Essoufflement au moindre effort, toux, fatigue, inconfort… Les symptômes de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ressemblent à ceux de plusieurs maladies cardiaques ou pulmonaires. En réalité, cette pathologie rare est liée à une augmentation de la pression artérielle dans les artères qui relient le cœur aux poumons. C’est sérieux et ça progresse vite ; la transplantation pulmonaire ou cardio-pulmonaire reste encore souvent la seule option.
Pour offrir les meilleurs soins et donner la priorité aux personnes à un stade avancé de transplantation, « il est important de disposer de biomarqueurs [soit des molécules] qui permettent de prédire l’évolution de la maladie”, explique le Dr Olivier Boucherat, du Centre de recherche de l’IUCPQ. Idéalement, nous aimerions que ces marqueurs renseignent sur le degré de détresse du cœur, ce qui détermine le pronostic.
En effet, chez les personnes atteintes, pour des raisons complexes, les cellules des petits vaisseaux sanguins à l’intérieur des poumons prolifèrent, ce qui rigidifie leurs parois et rend la circulation sanguine difficile. Conséquence : la pression augmente en amont dans les artères pulmonaires, et le cœur doit pomper plus fort pour contrer la résistance. Le ventricule droit devient dangereusement fatigué.
Comment détecter dans le sang la molécule qui fournirait une information instantanée sur l’état du cœur ? Olivier Boucherat et son équipe se sont concentrés sur les technologies omiques à haut débit, qui permettent d’obtenir un instantané du niveau de milliers de molécules différentes dans un tissu malade et de comparer ce portrait à ce qui se passe chez des personnes saines.
«Nous avons analysé le cœur des patients décédés de cette maladie pour en mesurer le transcriptome et le protéome, c’est-à-dire les ARN messagers et les protéines», explique le chercheur. Ce dépistage très large donne une bonne idée des signaux activés dans le tissu souffrant. Parallèlement, l’équipe a mesuré des milliers de protéines dans le sang d’environ 200 patients répartis dans deux cohortes différentes, puis a croisé les données.
Résumé : une poignée de biomarqueurs semblaient être en corrélation avec la gravité des lésions ventriculaires droites. Dans le groupe, la protéine LTBP2 apparaît comme un bon prédicteur de l’évolution de la maladie. « C’est lié à la fibrose cardiaque ; un taux élevé dans le sang indique que le cœur est très endommagé. »
Ces technologies sont encore difficiles à traduire en outils cliniquement utilisables, explique le Dr.r Boucherat. « Un bon biomarqueur devrait diminuer dans le sang lorsque les patients répondent bien au traitement qu’ils reçoivent. Et pour le vérifier, il faut beaucoup d’échantillons et de financements », souligne-t-il.
Cependant, ces résultats préliminaires, qui ont fait l’objet d’une publication dans Naturemontrer toute la puissance des « omiques » pour identifier la ou les molécules pertinentes pour guider le traitement. «Ils constituent un atout majeur», estime le spécialiste. Je pense qu’à l’avenir, nous combinerons plusieurs biomarqueurs pour mesurer, par exemple, la fibrose, l’inflammation, le stress sur les cellules cardiaques et la réponse au traitement. »