Entretien avec le Dr Pascale Perfezou, chef du centre de santé publique, responsable de l’unité VIH et de la consultation PrEP (prophylaxie pré-exposition), à l’hôpital de Quimper (Finistère).
On peut entendre : « On se protège moins avec le préservatif. » Est-ce vrai ?
Si on ne parle que de préservatifs, c’est sûr. Cependant, ce n’est pas la seule solution. On sait bien que pour certains actes, comme la fellation, le préservatif n’est jamais utilisé.
Pourtant, la syphilis s’attrape comme ça, les gonocoques aussi ou la chlamydia (1). C’est encore plus vrai avec des pratiques telles que chemsex (activité sexuelle couplée à la consommation de drogues), ce qui peut favoriser la désinhibition.
Il existe aujourd’hui la PrEP, un traitement préventif. Qu’est-ce que c’est ?
La PrEP est composée de deux molécules dans un seul comprimé, le ténofovir et l’emtricitabine. Ce sont des molécules que l’on connaît depuis longtemps puisqu’elles sont utilisées pour traiter les personnes séropositives.
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Parallèlement à cette utilisation, des études ont débuté il y a plus de dix ans dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord pour voir si, en prenant ces molécules à titre préventif, on pouvait éviter la contamination. Tous sont unanimes sur son efficacité.
Existe-t-il plusieurs façons de prendre la PrEP ?
Si vous le prenez de manière préventive et optimale, c’est-à-dire un comprimé chaque jour en continu, vous n’attrapez pas le virus. La PrEP peut également être prise occasionnellement, sur demande, dans certains cas. Les cellules des muqueuses se « chargent » de molécules antivirales.
Ainsi, si le virus pénètre dans les muqueuses, une armée de drogues se met en place et elle ne pourra pas se développer.
Vous confirmez, la PrEP est une révolution ?
Oui. Et nous devrions pouvoir prescrire la PrEP à toute personne susceptible de risquer, à un moment de sa vie, de rencontrer le virus… Couplé au fait que lorsque nous sommes traités comme séropositifs ou séropositifs, nous ne transmettons plus le virus, nous pourrions alors réussir à éradiquer le VIH du monde. Il faut penser aux personnes prostituées, aux personnes migrantes, qui sont très vulnérables au virus.
La PrEP est-elle gratuite ?
Ceci est pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Le CeGIDD (centre de dépistage gratuit) est une porte d’entrée. Les gens viennent là-bas pour se faire tester mais aussi pour être consultés. Nous essayons de comprendre ce qui les pousse à faire un tel dépistage, nous discutons des risques pris et nous expliquons les différentes méthodes de prévention, dont la PrEP. Il est courant que la PrEP soit prescrite lorsque les résultats sont rendus.
Le médecin traitant peut-il également prescrire la PrEP ?
Oui, y compris le traitement primaire, ce qui n’était pas le cas il y a deux ans. Si les médecins traitants ne se sentent pas à l’aise avec cette prescription, il existe des formations en ligne, assez complètes et gratuites. Cela s’appelle FormaPreP.
Une ligne téléphonique est en cours d’installation en Bretagne…
Oui, nous ferons bientôt une sorte de vigie téléphonique au sein des CoReSS (comités de coordination de lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles) dans le cadre du dépistage sans ordonnance du VIH et des IST, pour apporter de l’aide aux biologistes qui sont à la pointe de la lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles. dépistage, notamment en laboratoire.
Y a-t-il des effets secondaires ?
L’inquiétude concerne les patients qui souffrent déjà d’insuffisance rénale car on ne peut pas se permettre de prescrire un médicament présentant un risque dans ce domaine. Il existe une autre molécule, le cabotégravir, le cabotégravir qui s’administre par injection intramusculaire. Il s’agit d’un antirétroviral qui commence à être utilisé aux États-Unis sous le nom de PrEP.
En France, cela pourrait l’être mais au prix actuel, on ne peut pas avoir d’autorisation de mise sur le marché. On peut parfois l’obtenir mais je n’ai réussi à obtenir la dérogation que pour un seul patient ici. Pour environ 400 patients qui bénéficient d’un traitement préventif. Chaque semaine, nous avons de nouveaux patients Préparateurs.
Une personne traitée ne transmet pas le virus. Mais la sérophobie demeure…
C’est une phobie vraiment idiote. Il faut absolument rappeler qu’une personne séropositive et traitée ne peut pas transmettre le VIH. C’est sûr à 100%.
Vous suivez certains patients séropositifs depuis les années 1990…
J’ai certains patients que je connais depuis que je suis là-bas, c’est-à-dire depuis 1994. Certains sont susceptibles de développer plus de maladies que la moyenne car au début de leur traitement, les molécules qui leur permettaient de vivre étaient également très toxiques pour leurs corps.
Les traitements ont beaucoup progressé, sont moins mutilants, avec moins d’effets secondaires. Certaines personnes disent qu’elles oublient parfois leur VIH. C’est une grande victoire.
(1) Depuis le 1est Depuis septembre 2024, l’accès direct au dépistage des autres infections sexuellement transmissibles (IST) que le VIH est possible à la demande du patient, sans ordonnance et sans rendez-vous, dans tous les laboratoires de biologie médicale, y compris les laboratoires médicaux. établissements de santé.