Début 2025, la France doit faire face à une nouvelle épidémie de grippe, touchant l’ensemble du territoire et n’épargnant aucune tranche d’âge. Face au grand nombre d’hospitalisations87 hôpitaux ont déclenché le « plan blanc » vendredi 10 janvierun dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler du personnel en congé. Pour limiter la propagation du virus, les autorités sanitaires recommandent le recours aux gestes barrières… ou aux vaccins, qui ne peuvent être fabriqués sans casser des œufs.
Et ce n’est pas une expression. Depuis l’invention du vaccin contre la grippe dans les années 1940, des œufs sont utilisés pour le fabriquer ; une méthode développée par Jonas Salk, un biologiste américain également à l’origine du vaccin contre la polio. Cette méthode a été privilégiée car elle permet de fabriquer ce remède à grande échelle. Idéal donc pour protéger les soldats américains, y compris ceux, notamment, qui ont participé au Débarquement de 1944.
Cela vous évite de commettre les mêmes erreurs que par le passé. Durant la Première Guerre mondiale, les Américains avaient déjà dû faire face à un virus. Là La grippe espagnole a fait plus de 60 000 morts dans les rangs américains. En fin de compte, elle s’est révélée, pour l’armée américaine, plus meurtrière que ses ennemis allemands.
650 000 œufs par jour chez Sanofi
Mais pourquoi utiliser des œufs ? Parce que les chercheurs ont découvert que la croissance d’un virus dans un œuf de poule embryonné l’a affaibli et l’a également rendu transformable en vaccin.
Surtout, l’œuf offre plusieurs avantages : les expériences sont plus faciles à réaliser qu’avec des animaux vivants ; plus éthiqueAussi. LE Les œufs sont également plus faciles à obtenir et moins chers. Enfin, leur l’intérieur est stérile et leur embryon n’étant pas encore des êtres vivants, ils n’ont pas encore de réponse immunitaire qui pourrait éliminer le virus. Le blanc de l’œuf constitue donc l’environnement idéal pour développer un vaccin.
Les laboratoires achètent donc des œufs pour fabriquer leurs vaccins. L’usine Sanofi en Normandie reçoit environ 650 000 œufs par jour pendant la période de fabrication des vaccins. Ces Les œufs sont élevés spécialement pour les vaccins et ne viennent pas du même panier au cas où, ironiquement, les poules qui les ont pondus seraient atteintes de la grippe aviaire.
Course contre la montre
Le la production de vaccins commence en février, quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) informe les laboratoires des souches qui circuleront à partir de l’automne suivant. Commence alors une course contre la montre pour fabriquer suffisamment de vaccins avant octobre.
De février à mai, on fait un petit trou dans un œuf, dans lequel on injecte la souche de grippe que l’on souhaite cultiver. Le trou est bouché et l’œuf est incubé pendant quatre jours. Enfin, l’œuf est ouvert pour récupérer le blanc, là où le virus s’est développé. De juin à juillet, différentes souches cultivées sont assemblées et rendues inactives pour fabriquer le vaccin.
Chez Sanofi, numéro un mondial dans ce domaine, 250 millions de doses sont fabriquées par an. Pour le laboratoire, il s’agit d’un véritable défi financier : le vaccin contre la grippe rapporte 3 milliards d’euros par an. C’est aussi un enjeu majeur pour la santé des Français. En tout cas, ce vaccin est un peu la poule aux œufs d’or de Sanofi.
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