Santé Publique France a publié ce vendredi son premier bulletin épidémiologique depuis le passage du cyclone Chido. De nombreux cas de plaies surinfectées et de troubles psychologiques ont été constatés. L’agence alerte également sur les risques de maladies d’origine hydrique liés à un accès limité à l’eau potable.
Le premier bulletin Le bilan épidémiologique de Santé publique France depuis le passage du cyclone Chido a été publié ce vendredi 3 janvier. L’agence fait le point sur les données du système de santé dans les semaines qui ont suivi la catastrophe du 14 décembre.
Selon ce bulletin, 1.440 passages aux urgences ont été enregistrés entre le 21 et le 29 décembre. Durant cette période, neuf décès ont été enregistrés au CHM et 29 patients ont été admis en réanimation. “Les blessures et les traumatismes étaient les principaux motifs de référence aux urgences du CHM, suivis des diarrhées et des vomissements.», précise Santé Publique France, qui alerte sur le risque croissant de complications pour les patients atteints de maladies chroniques »en raison d’interruptions de soins et de traitement.» Selon l’agence, des patients sont hospitalisés quotidiennement au CHM pour gérer les complications du diabète.
On note également un nombre croissant de patients présentant des plaies surinfectées »,signe de retards dans les soins médicaux.« Cette situation a entraîné des complications graves comme des nécroses et des chocs septiques, nécessitant des interventions majeures comme des amputations.
L’activité de l’hôpital a été en partie soulagée par l’arrivée de l’hôpital de campagne au stade Cavani, ESCRIM, à partir du 24 décembre.Conçu pour soigner 100 patients par jour, ce seuil a été dépassé dès le premier jour, avec 113 patients», précise le bulletin. “Ce nombre a doublé le deuxième jour, atteignant 200 patients.» Entre le 24 et le 29 décembre, 1 170 patients ont été à nouveau soignés, principalement pour des blessures et des traumatismes.
Aux dispensaires de Mramadoudou, Petite-Terre et Jacaranda à Mamoudzou, la situation est similaire : traumatisme »sont très clairement le principal motif de consultation“, viens ensuite “pathologies respiratoires, diarrhées et douleurs abdominales et infections cutanées.“
Santé publique France constate une augmentation des gastro-entérites et des infections respiratoires. “Ce pic doit être interprété avec prudence, car il pourrait refléter un retard dans la demande de soins des patients.», précise Santé Publique France. L’épidémie de la bronchiolite qui s’était déclarée avant le cyclone est toujours d’actualité.
Des patrouilles de surveillance ont été organisées dix jours après le cyclone dans plusieurs secteurs de la commune de Tsingoni. Une soixantaine de logements ont été inspectés, près de la moitié ont signalé au moins une personne souffrant d’un trouble psychologique. “De nombreuses personnes souffrent de « stress, peur ou détresse », conditions exacerbées par les conséquences du cyclone.“, dit le bulletin.”De plus, un nombre important de ménages ont signalé des cas de diarrhée, de fièvre ou de toux, touchant aussi bien les enfants que les adultes.“
Au 24 décembre, «une partie importante des familles continue de consommer l’eau brute des rivières, de pluie ou du réservoir d’eau de Combani, faute d’accès à l’eau potable.», note Santé publique France évoquant également le manque de nourriture. « Comme problème majeur, plusieurs personnes ayant exprimé des situations de faim.« L’agence note également des difficultés d’accès aux soins et aux traitements parmi les familles interrogées.
Si la priorité immédiate reste la prise en charge des blessés et les urgences vitales, les risques d’épidémies doivent être pris en compte et anticipés.
Santé Publique France alerte sur les risques d’épidémies, accrus par les dégâts subis par les infrastructures. “LLes pathologies d’origine hydrique telles que la gastro-entérite aiguë à rotavirus, la fièvre typhoïde, le choléra, ainsi que les maladies telles que la leptospirose et la bronchiolite, comptent parmi les principales menaces.», précise l’agence. Santé Publique France a également adapté son système de surveillance face à la crise du cyclone Chido. 8 réservistes sanitaires sont notamment dédiés à cette tâche parmi les 77 réservistes actuellement présents à Mayotte.