On n’est jamais dépaysé dans un roman de Joël Dicker. L’auteur suisse fait une entrée fracassante dans l’industrie du livre avec La vérité sur l’affaire Harry Quebert (Prix Goncourt des lycéens en 2012, adapté en série télévisée avec Patrick Dempsey) dont la structure virevoltante avec des dates et des rebondissements incessants avait saisi tout le monde.
La surprise est devenue une recette, puisqu’elle est incluse dans Le livre de Baltimore, La disparition de Stéphanie Mailer, L’énigme de la chambre 622 Et L’affaire Alaska Sanders. Premièrement, « les faits » et la date à laquelle ils se sont produits. Dans Un animal sauvagenouveau titre de l’homme aux plus de 20 millions de lecteurs dans le monde, est le braquage d’une bijouterie commis à Genève, le 2 juillet 2022. A partir de là, par pas de géants (années, mois) ou puces (jours, heures ) sur la chronologie, l’histoire de l’événement central et des circonstances qui y ont conduit se déroule sur quelques centaines de pages.
Nous rencontrons Sophie, dans sa maison de verre située au bord du lac Léman, en banlieue genevoise. Elle est avocate, est sur le point de fêter ses 40 ans et se porterait bien à tous égards si un tel personnage avait un quelconque intérêt (ce qui est rarement le cas). Son mari est un as de la finance dont le passé cache un secret. Leur voisin, un policier impeccable, devient obsédé par la belle quadragénaire. Et il y a ce rôdeur qui circule dans une Peugeot grise.
Lecture active
Les pions sont en place sur l’échiquier « dickerien ». Le romancier peut commencer la partie… contre ses lecteurs. Car c’est ce qui fait le succès des briques qu’il leur propose tous les deux ou trois ans. Cette façon ludique d’éclairer et de se cacher, d’avancer et de reculer, de relâcher et de tirer. Joël Dicker forme ainsi ceux qui tiennent le livre, les plongeant dans une lecture divertissante, facile et active. D’autant qu’avec lui, ce n’est jamais fini tant que ce n’est pas fini.
Et à mesure que le rythme du roman s’accélère, on tourne la dernière page hébété, échevelé et sans vraiment savoir si tout s’enchaîne vraiment du début à la fin. Mais peu importe, le temps a passé vite. De manière plus fluide dans Un animal sauvageparce que l’auteur s’est débarrassé de plusieurs irritants qui tourmentaient ses écrits précédents.
Premièrement, il l’a rendu plus court. Comprenez : moins redondant et moins indûment étiré. Sortie aussi les romans maladroits entre messieurs d’un certain âge et de très jeunes filles. À l’extérieur se trouvent également les écrivains de service (de Marcus Goldman au Writer) et leurs tourments créatifs (même si Stephen King ne le souhaite pas). Enfin, à l’exception d’une policière très persévérante (pas seulement professionnellement), les personnages qui peuplent cette histoire, bien qu’ils dialoguent à grands éclats de banalités (cela permet de ne pas dire « les vraies choses »), ne débordent pas trop. beaucoup du côté caricatural.
A l’arrivée donc, moins de sable dans les rouages de la montre suisse qui règle les intrigues de Joël Dicker !
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