Ce sont des effets invisibles et surtout très peu connus du cancer. Ou plus précisément leurs différents traitements. Mais un programme d’exercices en ligne existe, accessible partout en France, pour y remédier.
Véronique Gérat-Muller donne une conférence, jeudi 10 octobre, à 20 heures, à l’Alliage à Olivet (Loiret). Son thème : « Comprendre les effets invisibles des soins contre le cancer ».
Ce docteur en psychologie, spécialisé dans les soins de support en oncologie, basé à Bordeaux, est également directeur recherche et développement d’OnCOGITE. Elle présente cette association et le cours de remédiation cognitive qu’elle a mis en place.
Qu’est-ce qu’OnCOGITE et à qui s’adresse-t-il ?
« C’est une association d’intérêt général créée en 2019. Elle propose des soins pour les troubles cognitifs liés aux traitements oncologiques, quel que soit le cancer. J’ai créé cette méthode pour les patients car ils n’étaient pas aidés pour ces troubles. Des recherches sont en cours pour fonder cette méthode sur des preuves.
De quels troubles parle-t-on concrètement ?
« Il s’agit de troubles de l’attention, du langage, de la mémoire, de la concentration mais aussi de l’organisation et de la planification. Passer d’une tâche à une autre peut être compliqué. Ces troubles peuvent apparaître soit dès l’annonce d’un cancer, soit au début de traitements lourds, soit même après car les effets secondaires de la chimio sont énormes et on n’avait pas connaissance de ces troubles cognitifs.
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Ils ont longtemps été sous-estimés, voire méconnus.
Oui car le médecin s’intéresse d’abord à l’efficacité du traitement. Sauver le patient est la chose la plus importante. Mais grâce aux progrès de la médecine, les malades ont repris le travail. Beaucoup sont fatigués, déprimés… Mais c’est seulement dans les années 1990 qu’on a commencé à faire le lien avec les traitements, qu’il y a eu des recherches sur le « brouillard cognitif » après une chimiothérapie lourde, notamment.
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Quels traitements sont particulièrement responsables de ces troubles ?
« Ce n’est pas seulement une question de chimio. L’effet d’annonce, avec sa charge émotionnelle, peut aussi jouer un rôle. Tout comme l’effet inflammatoire de la maladie elle-même. L’immunothérapie, la radiothérapie notamment au niveau cérébral et l’hormonothérapie sont également à l’origine de ce « brouillard cognitif ». On estime qu’elle touche un patient sur deux. Elle n’est pas facile à repérer car elle est souvent confondue avec d’autres pathologies.
En quoi consiste votre programme et quels sont ses effets bénéfiques ?
« Ce sont des exercices vidéo, toujours animés par un neuropsychologue et ouverts à tous. Vous pouvez commencer à tout moment de l’année, il n’y a pas de « niveau » à avoir, le neuropsychologue s’adapte à chacun dans le groupe. Le but est d’apprendre aux neurones endommagés à se recréer, à se reconnecter. C’est de l’aérobic neuronal ! On joue sur la plasticité du cerveau pour redonner confiance en soi.
Le programme recommande de faire 22 séances. Il n’y a rien de magique, il faut venir chaque semaine. Le plus souvent, après 15 séances, les gens ont déjà bien récupéré. Il est également possible de faire des exercices à la maison via la plateforme. Les séances ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale, le patient paie une cotisation de 20 euros. La Ligue contre le cancer a conclu un partenariat pour financer ces formations.
Commentaires recueillis par Marie Guibal
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