Une percée montréalaise est une source d’espoir pour les personnes ayant perdu la vue

Une percée montréalaise est une source d’espoir pour les personnes ayant perdu la vue
Une percée montréalaise est une source d’espoir pour les personnes ayant perdu la vue

MONTRÉAL — Une technique unique développée par un chercheur montréalais pourrait un jour aider à redonner la vue aux personnes qui l’ont perdue.

La méthode développée par l’équipe dirigée par le chercheur Gilbert Bernier, de l’Université de Montréal et du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, permet non seulement de transformer des cellules souches pluripotentes induites humaines en cellules rétiniennes, mais également de leur donner une forme qui facilite alors leur transplantation.

Cette technique a jusqu’à présent été utilisée pour redonner partiellement la vue à des cochons miniatures aveugles, et les premiers essais cliniques chez l’homme pourraient avoir lieu d’ici quelques années.

«Nous avons atteint le point de rendre cela applicable à la chirurgie humaine», a déclaré M. Bernier. Pour le moment, notre plus gros problème n’est pas de produire du tissu photorécepteur, nous y excellons très bien ; c’est l’implantation en chirurgie qui reste très difficile et très complexe. Mais à notre avis, d’ici deux ou trois ans, nous aurons démontré notre nouvelle technologie (de transplantation) chez les animaux.»

Des millions de personnes dans le monde souffrent de maladies dégénératives de la rétine. Dans la plupart des cas, la perte de vision est due à des lésions de la macula, une région centrale de la rétine riche en photorécepteurs coniques – des cellules essentielles à la perception des couleurs et des détails fins. Il n’existe actuellement aucun traitement approuvé pour remplacer la macula endommagée.

La technique développée par l’équipe du professeur Bernier a permis de créer des « feuillets rétiniens » qui ont ensuite été greffés sur des porcs nains dont la macula était endommagée. Les cellules utilisées avaient été génétiquement modifiées pour être peu ou pas reconnues par le système immunitaire.

Puisque ces animaux ont un poids qui ressemble à celui des humains et que la taille de leurs yeux est également semblable à celle des yeux humains, les greffes ont été réalisées par la Dre Ananda Kalevar, une neurochirurgienne ophtalmologiste de l’Université de Sherbrooke qui n’opère habituellement que les les humains.

Une fois les feuillets transplantés, l’équipe de recherche a constaté que les greffons rétiniens étaient capables de s’intégrer aux tissus endommagés de la rétine des mini-porcs. Ce dernier a alors montré des signes de guérison visuelle.

L’avantage de cette technique, dit M. Bernier, est qu’elle « permet la formation spontanée de tissu rétinien plat, déjà polarisé et organisé, comme dans une rétine embryonnaire humaine ».

Cependant, comme la macula ne mesure qu’environ quatre millimètres de diamètre, l’orientation, le placement et la stabilisation du greffon dans la rétine restent des défis chirurgicaux importants, a-t-il ajouté.

« Ce qu’on génère en laboratoire, explique M. Bernier, ça ressemble un peu à une crêpe, donc c’est très gros, mais c’est très fin, et ça a tendance à se plier un peu, donc c’est très difficile de insérez-le uniformément sous la rétine. C’est un défi. Mais lorsque cela a fonctionné, nous avons constaté une restauration partielle de la vision.

En comparaison, dit M. Bernier, une technique développée par des chercheurs japonais génère des cellules rétiniennes qui ressemblent à des « boules flottantes ». Lorsque nous essayons de les transplanter dans la rétine, dit-il, « cela ne fonctionne pas du tout ».

“À mon humble avis”, a-t-il conclu, “je pense que nous avons franchi une étape très importante pour parvenir à une thérapie permettant de traiter les maladies qui affectent la macula”.

Les détails de cette découverte ont été publiés par la revue scientifique Development.

 
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