quels symptômes et quel traitement chez l’adulte ? Réponses d’un neuropsychologue

DIAGNOSTIC – Dans l’imaginaire collectif, il est souvent associé à l’image d’enfants turbulents et bruyants, incapables de rester en place. Il s’agit cependant d’une idée erronée de ce qu’est le TDAH (trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité). Elle est certes détectée principalement chez les enfants, mais peut également persister jusqu’à l’âge adulte.

La prévalence de ce trouble neurodéveloppemental est estimée à 2,8 % des plus de 18 ans par la Haute autorité de santé (HAS). « 15 % des enfants atteints de TDAH continuent de présenter des caractéristiques cliniques répondant aux critères diagnostiques à 25 ans »précise l’autorité sanitaire dans une note datant de 2021.

Quels sont les symptômes du TDAH chez l’adulte ? Comment poser un diagnostic et pour quel traitement ? Réponses de Laura Geati, neuropsychologue basée à Paris.

Le HuffPost. Quels sont les symptômes les plus courants du TDAH chez les adultes ?

Laura Geati. Comme chez les enfants, le TDAH a une origine neurobiologique chez l’adulte : les patients qui en souffrent ne produisent pas suffisamment de dopamine, une hormone qui aide à maintenir le niveau de motivation et donne le sentiment d’aller bien. quelque chose d’agréable sur le moment.

Ce sont principalement les problèmes de déficit d’attention au travail qui suscitent des inquiétudes. Nous pouvons énumérer quatre catégories principales. D’abord, la difficulté d’une attention soutenue : un adulte souffrant de TDAH aura tendance à tergiverser dans ses tâches, à se laisser distraire car il lui est difficile d’ignorer les stimuli extérieurs. Ensuite, le déficit de mémoire à court terme, qu’on appelle mémoire de travail, et qui se traduit par des oublis ou des difficultés à se souvenir des conversations et des rendez-vous. Les adultes atteints de TDAH ont également des difficultés à planifier leurs activités quotidiennes, à accomplir les tâches qu’ils ont commencées et ont une mauvaise conscience du temps. Enfin, il faut noter les pertes fréquentes d’objets.

Le TDAH peut-il se manifester chez les adultes de manière subtile, sans hyperactivité apparente ?

Il existe plusieurs types de TDAH : avec une prédominance d’impulsivité et/ou d’hyperactivité et une forme combinée. L’hyperactivité se manifeste également à l’âge adulte, mais sous une forme différente de celle des enfants. L’adulte a une maturité intellectuelle qui lui permet d’inhiber certains traits que l’on peut observer dans l’enfance, comme les mouvements, les cris, etc.

Chez l’adulte, l’hyperactivité se manifeste principalement sous la forme de troubles exécutifs listés ci-dessus, mais également sous forme de nervosité interne et d’impulsivité. Pour éviter cela, les adultes TDAH développent des stratégies d’évitement, afin d’éviter les situations où ils doivent rester immobiles comme les cours, les réunions, les files d’attente, etc. Cela demande beaucoup d’efforts et donc d’énergie. . Enfin, l’hyperactivité peut aussi prendre la forme d’un manque d’inhibition : ils se coupent fréquemment et se mettent en avant pour échapper à cette agitation interne. Cela peut engendrer des problèmes relationnels avec son entourage, qui lui reproche son comportement immature.

Comment diagnostique-t-on le TDAH chez l’adulte ?

Le diagnostic est multidisciplinaire. Si un TDAH est suspecté, par exemple en cas de problèmes de concentration, un adulte peut consulter un psychiatre ou un neurologue, qui le redirigera ensuite vers un neuropsychologue pour réaliser un bilan complet. Cette évaluation comprend une anamnèse, c’est-à-dire un examen des répercussions des troubles sur la vie quotidienne, et la réalisation de tests, qui permettent d’évaluer le niveau d’attention et d’indiquer de quel type de TDAH est atteint le patient. présent. Personnellement, je passe aussi un test de QI car des études ont montré le lien entre haut potentiel intellectuel et TDAH.

Y a-t-il beaucoup d’adultes diagnostiqués tardivement avec le TDAH ?

Oui. Jusqu’à récemment, ce trouble était peu connu du grand public et donc moins bien diagnostiqué. Les adultes souffrant de TDAH ont été critiqués durant leur enfance pour être d’humeur, trop agités ou turbulents… Ces adultes se sont souvent sentis différents durant leur enfance, ont ressenti beaucoup de culpabilité de ne pas pouvoir être plus efficaces ou de ne pas contrôler leur impulsivité. . Cela a pu leur causer des souffrances, se manifestant par une faible estime de soi, des troubles anxieux, une dépression ou un épuisement professionnel. Faire un bilan neuropsychologique leur permet de se comprendre, d’agir sur leurs symptômes et de reprendre confiance en eux.

Quel est le traitement du TDAH chez l’adulte ?

Le traitement associe une psychothérapie et, si nécessaire, un traitement médicamenteux. En France, il existe quatre médicaments autorisés, qui augmentent le taux de dopamine pendant 8 à 12 heures : Ritalin, Concerta, Quasym et Medikinet. Sauf dans les formes les plus sévères, le traitement médicamenteux n’est pas recommandé en première intention. Mais il permettra aux adultes qui en bénéficient de mieux se concentrer sur leurs tâches car il inhibe temporairement les symptômes. Ces médicaments ne créent pas de dépendance et peuvent être arrêtés temporairement, par exemple pendant les vacances ou en dehors des périodes scolaires.

Quant à la psychothérapie, elle comprend deux volets : d’abord la remédiation cognitive, pour donner aux patients des stratégies comportementales et ainsi réduire l’impact du TDAH sur leur quotidien. Mais il est aussi essentiel de les accompagner psychologiquement pour comprendre comment ce trouble a pu encombrer leur vie et travailler sur leur manque d’estime de soi.

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