Le Laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) a été poursuivi le 15 février 2024 par Stéphane Grange, un quinquagénaire atteint de la maladie de Parkinson qui a subi de graves effets secondaires suite à l’utilisation de Requip (ropinirole). Devenu accro aux jeux et au sexe et endetté à hauteur de 90 000 euros en moins de deux ans, il reproche au laboratoire d’avoir tardé à fournir des informations claires sur les effets indésirables graves et connus de longue date de ce traitement. L’audience entre Stéphane Grange et le laboratoire britannique est prévue en novembre 2025. Pour rappel, le laboratoire avait déjà été condamné en 2012, pour une autre plainte concernant le même médicament, à verser 200 000 euros d’indemnisation à la plaignante.
Dans une enquête publiée le 17 janvier, « Franceinfo » a résumé les éléments qui ont conduit à cette nouvelle procédure judiciaire. Tout commence en 1986, lorsque l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) reçoit le premier signalement d’un trouble du contrôle des addictions lié à la prise d’un agoniste dopaminergique, classe thérapeutique à laquelle appartient Requip. Jusqu’à la fin des années 2000, les patients étaient traités par du pramipexole (Sifrol), du piribédil (Trivastal) ou encore de la bromocriptine (Parlodel), sans être informés des risques associés.
Quant à Requip, il n’a fait l’objet d’un premier signalement pour un trouble identique qu’en 2006. Mais l’avocat Antoine Béguin a obtenu la première condamnation de GSK en 2012, avec une note interne du laboratoire datant de 2003 qui lui a permis de prouver que le Ce dernier connaissait les risques encourus par les patients, mais n’a pas agi. Ce document rapportait le cas d’un homme de 63 ans prenant Requip et dont la libido avait augmenté « de manière significative » dès le début du traitement, lui faisant commettre le pire : « Onze mois après le début du traitement par ropinirole, le patient a commis une agression sexuelle (acte de pédophilie sur une fillette de 7 ans), pour laquelle il a été écroué. La dose de ropinirole a été réduite à 6 mg par jour, en vue d’un arrêt du traitement. Le problème de libido du patient a ensuite disparu. » Quelque 250 témoignages lui ont été adressés après sa victoire historique.
-Quant au procès de Stéphane Grange, le contexte n’est pas tout à fait le même, puisque les cas d’addiction aux jeux d’argent, d’achat compulsif et d’hypersexualité sont constatés dans le RCP du produit, sans toutefois en indiquer la fréquence (indéterminée, selon la notice) .
Pourtant, en 2018, une vaste étude dirigée par le professeur Jean-Christophe Corvol, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, a déterminé qu’un patient sur deux traité par agonistes dopaminergiques développait des troubles du contrôle des impulsions dans les cinq ans.