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« Le cancer du sein bénéficiera de thérapies de plus en plus ciblées, au cas par cas »

Le docteur Maxime Brunet, oncologue du sein, travaille à l’institut Bergonié de Bordeaux, où il inclut des patientes dans des essais de phase précoce pour tester de nouvelles molécules. « Faire le point sur les thérapies d’avenir dans le domaine du cancer du sein, bien sûr, commence-t-il, mais je voudrais surtout rappeler un message essentiel : en France, contre toute attente, la culture du dépistage n’est pas suffisamment développée, puisque moins de 50% des femmes y adhèrent. Pourtant, pris à un stade précoce, localisé par une mammographie ou une échographie, plus de 80 % des cancers du sein seront guéris. Le diagnostic précoce constitue un défi majeur. »

Selon l’Institut national du cancer, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein a presque doublé entre 1990 et 2018, soit une augmentation de + 1,1 % par an en moyenne, ce qui justifie que le phénomène soit qualifié d’épidémie. . Parallèlement, grâce aux dons, aux mobilisations diverses et à la sensibilisation du grand public, les travaux de recherche ont évolué dans le bon sens. Les thérapies deviennent moins dommageables, invalidantes et invasives. Ce que reconnaît le docteur Maxime Brunet : « Pour commencer, on différencie les catégories de cancers, ceux que l’on dit localisés, ont généralement un meilleur pronostic, car détectés tôt, ils peuvent être guéris. En revanche, les cancers du sein métastatiques posent plus de problèmes. Il faut parvenir à contrôler la maladie, à la stabiliser, mais en général, les patients seront soumis à des thérapies pour le reste de leur vie. »

Moins de chimio, plus d’immunothérapie

Depuis une dizaine d’années, les oncologues spécialisés dans le cancer du sein ont pris en compte l’intégrité de la patiente. Ainsi, les traitements conservateurs, qui permettent de conserver le sein, sont privilégiés. « Il y a des progrès en médecine, c’est vrai, mais aussi en chirurgie », constate le médecin. Nous disposons de plusieurs armes, des réponses selon le type de cancer. Chirurgie pour enlever la tumeur, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie et hormonothérapie. En fonction du profil, nous ciblons le type de thérapie le plus adapté, dans le but d’être le moins agressif possible, tout en luttant contre la maladie. Aujourd’hui, le progrès s’articule autour d’un concept : la thérapie la plus personnalisée possible, au cas par cas. Aucun cancer n’est comme un autre, aucune femme n’est comme une autre. Et pour atteindre cette précision, nous commençons par réaliser des examens complémentaires qui nous permettent d’affiner nos protocoles. »

Éviter les rechutes

Certains patients bénéficient aujourd’hui de traitements complexes, qui incluent la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la radiothérapie. «C’est malheureusement lourd à supporter, mais ces traitements permettront d’éviter une rechute quelques années plus tard», explique le Dr Brunet. Avant de mettre en place un protocole lourd, nous avons défini en amont le type de cancer. A-t-il un risque élevé de récidive ou non ? Notre obsession est désormais de trouver le bon traitement pour le bon patient. Les tumeurs sont toutes analysées pour connaître leurs biomarqueurs et leur signature. Cette approche, appelée biopsie liquide, est révolutionnaire, car elle permettra de concentrer les traitements les plus lourds uniquement sur les femmes à risque de récidive. » Évitez les thérapies excessives, en réservant par exemple la chimio aux seuls patients qui en ont besoin. Cette désescalade thérapeutique est la grande avancée de ces dernières années, elle a nécessité des années de travail de recherche académique.

Biopsie liquide

La biopsie liquide à laquelle fait référence le docteur Brunet est une simple prise de sang pour les patients, une de plus. Cette prise de sang permet de détecter de minuscules tumeurs cancéreuses qui se sont détachées de la tumeur principale et de les analyser. Cette étude de la tumeur permettra de l’identifier et de mieux comprendre à quel type de cancer les médecins auront affaire. Les progrès de la génomique apportent des réponses qui permettent de mieux comprendre la maladie et de mieux la traiter. A terme, l’examen mammographique, si anxiogène et parfois douloureux, ne servira plus à rien. Une prise de sang suffira.

« Ces progrès en entraîneront d’autres, nous testons constamment de nouveaux médicaments, plus précis et moins sévères en termes d’effets secondaires », conclut le docteur Maxime Brunet. Mais nous avons besoin de recul, nous ne faisons que commencer. Lors du dernier Congrès Européen sur le Cancer à Barcelone en septembre dernier, nous avons été informés des résultats des derniers essais thérapeutiques, montrant que 3 semaines de radiothérapie avaient le même effet que 5 semaines. 2 semaines de traitement en moins est un grand pas en avant. »

 
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