Voici tout ce que vous devez savoir sur la maladie thromboembolique veineuse

Pourquoi docteur – quelles sont vos fonctions actuelles ?

François Couturaud – Je suis actuellement pneumologue au CHU de Brest. Je suis également coordinatrice du réseau F-CRIN “NNOVTE” et le projet MORPHEUS.

Qu’est-ce que la maladie thromboembolique veineuse (TEV) ?

La maladie thromboembolique veineuse (TEV) comprend les thromboses veineuses superficielles ou profondes et les embolies pulmonaires.

Combien de personnes sont touchées par la maladie thromboembolique veineuse en France ?

Elle touche 50 000 à 150 000 personnes et est responsable de 5 000 à 10 000 décès chaque année. Elle constitue un problème de santé publique majeur compte tenu de sa fréquence (incidence annuelle 1/1 000 habitants) et de sa gravité (mortalité de 10 % à 3 mois).

Existe-t-il des chiffres européens ?

Oui, la maladie thromboembolique veineuse représente la troisième cause de mortalité cardiovasculaire en Europe.

Quelles sont les causes de la thromboembolie veineuse ?

Il existe plusieurs facteurs de risque comme le cancer, la prise d’une pilule contraceptive, la grossesse, l’immobilisation, la chirurgie, l’hospitalisation pour COVID-19, l’hérédité… Mais dans plus de la moitié des cas, la TEV survient en l’absence de cause détectable, c’est-à-dire sans facteur déclenchant identifié. On parle alors d’un « TEV non provoquée ».

Qu’implique une TEV non provoquée ?

Les patients dans cette situation ont un risque de récidive plus important que les autres (35 % de récidive sur 5 ans de suivi après l’épisode initial).

Quels sont les traitements de la thromboembolie veineuse non provoquée ?

Les traitements contre la TEV non provoquée sont des anticoagulants qui fluidifient le sang et sont administrés pendant au moins 3 à 6 mois. Ces produits sont très efficaces pour dissoudre les caillots, mais lorsqu’ils sont utilisés sur une longue période, ils peuvent provoquer des saignements avec un risque toujours croissant (+2% par an).

Il est donc plus que jamais nécessaire de développer des outils permettant de distinguer précisément les patients qui présentent un risque de récidive très élevé et nécessitent la poursuite du traitement de ceux qui ne présentent pas ce risque. Cela éviterait d’exposer les individus à un risque élevé de saignement alors qu’ils ne récidiveraient pas sans traitement.

Quel est l’objectif du projet MORPHEUS, axé sur les maladies thromboemboliques veineuses ?

Pour la première fois au monde, une étude à grande échelle financée par l’Union européenne permettra de développer un outil prédictif destiné à identifier les patients à risque de récidive.

Dans la première phase de construction de l’outil, le projet MORPHEUS inclura 20 000 patients pour les données cliniques, 10 000 pour les données biologiques et 5 000 pour les données d’imagerie. Dans la deuxième phase de validation de l’outil, un essai clinique sera réalisé sur 2 400 personnes issues de 40 centres hospitaliers européens.