Incertitudes, bonnes et mauvaises nouvelles

Incertitudes, bonnes et mauvaises nouvelles
Incertitudes, bonnes et mauvaises nouvelles

En 2024, les infections sexuellement transmissibles (IST) continuent d’évoluer, avec de nouvelles découvertes et des défis croissants. De l’émergence du variant Mpox 1B à la résurgence du virus Oropouche, découvrez les dernières tendances. Malgré des avancées très prometteuses, comme le lénacapavir dans la PrEP contre le VIH et les solutions pour la PPE, la lutte contre les IST reste marquée par des incertitudes.

Transcription

Bonjour Gilles PialouxJe suis ravi de vous retrouver sur Medscape . Je suis professeur de maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon de Paris et à Sorbonne Université. On m’a demandé de faire un best-of de l’année, ce qui est toujours très compliqué, en se concentrant davantage sur ce qui se transmet sexuellement.

Le spectre des infections sexuellement transmissibles s’est considérablement élargi en 2024

C’est d’autant plus compliqué que les maladies sexuellement transmissibles ne cessent de croître puisque, comme vous allez l’entendre maintenant, tout se transmet sexuellement : les arbovirus, Zika, Ebola… Et enfin année, nous avons eu une résurgence de l’Oropouche, une maladie à arbovirus qui jusque-là était considérée comme mineure, principalement en Afrique du Sud. Il y a quelques jours, en décembre 2024, un article était publié par Maladies infectieuses émergentes qui a montré la présence de ce virus Oropouche dans le sperme d’un touriste italien revenant de Cuba. C’est le spectre des infections sexuellement transmissibles, qui va s’élargir considérablement en 2024.

L’émergence de la variante Mpox 1B et ses implications

Commençons plutôt par les mauvaises nouvelles dans ce spectre d’infections sexuellement transmissibles, notamment avec l’arrivée d’un nouveau variant de Mpox, le variant 1B. La Mpox, qui remonte à la fin des années 1950, était jusque-là ignorée. Ce n’est qu’en 2022, avec l’épidémie qui a touché l’Europe et les Etats-Unis, qu’elle a été médiatisée. L’émergence du variant 1B, rapportée par nos confrères de la République démocratique du Congo (RDC) d’Eurosurveillance, constitue une mauvaise nouvelle pour trois raisons. Premièrement, cette variante entraîne une augmentation significative des cas de Mpox dans le monde. Deuxièmement, de nouveaux pays, comme l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda et le Burundi, qui n’étaient auparavant pas touchés, le sont désormais. Troisièmement, la variante présente une délétion du gène POP Go 32 (OPG032), une mutation inattendue dans un virus à ADN. Cette épidémie continue de progresser tranquillement, avec de très rares cas importés du variant 1B en Suède, en Thaïlande, en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais pas encore en France.

Les enjeux actuels de la PrEP et de la PPE en France

Encore une mauvaise nouvelle, même s’il ne s’agit pas d’une publication, mais d’un rapport du groupe EPI-PHARE de laAssurance maladie et de Santé publique France. Ce groupe EPI-PHARE a donné les chiffres de novembre 2024 pour l’initiation de la PrEP avec Truvada ou ses génériques. Depuis 2016, nous suivons la progression, et pour la première fois, une baisse des mises en route de PrEP en France se confirme, ce qui n’est évidemment pas considéré comme une bonne nouvelle.

Enfin, une autre nouvelle que nous jugeons négative, ce sont les données sur l’utilisation du préservatif dans la grande enquête sur les sexualités françaises que nous attendions, puisque la dernière datait de 2016.Enquête sur le LCR (Contexte des sexualités en France) de 2023, qui a porté sur 31 000 personnes, montre que le préservatif n’est utilisé que chez les plus jeunes par 51 % des femmes de 18-29 ans, ce qui est évidemment bien différent. fait insuffisant.

Nous disposons également, dans un sous-groupe de cette enquête sur la sexualité des Français, d’une enquête de prévalence avec un kit retourné par les personnes, montrant les prévalences de chlamydia et de Mycoplasma. Ainsi, la prévalence est de 2,22 % chez les femmes pour la chlamydia et de 1,2 % chez les hommes. Pour Mycoplasma, les taux varient entre 2,8% et 0,3%, avec des chiffres inquiétants dans la tranche d’âge 18-29 ans, la plus active sexuellement.

PrEP : une nouvelle dimension

Mais il y a aussi une bonne nouvelle en 2024. L’une des grandes bonnes nouvelles est un effet à 100 % de la PrEP, avec une nouvelle molécule, le lénacapavir, le premier inhibiteur de capside développé par Gilead. Une série d’essais concernera toutes les populations potentiellement éligibles à cette PrEP avec des injections sous-cutanées tous les 6 mois. Un premier essai, OBJECTIF-1a été publié cette année dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre menée auprès de plus de 5 000 femmes et adolescentes âgées de 16 à 25 ans sur 25 sites en Afrique du Sud et en Ouganda. L’effet à 100 % est absolument spectaculaire, avec zéro infection au VIH chez les femmes cisgenres ayant reçu du lénacapavir, par rapport à l’incidence attendue.

Nous nous dirigeons vers quatre outils PrEP

Les participants ont été assignés à recevoir du lénacapavir par voie sous-cutanée toutes les 26 semaines, de l’emtricitabine-ténofovir alafénamide oral quotidien (F/TAF) ou du fumarate oral quotidien d’emtricitabine-ténofovir disoproxil (F/TDF ; contrôle actif) ; tous les participants ont également reçu l’autre placebo sous-cutané ou oral.

Les résultats de l’essai PURPOSE 2 ont également été publiés. OBJECTIF 2 a été menée auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et de personnes trans. L’efficacité du lénacapavir est de 99 %, ce qui marque véritablement une nouvelle dimension de la PrEP.

Nous nous dirigeons vers quatre outils de PrEP : la PrEP orale continue et la PrEP orale à la demande, comme l’a démontré l’essai. Hypergées contre placebo, puis avec le cabotégravir, une injection intramusculaire tous les deux mois, et la PrEP avec le lénacapavir en injection sous-cutanée. Tout cela dépendra évidemment de l’accès des pays émergents à ces outils de PrEP extrêmement efficaces, avec un effet de 100 % pour le lénacapavir.

PPE et IST

Nous avons également publié, en total conflit d’intérêts, les résultats de l’essai ANRS 174 DOXYVAC cette année, qui était un essai, non plus en PrEP, mais en PEP (post-exposition) des infections sexuellement transmissibles, prophylaxie post-exposition à la doxycycline. Il y avait aussi un bras qui étudiait par relation antigénique l’efficacité possible du vaccin contre le méningocoque B sur le gonocoque, pour la prévention du gonocoque, avec de très bons résultats en termes de réduction de l’incidence de la chlamydia et de la syphilis. .

Pour la chlamydia, nous avons un rapport de risque ajusté à 0,14 et pour la syphilis, un rapport de risque ajusté à 0,21, ce qui représente une réduction du risque de chlamydia de 86 % et de 79 % pour la syphilis.

Pour les gonocoques, nous pensions avoir des résultats négatifs compte tenu de la prévalence de la résistance à la doxycycline, mais nous avons quand même un rapport de risque ajusté à 0,67, avec des résultats décevants pour le vaccin contre le méningocoque B.

Ces résultats ont été présentés au CROI, notamment à San Francisco, en termes de prévalence et d’incidence des chlamydia et de la syphilis, avec la mise en place d’une PEP à base de doxycycline qui a réduit de plus de 50 % la survenue de la syphilis et de la chlamydia dans la population gay en un an.

Controversé

Dans les incertitudes de l’année, nous retiendrons ce que nous appelons dans notre jargon le Déclaration de la Belgique. Un essai publié cette année dans Le Lancet VIH, Gonoécran a évalué l’idée de ne pas tester systématiquement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes pour différentes IST, afin notamment de réduire la pression antibiotique. Cette étude GonoScreen, menée entre 2020 et 2021 par nos amis belges auprès de 500 personnes, a comparé un bras de dépistage et un bras sans dépistage. Cela a fait couler beaucoup d’encre, puisque les Belges ont cessé de procéder à un dépistage systématique auprès des HSH stricts. Il est fort possible que cette position belge reste pour le moment une position belge.

En attente de nouvelles recommandations françaises sur les IST

Enfin, une dernière chose, nous attendons les recommandations françaises sur les IST. Le Pr. Charles Cazanave (CHU Bordeaux), lors du congrès de la Société française de lutte contre le sida en novembre à Biarritz, a tenté de lever le voile. Il est probable que ces recommandations incluront le maintien de la surveillance du DoxyPEP, comme aux Etats-Unis, au cas par cas, des traitements plus prolongés de la trachomatis chlamydia par la doxycycline, donc non Déclaration de la Belgique.

Le positionnement de la ceftriaxone comme traitement de première intention de la neurosyphilis sera intéressant à suivre. Le traitement du portage pharyngé gonococcique revenant d’Asie pourrait inclure la ceftriaxone, plus l’azithromycine en traitement mixte.

Enfin, un certain nombre de nouveaux développements sont attendus avec un focus sur l’émergence de résistances aux macrolides chez différents agents d’IST.

Une dernière curiosité est la transplantation de personnes séropositives à des personnes séropositives, avec un donneur séropositif contrôlé. Selon une étude publiée dans NEJM cette année, les receveurs de greffe de rein séropositifs qui reçoivent des organes de donneurs séropositifs n’ont pas de pires résultats en matière de sécurité que ceux qui reçoivent des organes de donneurs non séropositifs. Cette recherche s’inscrit dans le contexte de la crise des opioïdes, où de plus en plus d’organes sont prélevés sur des personnes décédées par overdose et touchées par le VIH.

Merci et bonnes vacances.

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