Dans les années 2010, le nombre de nouvelles infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a diminué d’un cinquième à travers le monde, selon un vaste rapport publié mardi 226 novembre dans la revue Lancette VIH.
Les décès, généralement causés par des maladies opportunistes lorsque le sida survient au dernier stade de l’infection, ont diminué d’environ 40 % pour tomber bien en dessous du seuil d’un million par an.
Cette tendance est principalement alimentée par une nette amélioration en Afrique subsaharienne, de loin la région du monde la plus exposée à l’épidémie de sida.
Le bilan reste néanmoins mitigé puisque les infections rebondissent dans d’autres régions, comme l’Europe de l’Est ou le Moyen-Orient. On est loin des objectifs de l’ONU qui voudrait quasiment éradiquer l’épidémie d’ici 2030.
Des outils efficaces
Il existe un consensus parmi les experts du VIH sur un point : les traitements préventifs, appelés PrEP, sont devenus cruciaux dans la lutte contre l’épidémie.
Pris par des personnes qui ne sont pas infectées mais qui adoptent des comportements considérés comme à risque, ils fonctionnent très bien pour éviter l’infection.
Les spécialistes poussent donc à leur expansion. Ainsi, en France, les autorités sanitaires viennent d’en faire le point culminant de nouvelles recommandations : la PrEP ne doit plus être réservée aux hommes ayant des relations homosexuelles.
« C’est quelque chose qui peut être utilisé par toute personne qui en a besoin à un moment donné de sa vie sexuelle. », a souligné l’infectiologue Pierre Delobel lors d’une conférence de presse organisée par l’institut ANRS, qui a cosigné ces recommandations.
Les personnes déjà infectées disposent de traitements de plus en plus efficaces et pratiques, notamment parce qu’ils doivent être pris beaucoup moins fréquemment.
Des obstacles demeurent
Cependant, le déploiement de traitements – préventifs ou non – se heurte encore à de nombreux obstacles. C’est particulièrement le cas dans les pays pauvres, comme en Afrique, où le coût des médicaments reste un problème.
Une affaire a alimenté la polémique ces derniers mois. Le laboratoire Gilead propose un médicament, le lénacapavir, qui promet une efficacité sans précédent, que ce soit en prévention ou en traitement.
Les experts affirment que cela pourrait changer la donne, mais son coût est astronomique – 40 000 dollars par personne et par an.
Sous la pression des acteurs de la lutte contre le sida, Gilead a annoncé début octobre qu’elle autoriserait la production de son traitement à coût réduit par plusieurs laboratoires génériques, destinés aux pays les plus pauvres.
Mais les freins ne sont pas seulement financiers, notamment pour les traitements préventifs. Il faut aussi faire accepter l’idée d’en prendre sans crainte d’être stigmatisé, alors que des comportements comme l’homosexualité restent, de fait, inacceptables dans de nombreux pays.
« Le déploiement de la PrEP en Afrique est confronté à un défi majeur : que les personnes à haut risque réalisent et reconnaissent qu’elles sont à risque. », résumait en 2021 un article du Lancet Santé mondiale.
Le problème est le même pour le dépistage, particulièrement important puisque de nombreuses infections sont détectées à un stade bien avancé, ce qui complique leur traitement.
Et les vaccins ?
Enfin, certains points font l’objet d’une attention médiatique qui peut paraître disproportionnée. Ainsi, des recherches sur des vaccins n’ont pas encore donné de résultats probants.
Avec l’efficacité des traitements préventifs, « N’avons-nous pas enfin presque un vaccin ? », a demandé l’infectiologue Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS – institut français pionnier dans la lutte contre le sida – lors d’une conférence de presse à la mi-octobre, admettant que « la recherche sur les vaccins ne doit pas s’arrêter ».
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-chiffres-du-sida-sont-plutot-bons-en-2023-dans-le-monde-ca-pourrait-etre-encore
Autre évolution à ne pas souligner, les quelques cas de rémission observés ces dernières années : moins d’une dizaine au total. Certes spectaculaires, elles sont la conséquence de greffes de cellules souches, opérations risquées qui ne sont possibles que dans des cas bien précis.
Avec l’AFP