C’est une publication scientifique qui ressemble à une petite bombe dans l’affaire Levothyrox. L’association française des patients thyroïdiens (AMFT) a présenté ce mercredi 17 avril à Toulouse les résultats d’une étude menée dans un laboratoire tchèque pendant cinq ans, et à laquelle a participé un chercheur toulousain, sur des médicaments à base de lévothyroxine. Cette étude a été publiée dans le Journal of Pharmaceutical Analysis.
Impuretés inattendues
Le Levothyrox, ce comprimé destiné à corriger les problèmes de thyroïde, est prescrit à 3 millions de personnes en France, principalement des femmes. En 2017, le laboratoire Merck qui le produit a mis sur le marché une nouvelle formule. Des milliers de patients rapportaient alors des effets secondaires (crampes, vertiges, fatigue, problèmes digestifs). Merck a alors parlé de « l’effet nocebo », expliquant que les patients imaginaient ces effets secondaires. « Cette nouvelle étude prouve qu’il n’existe pas d’effet nocebo généralisé » assure le docteur Jacques Guillet, conseiller à l’AFMT.
Alors, qu’ont trouvé les chercheurs ? Ils ont analysé les médicaments dans leur ensemble, et pas seulement une molécule, grâce à 1 000 cartons envoyés par les patients et ils ont découvert de nouvelles réactions entre les excipients et les impuretés. Parmi ces impuretés, il y a les phospholipides, « en quantités très abondantes et inattendues », explique Jacques Guillet. Ces phospholipides sont apportés par l’amidon de maïs selon les chercheurs. Cependant, ils permettent au principe actif (base du médicament) d’être plus ou moins bien absorbé au niveau du tube digestif et cela varie selon les personnes. Alors s’il y en a trop, cela peut provoquer des effets indésirables.
Cette étude a été initiée par l’AFMT qui a payé 25 000 euros mais ensuite les scientifiques ont travaillé bénévolement, nous dit-on.
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Les procédures judiciaires ont repris ?
Alors, Merck, le laboratoire, le savait-il ? Jacques Guillet veut croire que non, “en tout cas cela n’a pas été déclaré”. Nous avons contacté Merck et attendons leur réponse.
L’avocat toulousain Maître Jacques Lévy veut lui faire croire que cette étude apportera des arguments dans une procédure judiciaire. « Trois experts toulousains avaient conclu que mes clients avaient des problèmes psychologiques. Je vais demander l’annulation de cette expertise. Et cela permettra d’analyser ce cas en profondeur et de démontrer que les modifications apportées au Lévothyrox conduisent à des maladies dont souffrent les patients que je représente”, il explique.
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De nombreuses procédures judiciaires sont en cours dans ce dossier Lévothyrox. En octobre 2022, Merck était mis en examen pour « tromperie aggravée » et placé sous contrôle judiciaire. L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a été à son tour mise en examen pour « tromperie » quelques mois plus tard. Cette nouvelle étude devrait être versée au dossier.
Par ailleurs, un patient toulousain avait obtenu une victoire en juillet 2023, et en 2020 le laboratoire avait été condamné à verser 1 000 euros à chacun des 3 300 plaignants pour préjudice moral, faute d’information sur la nouvelle formule du médicament.
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