bonne idée, ou risque pour une partie de la population ?

bonne idée, ou risque pour une partie de la population ?
bonne idée, ou risque pour une partie de la population ?

Une nouvelle recommandation de l’Anses propose d’ajouter cette forme synthétique de vitamine B9 à la farine pour réduire le risque de malformations congénitales. Mais des études indiquent de possibles effets nocifs pour certains patients.

La composition de la farine va-t-elle changer ? Dans un avis publié le 19 décembre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a recommandé une « enrichissement des farines de blé en acide folique, la forme synthétique du vitamine B9 ». Cela permettrait de prévenir les anomalies du tube neural (ATN), des malformations congénitales qui peuvent avoir des conséquences très graves sur le développement du cerveau et de la moelle épinière du nouveau-né.

Cette recommandation n’est pas vraiment récente, puisqu’une recommandation similaire a été adressée au ministère de la Santé le 1er janvier 2003, sans succès. L’un des experts ayant travaillé sur cet ancien rapport, le professeur Sébastien Czernichow, professeur à l’université Paris-Cité et chef du service de nutrition à l’hôpital Pompidou, détaille pour Le Figaro les effets positifs et négatifs d’un tel apport dans notre alimentation quotidienne.

Selon les chiffres partagés par l’Anses, les anomalies de fermeture du tube neural (NFTN) touchent plus d’une grossesse sur mille en . Plusieurs facteurs de risque peuvent être à l’origine de ces malformations : les antécédents familiaux, certains traitements dont les antiépileptiques, le diabète, l’obésité et un apport insuffisant en folate (acide folique) chez la future maman. En effet, « un apport de 600 microgrammes par jour de vitamine B9 est nécessaire au moins 4 semaines avant la conception et jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée »détaille le communiqué de l’Anses accompagnant son nouvel avis. La recommandation précédente de 2003 indiquait qu’une contribution de « 400 microgrammes par jour » était nécessaire.

Une femme sur trois suit les recommandations

Cependant, selon plusieurs études, cet apport est rarement atteint par la population. Dans l’Enquête périnatale nationale de 2021, moins d’un tiers des femmes ont déclaré avoir suivi les recommandations de supplémentation en vitamine B9 avant la grossesse. Cette proportion se dégrade également avec les inégalités sociales : « Des études montrent que plus les mères sont jeunes et moins instruites, moins elles déclarent avoir commencé à prendre de la vitamine B9 avant leur grossesse. »rapporte le communiqué.

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Afin d’améliorer la prévention de ces anomalies, l’Anses recommande d’enrichir la farine de blé en acide folique, forme synthétique de la vitamine B9, en complément d’une supplémentation pour les femmes envisageant une grossesse. « Cette mesure permettrait de compenser l’apport insuffisant en vitamine B9 chez ces femmes, qui constitue l’un des principaux facteurs de risque d’AFTN chez l’enfant à naître. »indique le communiqué. À l’état naturel, le folate se trouve principalement dans les légumes verts, les agrumes, les œufs et les fromages.

Une supplémentation déjà mise en place aux Etats-Unis

Professor Sébastien Czernichow explains: « On sait que pour avoir un effet favorable, il faut agir avant le début de la grossesse et lorsque celle-ci est programmée, il est facile de débuter une supplémentation. Mais comme la majorité des grossesses ne sont pas planifiées, le tube neural est déjà fermé (ou non) au moment où les femmes réalisent qu’elles sont enceintes. C’est pourquoi des suppléments d’acide folique sont administrés à titre préventif aux femmes qui souhaitent devenir enceintes et qui vont arrêter d’utiliser la contraception. »

Cependant, ces mesures préventives sont difficiles à mettre en œuvre dans une population générale : « On ne peut pas dire aux femmes de prendre des comprimés d’acide folique en continu toute leur vie en attendant qu’elles tombent enceintes. »signale le médecin. « L’idée est d’enrichir les aliments courants »et c’est pourquoi la suggestion s’est concentrée sur les farines. Donc, « une partie sera absorbée, et cette exposition prolongée augmentera le taux de vitamine B9 dans le sang »ce qui évitera les anomalies en cas de grossesse.

L’efficacité de cette méthode a déjà été prouvée aux États-Unis, où l’acide folique est ajouté à de nombreuses farines depuis 1998. Le nombre d’anomalies du tube neural y a diminué de 35 %, soit 1 300 naissances en moins. touchés par cette pathologie, selon le Center for Disease Control and Prevention.

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Des effets positifs…

La supplémentation en acide folique présente d’autres bénéfices, soulignés par plusieurs études déjà citées dans la recommandation de 2003. Un effet protecteur a ainsi été démontré « sur les pathologies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux, mais aussi sur la préservation des fonctions cognitives et la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur certains cancers »dit le rapport.

Cependant, une consommation élevée de folate peut présenter un risque pour une infime partie de la population. « Nous cherchons à cibler une partie de la population : femmes en âge de procréer »rappelle le professeur Sébastien Czernichow, « sauf qu’en mettant de l’acide folique dans toutes les farines, on expose toute la population ». Il indique alors que« il y a un débat ». « Dès que nous prenons des mesures de santé publique pour protéger un segment de la population, mettons-nous un autre en danger ? ? »demande-t-il.

…et les points négatifs

En effet, plusieurs études mettent en garde contre une consommation excessive de cette vitamine. « Un programme d’enrichissement des farines en acide folique peut avoir des effets néfastes chez les personnes déficientes en vitamine B12. »déjà indiqué la recommandation de 2003. « L’apport d’acide folique peut masquer les signes hématologiques d’un déficit en B12, tandis que les signes neurologiques continuent de progresser jusqu’à un stade irréversible des lésions. »

Une étude publiée en 2021 dans la revue Journal de biochimie nutritionnelle alerte également contre « les effets nocifs potentiels d’une surdose de vitamine B9 ». Un test sur des rongeurs suggère un « lien de causalité entre la surconsommation d’acide folique, notamment chez les personnes âgées, et la diminution des défenses immunitaires contre les infections virales »rappelle par exemple l’Observatoire de la santé. D’autres études rapportent que le prendre avec d’autres suppléments peut provoquer des troubles digestifs tels que des nausées, de la diarrhée, des brûlures d’estomac, de la constipation et des vomissements.

 
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