La plupart des femmes prennent des médicaments pendant la grossesse. Pourtant, il reste difficile pour le médecin de sélectionner les médicaments et les doses appropriés. Ces médecins ont mené une revue de la littérature sur le sujet et proposent cette approche de décision partagée alliant principes éthiques, données de la littérature et valeurs des patients.
Les chercheurs prennent l’exemple de la sertraline, un antidépresseur couramment prescrits pendant la grossesse, pour illustrer ce processus de prise de décision partagée. En effet, la question de la prescription d’antidépresseurs pendant la grossesse fait encore débat, même si la majorité des études concluent à la nécessité d’un traitement.
Même si les femmes enceintes ont souvent besoin de médicaments, comme tous les patients, les données sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments pendant la grossesse restent limitées. La grossesse est considérée comme une étape critique pour la santé de la mère et de son bébé, les femmes enceintes et leurs fœtus in utero étant plus vulnérables à l’exposition et les femmes enceintes ont été largement exclues des tests de dépistage de drogues.
La thalidomideutilisé comme anti-nauséeux dans les années 1950 et 1960 et qui causé de graves malformations congénitales chez des milliers d’enfantsa révélé les risques possibles liés à l’administration de médicaments aux femmes enceintes sans données de sécurité suffisantes. C’est donc le bon moment pour faire preuve de prudence lors de la prescription de médicaments pendant la grossesse.
Cependant, refuser des médicaments à une femme enceinte peut aussi nuire à sa santé et à celle de son enfant.
Enfin, il reste trop rare que les femmes enceintes soient informées du traitement avant sa prescription. Aujourd’hui, la plupart de ces patients ne participent pas à la décision thérapeutique.
Un modèle à la fois éthique et pratique pour prescrire pendant la grossesse
L’auteur principal Charlotte Koldeweij, pharmacologue au centre médical de l’université Radboud, note que « la communauté médicale a besoin de toute urgence d’un protocole pour équilibrer le rapport bénéfice-risque des médicaments destinés aux femmes enceintes et à leurs bébés ».
-Principes éthiques clés et étapes pratiques sont donc développés et présentés, qui visent à aider les cliniciens mais aussi leurs patients
prendre des décisions thérapeutiques éclairées et partagées.
Les données de la littérature doivent guider le dosage approprié des médicaments et la durée du traitement, mais combinées à la prise en compte des valeurs personnelles.
- Ainsi, pour revenir à l’exemple de la sertraline, la participation active des femmes enceintes aux décisions concernant le traitement pourrait permettre de modifier progressivement les perceptions sociétales de leur vulnérabilité et favoriser leur inclusion dans la recherche médicale, ce qui permettrait à terme de combler le manque de données.
De ce travail est né leun projet Madame (Modèle de doses ajustées pour toutes les mères) basé sur l’analyse des données disponibles sur la sécurité des médicaments pendant la grossesse et l’allaitement mais aussi sur la connaissance d’un consortium d’experts multidisciplinaires et de patients et dans le but d’élaborer des recommandations personnalisées en matière de prescription et de dosage pour les femmes enceintes et les fœtus, au moins pour les médicaments les plus utilisés.
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