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« Face au cancer, protéger la portée de certains messages »

L’ESSENTIEL

  • Une campagne de sensibilisation sur le rôle des soignants a lieu durant le mois d’octobre.
  • Nicolas, qui accompagnait sa femme atteinte d’un cancer du sein, raconte comment ils ont géré ensemble la chute de cheveux liée aux traitements.
  • Pour lui, le rôle du soignant doit aussi intégrer la manière dont le patient perçoit le regard de la personne qui l’accompagne.

Devenir aide-soignante lorsque sa femme apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein : c’est une question que le conjoint ne se pose pas en ces termes. D’abord parce qu’accompagner le patient lui semble naturel. Et aussi et surtout parce que la maladie ne reflète pas l’image que l’on se fait du handicap, de la détérioration physique ou de la perte d’autonomie qui accompagnent d’autres maladies et qui nécessitent un accompagnement constant. Car en fait, on ne comprend pas toujours à quel point l’annonce et le traitement du cancer peuvent être débilitants.

Et pourtant… : « Toutes les études montrent que le soutien familial est le déterminant le plus important des syndromes anxieux-dépressifs chez les patients, il faut vraiment impliquer la famille autant que possible »rappelle le professeur Mahasti Saghatchian, oncologue spécialisé dans le cancer du sein.

« Soyez présent à toutes les étapes »

Pour Nicolas, 47 ans aujourd’hui, c’est très spontanément qu’il s’est placé, après l’annonce du cancer de son épouse Laure, « dans une perspective qui était celle de l’accompagner, de savoir ce qu’il fallait faire, d’être présente dans toutes ces étapes à un moment où elle n’était pas forcément capable d’intégrer toutes les informations qui lui étaient fournies, y compris, dans le visage du cancer, en lui donnant la portée de certains messages ».

« L’importance de la présence de l’aidant réside aussi dans sa capacité à ne pas se laisser envahir par le mot cancer »il explique. Y compris lorsque les traitements provoquent ce qui reste une marque indissociable de la maladie, la chute des cheveux. “Quand nous avons commencé à parler avec Laure de la possibilité de porter une perruque, nous sommes allés ensemble à un rendez-vous dans un lieu surprenant, dans un très bel immeuble, un lieu un peu étranger à cette pathologie, pour choisir quels cheveux, quelle coupe, quelle c’était une manière d’intégrer ce qui allait se passer mais aussi de vivre autre chose que l’hôpital qu’on fréquentait déjà pas mal »dit Nicolas.

Au cœur du rôle de l’aidant, le regard du malade

Mais surtout, lui et sa femme ont choisi de partager véritablement cette conséquence toujours considérée comme psychologiquement très douloureuse de la chimiothérapie. « Nous voulions éviter que Laure se retrouve avec les cheveux qui tombent et se retrouve seule à ce moment-là ». Le couple prend alors une décision radicale : raccourcir volontairement ce qui reste de cheveux du patient, pour accélérer cette inévitable transformation physique. “Nous avons fait ça ensemble, en essayant de le faire de manière assez vivante, presque drôle.”

Presque une anecdote dans l’épreuve qu’ils ont partagée mais qui renvoie, concernant le rôle de l’aidant, notamment lorsqu’il s’agit d’un conjoint, au sujet non négligeable du regard que l’on porte sur le malade. “La question de sa féminité que ma femme pouvait retrouver à travers mon regard s’est un instant remise en question… même si elle restait en fait très loin de mes priorités »reconnaît Nicolas.

 
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