Le cancer du sein chez les femmes de moins de 40 ans reste rare. Cette maladie est multifactorielle, avec des facteurs de risque suspectés.
Cancer du sein : quelles femmes sont les plus touchées, est-ce rare avant 40 ans ?
Environ 61 000 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués en 2023. L’âge médian du diagnostic est de 64 ans. “Environ 5% de ces femmes avaient moins de 40 ansrévèle le Dr Emmanuelle Mouret-Fourme, médecin spécialiste en oncogénétique et épidémiologie à l’Institut Curie. Cela représente environ 3 000 femmes de moins de 40 ans touchées par le cancer du sein.
Le cancer du sein est donc plutôt rare chez les femmes jeunes, avant 40 ans. Notre expert précise cependant que l’incidence du cancer du sein a légèrement augmenté ces dernières années, y compris chez les personnes plus jeunes. “L’incidence a légèrement augmenté comme dans les autres groupes d’âge depuis 2000. Les raisons de cette récente augmentation restent encore inconnues ou hypothétiques. Ce que nous savons, c’est que plus une masse mammaire est détectée tôt, autopalpation ou par examen clinique, plus le cancer est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérir la maladie sont élevées
Quelles sont les causes du cancer du sein avant 40 ans ? Quelles sont les femmes les plus touchées ?
Les causes de la survenue du cancer du sein chez les jeunes femmes ne sont pas encore élucidées. Le niveau de preuve scientifique reste souvent insuffisant. « Cependant, nous connaissons les facteurs de risque les plus importants. Pour d’autres, on ne peut, à ce jour, que les soupçonner.»
Les facteurs de risque peuvent être regroupés en 3 catégories : les facteurs individuels, les facteurs comportementaux et les facteurs environnementaux. Ces facteurs de risque ne sont pas spécifiques aux femmes de moins de 40 ans. Ils sont communs à toutes les tranches d’âge.
Cancer du sein et facteurs de risque individuels
Âge
L’âge est le principal facteur de risque de cancer : plus on vieillit, plus le risque augmente, notamment après la ménopause. Environ 80 % des femmes touchées par un cancer du sein ont plus de 50 ans.
Histoire familiale et personnelle
« Les facteurs de risque les plus importants que nous connaissons à ce jour sont les facteurs génétiques. » Or, les prédispositions héréditaires sont responsables d’environ 5 à 10 % de l’ensemble des cancers du sein. Ces prédispositions génétiques peuvent favoriser l’apparition de la maladie à un âge plus précoce. Aussi, les femmes touchées par ces prédispositions génétiques, notamment associées aux gènes BRCA1 ou BRCA2, bénéficient d’un suivi qu’il est recommandé de débuter dès le plus jeune âge.
Les prédispositions héréditaires au cancer du sein ne sont pas responsable de l’augmentation de l’incidence du cancer du sein.
Facteurs hormonaux
L’exposition aux hormones naturelles constitue également un facteur de risque modéré mais avéré. Il s’agit notamment de l’apparition des règles avant l’âge de 11 ans ou d’une ménopause tardive, qui peuvent augmenter modérément le risque. L’âge tardif de la première grossesse, qui oscille autour de 30 ans contre 25 ans dans les années 2000, serait également un facteur de risque modéré. Un lien est également possible entre le risque de cancer du sein et le traitement hormonal substitutif pour la ménopause.
Origine du cancer du sein et mode de vie
- La consommation régulière d’alcool et de tabac augmente le risque de cancer du sein. Aucun alcool n’est moins risqué qu’un autre. Tout comme l’alcool, le tabac et les drogues sont des facteurs avérés qui augmentent le risque.
- Une alimentation déséquilibrée (restauration rapide, quantité insuffisante de fibres alimentaires) joue également un rôle.
- Le surpoids et l’obésité sont également des facteurs de risque de survenue de nombreuses maladies et cancers, dont le cancer du sein.
- Un mode de vie sédentaire est également reconnu comme un facteur de risque de cancer du sein.
Les facteurs ci-dessus sont dits « modifiables » en changeant nos habitudes de vie. Ces facteurs sont également des facteurs de risque pour d’autres pathologies, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, donc en les modifiant on contribue à réduire les risques futurs de plusieurs pathologies.
Antécédents personnels et facteurs de risque environnementaux
L’exposition médicale aux rayons ionisants nécessite une surveillance spécifique des patients. L’une des indications les plus fréquentes de ce suivi médical est la radiothérapie pour traiter la maladie de Hodgkin. Le risque de cancer du sein est augmenté chez les femmes ayant reçu ce traitement avant l’âge de 30 ans. Une surveillance spécifique est recommandée dans ce contexte particulier.
Facteurs de risque suspectés : alimentation, pollution, perturbateurs endocriniens…
Comme pour tous les types de cancer, certains facteurs pourraient augmenter le risque, notamment le cancer du sein :
Sédentarité, tabagisme, grossesse tardive… Ces facteurs de risque sont faibles si on les prend un à un. Leur impact sur l’épidémiologie et notamment sur l’évolution de l’incidence chez les jeunes femmes en France reste à démontrer.
“Il faut améliorer nos connaissances pour savoir si des combinaisons de facteurs pourraient expliquer cette situation épidémiologique”, estime le Dr Mouret-Fourme. Chez certaines femmes qui les combinent, le risque individuel pourrait en effet être majoré, et peut-être précocement, mais cela reste incertain. Cependant, la prévention primaire reste essentielle afin de préserver la santé globale, en réduisant ces facteurs de risque, également impliqués dans le diabète, les maladies cardiovasculaires et autres cancers.
Certaines maladies (le syndrome métabolique par exemple) et certains cancers (dont le cancer du sein) sont souvent multifactoriels.
A quel âge peut-on avoir un cancer du sein ?
“Le cancer du sein est rare avant 30 ans”, explique le Dr Mouret-Fourme.
Projets en cours : recherche sur cette maladie chez la femme avant 40 ans
Une incidence croissante, une mortalité décroissante et un meilleur pronostic
Si l’incidence augmente dans toutes les tranches d’âge, le pronostic du cancer du sein s’améliore, avec un taux de mortalité qui a diminué sur la même période, depuis 1990. “Cette amélioration témoigne des progrès thérapeutiques et des actions de dépistage”.
Améliorer le dépistage chez les jeunes femmes
« Cependant, des inconnues demeurent concernant les causes du cancer du sein chez les jeunes femmes et les raisons de l’augmentation de l’incidence en général et chez les jeunes femmes. L’un des enjeux de l’Institut Curie est de mieux comprendre la cancérogenèse », poursuit le docteur. « C’est pourquoi nous venons d’inaugurer leInstitut du cancer des femmesdirigé par le Professeur Anne Vincent-Salomon, avec une partie des travaux de recherche qui portera, entre autres, sur ces aspects. Nous souhaitons redoubler d’efforts pour mieux comprendre et quantifier l’impact des hormones et des perturbateurs endocriniens chez les femmes. Ces projets d’études ambitieux permettront de commencer à mieux comprendre la maladie, à mieux la prendre en charge, à améliorer les méthodes de dépistage et à mener des actions plus ciblées », conclut notre interlocuteur.
M-FR-00012499 – 1.0 – Créé en octobre 2024
Related News :