Les infections urinaires sont très fréquentnotamment chez les femmes, et encore plus lors des périodes clés comme grossesse ou la ménopause. En plus d’être invalidant et particulièrement difficile à vivre, infections urinaires ont tendance à récidiver et peuvent se compliquer et conduire à une hospitalisation (surtout chez les femmes âgées). Une étude présentée lors du 22èmes Journées d’Infectiologie à Montpellier en 2021 estime que le nombre de femmes hospitalisées pour une infection urinaire dépasse le deux millions par année. Souvenez-vous, on vous avait raconté (ici) l’histoire de Nathalie qui a failli perdre un rein suite à un cystite mal soignée en raison de symptômes initiaux trompeurs.
Les chercheurs travaillent depuis longtemps sur de nouvelles formes de médicaments pour mieux gérer les infections urinaires, en particulier infections urinaires récurrentes. Ce nouveau vaccin, déjà testé depuis 10 ans, semble l’emporter.
Vaccin contre la cystite : « Les résultats sont spectaculaires »
Développé par un laboratoire espagnol, et testé pendant une dizaine d’années en différents pays européensle vaccin MV 140 plus connu sous le nomUromuneest composé de bactéries entières inactivées communément associées aux infections des voies urinaires : Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Proteus vulgaris et Entérocoque faecalis.
Bonus : même si certaines infections urinaires sont déclenchées, plus rarement, par d’autres souches bactériennesle vaccin conserve le même protectionselon cette étude réalisée sur un petit groupe de femmes et présentée lors du Congrès de l’Association Européenne d’Urologie (EAU) qui s’est tenu à Paris en 2024.
Autre particularité de ce vaccin : il est pris par chemin Oralexcellente nouvelle pour les phobiques des aiguilles ! “Il s’administre par deux pulvérisations d’une suspension aromatisée à l’ananas sous la langue chaque jour pendant 3 mois.», précise le média destiné aux professionnels de santé Paysage médical.
Infection urinaire : un spray pour prévenir les récidives !
“Les résultats ont été spectaculaires», a déclaré le Dr Bob Yang, un urologue anglais qui a dirigé l’essai. “Nous avons eu des femmes qui sont arrivées mois après mois avec une infection après l’autre, malgré tous les traitements, souvent avec des antibiotiques de dernière intention. Et [après avoir utilisé le vaccin]ils revinrent en disant : Que nous as-tu fait ? Nous n’avons plus d’infections».
Réalisé sur une cohorte de 89 malades (72 femmes et 17 hommes), cette étude confirme que l’utilisation deUromune est validé dans le traitement à court terme de la cystite mais aussi dans le prévention des récidivespuisque les patients étaient suivis depuis 9 ans. Les chercheurs espèrent désormais pouvoir obtenir le feu vert de Autorités européennes et lancer rapidement des demandes d’autorisations légales.
Un moyen d’éviter la résistance aux antibiotiques ?
“Bien que les gens considèrent souvent les infections urinaires comme une infection courante, il existe déjà un quart de million de morts par an lié à la résistance aux antibiotiques, et ce chiffre devrait augmenter», explique à Medscape le professeur Jennifer Rohn, directrice du Centre de biologie urologique de l’University College London.
Sans vaccinles infections urinaires sont en effet traitées le plus souvent par antibiotiques à court terme, avec les conséquences et risques de mauvaise utilisation que nous savons. Des antibiotiques qui ne sont pas toujours efficaces. “Ces résultats sont passionnants et suggèrent que la prévention des infections urinaires pourrait constituer une stratégie viable dans notre lutte contre une infection qui touche environ 400 millions de personnes chaque année, principalement des femmes, et que les antibiotiques peinent à contrôler dans 30% de ces nombreux cas», conclut le professeur Rohn.