La pièce très attendue Les gens, les lieux, les choses a finalement été présenté en première médiatique mardi soir au Théâtre Duceppe. Il s’agit d’une traduction réalisée par David Laurin de Les gens, les lieux et les choses écrit par le dramaturge britannique Duncan Macmillan. Olivier Artau signe une mise en scène impressionnante.
Une histoire qui donne à réfléchir
L’histoire tourne autour du personnage deEmma (impeccable Anne-Élisabeth Bossé!)Une comédienne dont la vie bascule un soir où elle oublie complètement son texte sur scène… car elle est aussi alcoolique et toxicomane. Le public suit son parcours alors qu’elle entre dans un centre de désintoxication. Dès lors, elle doit affronter ses démons et apprendre à dire la vérité, tout en s’amusant à jouer des personnages et à inventer des histoires. Qui est-elle vraiment, lorsque l’actrice est mise de côté ? C’est ce que les spectateurs découvriront au fil de la représentation.
Le spectacle est divisé en deux actes distincts. Dans le premier, Emma sombre et refuse de coopérer, tandis que dans le second, elle s’autorise enfin à avancer. La pièce aborde bien sûr des sujets lourds, comme l’alcoolisme, la toxicomanie ou la mort, mais elle présente aussi des zones lumineuses, voire humoristiques par moments. Le spectacle ne contient aucun stéréotype ; c’est une réalité humaine qui est mise en avant. Les gens, les lieux et les choses, tels sont les éléments dérangeants, voire dangereux, qui incitent certaines personnes à consommer.
Anne-Élisabeth Bossé at her best
Anne-Élisabeth Bossé peut tout faire. C’est ce que je me disais avant même de voir la pièce, pour l’avoir vue dans des rôles très variés à la télévision et au cinéma. Après avoir vu la pièce, c’est confirmé : elle peut vraiment tout faire ! Sur scène, elle incarne tous les domaines de son personnage, ses failles et ses vulnérabilités. Sa posture, sa démarche, son timbre de voix… Tout est travaillé, pensé.
Emma, comme tout le monde dans sa situation, a des gens, des lieux et des choses qui l’ont entraînée dans l’addiction. Ainsi, même si elle prend souvent des décisions douteuses et peut être méchante par moments, surtout dans la première partie, il est impossible de ne pas ressentir d’empathie pour elle. Cela culmine bien sûr à la fin. Sans dévoiler les détails de l’intrigue, disons simplement que l’on finit par comprendre tout le drame enfoui au plus profond d’Emma, bien caché derrière ses multiples façades.
Aux côtés d’Anne-Élisabeth Bossé, on retrouve entre autres la la brillante Maude Guérin qui joue Lydiaun thérapeute bienveillant au centre de désintoxication. D’autres patients du centre complètent évidemment le casting. Les destins de ces personnages sont à jamais liés et une véritable camaraderie s’installe. Je l’ai dit plus haut, mais j’insiste : chacun d’entre eux incarne avant tout un être humain. On est loin des stéréotypes prévisibles. Je crois que l’humanité des personnages est l’une des plus grandes forces de la pièce.
Une mise en scène à couper le souffle
Olivier Artau Emma a fait un travail de mise en scène incroyable. Avec les effets de lumière et les moments chorégraphiés, on a presque l’impression d’être dans la tête d’Emma. On assiste pratiquement à ses luttes intérieures. Les lumières de la scène atteignent parfois le public, comme si les flashs dans sa tête s’étendaient jusqu’à nous. De plus, sur scène, tout devient parfois d’une seule couleur comme le rouge, le vert ou le blanc-gris, selon la situation. Quand cela se produit, c’est toujours pour montrer une émotion intense ou une action forte.
Ce qui est le plus impressionnant, c’est sans doute la chorégraphie qui accompagne les jeux de lumière et d’éclairage. À plusieurs reprises, tous les acteurs et actrices deviennent un sosie d’Emma, habillés comme elle et ayant les mêmes cheveux blonds. Ceux-ci renforcent la complexité du personnage, comme si chaque « version » d’Emma était une partie d’elle-même qui tente de trouver sa véritable place parmi ces personnes, ces lieux et ces choses qui la bouleversent au plus haut point.
Les gens, les lieux, les choses C’est un spectacle à voir. Un voyage magnifique et touchant dans les profondeurs de la complexité humaine, ou devrais-je dire, des complexités humaines.
La pièce est présentée au Théâtre Duceppe du 12 septembre au 12 octobre 2024.
Photos: Courtesy (Danny Taillon)
Samuelle Guimond | Journalist
Samuelle est une passionnée de musique, de littérature, de télévision et de théâtre. Si elle est journaliste pour les médias, c’est pour mettre en lumière des artistes locaux en qui elle croit, notamment par le biais d’entrevues. Vous pourriez très bien la croiser dans une salle de spectacle près de Montréal !
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