir « pair médiateur de santé », diplôme réservé aux personnes elles-mêmes atteintes d’un trouble, pour lequel il passe son permis à 41 ans, et travaille à l’établissement de santé psychique de Rueil-Malmaison (Haut-de-France). Seine).
Jardinier dans une précédente carrière, son rôle est désormais de « soutenir l’équipe soignante » en apportant « un regard complémentaire » et en agissant comme intermédiaire entre les patients et les soignants.
A ses yeux, faire un parcours « assez traumatisant », parsemé d’hospitalisations, « parfois de force », « quelque chose d’utile pour les autres, donne de la cohérence ».
“Si (…) ça aide, finalement, je n’ai pas vécu ça pour rien.”
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