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Un nouveau service à l’hôpital Daumezon de Fleury-les-Aubrais pour aider les adolescents accros aux écrans

La Dre Stéphanie Dupuch, cheffe du service de pédopsychiatrie à Daumezon, et Sabine Duflo, psychologue thérapeute familiale, ont ouvert un nouveau service, Étap, pour « Éducation thérapeutique, addictions, psychotraumatismes ».

La nouvelle unité n’est indiquée que modestement par un panneau au sein de l’établissement public de santé mentale. Son nom de code, Étap (Éducation thérapeutique, Addictions, Psychotraumatismes), est également inscrit sur une feuille de papier scotchée sur la porte du local occupé depuis le début du mois.

C’est ici que Sabine Duflo, psychologue et thérapeute familiale, reçoit, un jour par semaine, des familles au sein desquelles un adolescent souffre d’addiction aux écrans. La fondatrice du Collectif surexposition écrans (Cose) a été l’une des premières à tirer la sonnette d’alarme, il y a une quinzaine d’années, sur les effets de cette addiction : troubles du comportement et de l’attention, baisse des résultats scolaires, perte de sociabilité, etc.

L’addiction aux écrans, une pathologie prise au sérieux à l’hôpital Daumezon de Fleury-les-Aubrais

Avec le soutien du chef du service de pédopsychiatrie de Daumezon,
Dr Stéphanie Dupuch, ils ont réussi à ouvrir cette unité – « à moyens constants », précise la responsable –, peut-être la seule en France. Une unité au sein de laquelle existe un service de psychotraumatologie, les écrans pouvant être la cause ou faire revivre des expériences très perturbantes.

Contact
L’unité Education Thérapeutique, Addictions, Psychotraumatismes est ouverte à tous, sans prescription médicale. Les séances sont gratuites. Contact : 02.38.60.58.30.

Un effort collectif

Sabine Duflo dans les nouveaux locaux d’Etap, à l’hôpital Daumezon à Fleury-les-Aubrais. Photo Philippe Abline

Sabine Duflo a installé quelques chaises et fauteuils rouges en cercle dans la pièce où elle reçoit les familles. La psychologue y insiste : la cellule familiale doit se réunir pour décider, ensemble, du programme à mettre en place au sein du foyer pour corriger une pratique à risque.

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« C’est comme avec le tabac et l’alcool : si le conjoint continue à fumer ou à boire, on ne peut pas le faire. »

Sabine Duflo (Psychologue et thérapeute familiale)

Préserver le sommeil

C’est toute la maisonnée qui est concernée, insiste Sabine Duflo, qui doit aussi convaincre les adultes. La psychologue s’est donné pour priorité de faire comprendre aux adolescents qu’il ne faut pas jouer avec ses horaires de sommeil. « J’ai demandé à un adolescent à quelle heure il devait se coucher pour être en forme le lendemain. Il m’a répondu 23 heures. Je lui recommande donc d’éteindre les écrans à 22 heures, une heure avant pour qu’il s’endorme à 23 heures. »

Couverture de « Ma parenthèse numérique au collège » : comment cela va-t-il se passer dans le Loiret ?

Là où ça devient délicat, c’est que la mère, à 22 h, n’est pas prête à abandonner la série qu’elle regarde à la télévision. « Je suis l’adulte, il est l’enfant. » Dans ces cas-là, il faut être persuasif. « On arrive toujours à trouver un levier », rassure la Dre Stéphanie Dupuch.

Dîner en famille, et sans télé

Les progrès se font petit à petit, poursuit sa collègue. Elle a déjà réussi à réunir tous les membres du foyer autour de la table du dîner. « Il faut préserver le temps du repas du soir pour être ensemble et discuter. » Et sans télé. « On me dit souvent qu’elle est allumée mais qu’on ne la regarde pas. Je conseille de l’éteindre », prévient Sabine Duflo.

Elle se dit surprise de constater que dans de nombreuses familles, les adolescents ne dînent pas avec le reste de la famille mais vont se servir à leur guise dans le réfrigérateur. A la fin de la séance de jeux vidéo, le plus souvent pour les garçons, et de réseaux sociaux plus fréquemment pour les filles. Consoles et téléphones doivent être tenus hors de la chambre le soir, aussi bien celle des parents que celle des enfants, insiste la psychologue.

Les écrans nous empêchent de socialiser

Les écrans nous empêchent de socialiser, constate Sabine Duflo. Les adolescents vont passer une partie de la soirée à jouer à des jeux vidéo avec des Russes ou des Ukrainiens, à discuter avec l’amour de leur vie en Australie, mais ne parleront pas aux jeunes qui les entourent dans l’établissement qu’ils fréquentent le lendemain. De plus, les téléphones sont addictifs, d’où l’intérêt de les tenir à distance.

« Parler, agir, courir demandent de l’attention alors que le téléphone portable vient nous chercher. »

Sabine Duflo (vide)

Trois ou quatre séances

Les familles qui fréquentent Etap apprennent à se sevrer en « trois ou quatre séances espacées de deux semaines ». La première se fait donc en famille. Les autres, parfois, sont collectives, entre adolescents. Les activités de groupe sont, en effet, un bon moyen de décrocher du téléphone !

Pour en savoir plus : une conférence à Orléans
Le collectif surexposition écran (Cose) organisera une conférence sur le thème « l’adolescence sous perfusion numérique : l’urgence d’agir, le regard de Cose », samedi 28 septembre, à Orléans. Les intervenants seront tous des professionnels de l’enfance, exerçant dans des secteurs variés, puisqu’on retrouve des pédopsychiatres, des médecins, des psychologues… Ils travaillent en milieu hospitalier, en cabinet ou à l’Aide sociale à l’enfance.
Des enseignants partageront également leur expertise, notamment Aude Denizot, institutrice, membre du Collectif éducation numérique raisonnée et conseillère départementale dans le Loiret.
La conférence s’adresse en particulier aux professionnels travaillant dans le domaine de l’enfance, mais aussi aux particuliers. Elle aura lieu de 9h à 17h, à l’auditorium du Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Participation : 10 euros. Inscription : [email protected] (et paiement sur place) ou ici.

Philippe Abline

 
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