Face à la résurgence de la coqueluche, des personnels soignants de la réserve sanitaire de Santé publique France sont arrivés en Guyane début février. Leur mission sera de mener une opération de rattrapage vaccinal, notamment à Saint-Laurent du Maroni où 18 cas de coqueluche, dont deux décès infantiles, sont survenus ces derniers mois.
Médecins, infirmiers et pharmaciens : une quinzaine de personnels soignants de la réserve sanitaire Santé Publique France arriveront en Guyane début février, pour faire face à la résurgence de la coqueluche.
L’annonce a été faite ce mardi 14 janvier par l’ARS, l’Agence régionale de santé de Guyane. Cette décision a été prise ce matin par les équipes de l’ARS à l’issue d’une visioconférence avec la direction de la santé de Paris, ainsi que Santé Publique France.
Depuis août 2024, deux nourrissons sont morts de la coqueluche en Guyane. Ils étaient âgés de 2 et 16 mois. A ce jour, 18 cas ont été signalés à Saint-Laurent du Maroni, principalement chez des enfants et des bébés. Deux cas concernaient des adultes.
“Nous avons demandé en Occident, à la PMI, au Chog, à la maternité et à la Croix Rouge, de renforcer la surveillance et la vaccination”, explique le Docteur Claire Grenier, responsable de la stratégie vaccinale à l’ARS Guyane. Malgré toute cette bonne volonté, nous ne disposons pas d’effectifs suffisants pour réaliser un véritable rattrapage vaccinal, c’est pourquoi nous faisons appel à la réserve sanitaire.»
Dès le 4 février, une quinzaine de soignants réaliseront une grande campagne de vaccination contre la coqueluche à la PMI, à Chog et dans les quartiers informels de Saint-Laurent du Maroni, en partenariat avec la Croix-Rouge.
Nous souhaitons rattraper massivement tous les petits qui risquent de développer des formes graves de coqueluche. Avec cette campagne, nous espérons les rattraper.
Dr Claire Grenier, responsable de la stratégie vaccinale à l’ARS Guyane
La mission de réserve sanitaire devrait durer trois semaines.
-La coqueluche est causée par une bactérie et est très contagieuse. Une personne infectée transmet la coqueluche à 15 autres personnes en moyenne, selon l’Institut Pasteur. La contamination se fait par voie aérienne. Il s’agit d’une maladie respiratoire qui débute par un écoulement nasal, puis une forte toux et des difficultés respiratoires. Dans la majorité des cas, il n’y a pas de fièvre.
Pour les professionnels de santé, il n’est pas obligatoire de déclarer les cas de coqueluche. Les 18 cas connus à ce jour semblent donc bien inférieurs aux cas réels.
Selon Claire Grenier, responsable de la stratégie vaccinale à l’ARS Guyane, “Ce n’est que la pointe de l’iceberg.” D’autant que pour confirmer la coqueluche, il faut faire “des tests biologiques qui coûtent extrêmement cher, près de 400 euros, dont nous ne disposons pas en quantité et que nous réservons aux cas où un diagnostic définitif est indispensable”.
Dans d’autres cas, le docteur Claire Grenier rappelle que « La coqueluche se soigne facilement avec des antibiotiques qui détruisent les bactéries ».
Selon l’ARS, « la vaccination reste la stratégie la plus efficace »en plus des gestes barrières. “Ça commence à l’âge de 2 mois pour les enfants avec plusieurs rappels par la suite, les femmes enceintes peuvent aussi se faire vacciner, rappelle le responsable de la stratégie vaccinale à l’ARS. Ainsi que ceux qui les entourent. C’est par la prévention auprès des adultes que nous protégeons nos bébés. Le médecin ajoute que “Cette vaccination obligatoire existe depuis plus de 50 ans, et n’a aucun effet secondaire”.
Dans les années 2000, d’autres épidémies de coqueluche avaient déjà touché la Guyane. Des nourrissons étaient morts à Trois-Saut. Saint-Laurent du Maroni avait également été touché. A l’époque, une importante campagne de rattrapage vaccinal avait déjà été déployée sur les rivières.
L’histoire se répète, et cela n’étonne pas le docteur Claire Grenier. « Les épidémies sont cycliques, elles vont et viennent, note-t-elle. En Guyane, nous sommes toujours confrontés à une pénurie de ressources humaines et à un accès difficile aux soins.
Cette épidémie en Guyane intervient un an après celle survenue en France. Le contexte régional est également similaire. Au Brésil, le nombre de cas a quadruplé en 2023 et 2024.