Le regard d’une fille et de son père sur la Dolce Vita

Le regard d’une fille et de son père sur la Dolce Vita
Le regard d’une fille et de son père sur la Dolce Vita

« Un soir, en revenant de l’espace autogéré de Lausanne, j’ai raconté ma soirée à mon père. Il m’a immédiatement posé la question suivante : « Savez-vous ce qu’il y avait avant ? Je savais que c’était une salle de concert. C’est comme ça que j’ai su qu’il avait passé beaucoup de temps à la Dolce Vita. Il a donc allumé la table lumineuse pour me montrer les négatifs des nombreuses photos qu’il avait prises lors des concerts là-bas. C’était magique ! Les photos sont si belles. Ils reflètent l’atmosphère et une énergie extraordinaire.

Ce qui était cool, c’est que mon père me racontait des histoires et me jouait de la musique en même temps. Il m’a plongé dans l’ambiance, j’ai été touché de voir à quel point cela l’affectait. Cet endroit était vraiment important pour lui.

Je savais que mon père avait pris beaucoup de photos, il en avait déjà exposé certaines. Mais jamais à ce sujet. Je ne comprenais pas pourquoi il ne se mettait jamais en avant dans son travail photographique, qu’il considère plutôt comme un hobby parmi les autres. Je pensais que c’était dommage.

Je lui ai dit : « Il faut qu’on en fasse une exposition ou quelque chose du genre. » L’idée m’est venue à l’esprit et je l’ai toujours gardée dans un coin de ma tête. J’ai décidé d’en faire un livre pour mon mémoire de diplôme à Eracom.

J’ai 24 ans, je suis née un an après la fermeture de la Dolce Vita, en 1999. Je n’ai donc pas connu l’effervescence de cette époque à Lausanne ni de ce lieu mythique.

Mon père y passait du temps pour voir et écouter les artistes et les prendre en photo. Après le concert, il partait pendant que tout le monde restait pour faire la fête. Parce que c’était aussi un lieu de rencontre unique dans la région.

J’aurais vraiment aimé voir ça, c’est tellement difficile de me projeter dans l’esprit des gens qui ont vécu cette période. Cette énergie et cet esprit libertaire n’existent plus aujourd’hui. La musique était au centre de tout. J’ai le sentiment que les gens rêvent aujourd’hui de renouer avec ce type d’ambiance. Nous avons toujours de belles adresses en Suisse, comme l’Usine, à Genève, ou la Case à Chocs, à Neuchâtel. Mais je ne pense pas que l’état d’esprit soit comparable à celui de cette époque.

A l’origine, le mouvement Lôzane bouge s’est battu pour obtenir et créer un lieu où aller voir des concerts accessibles à tous. De grands artistes venus parfois de loin voulaient jouer à la Dolce Vita. Mes parents me parlent de cette époque et de ce lieu comme d’une explosion totale.

Passion commune pour la musique

Je vis désormais à Paris, où je suis graphiste. Cette ville me permet d’assouvir mon appétit pour les arts grâce à une offre culturelle abondante. Je vais écouter des concerts, voir des expositions. Je ne sais pas si on peut appeler ça du punk, mais j’ai découvert un lieu avec deux salles que j’aime beaucoup : La Gare/Le Gore. L’entrée est gratuite. De 21h à minuit, La Gare propose des concerts de jazz, et de l’autre côté c’est plus techno jusqu’à 5h du matin

C’est un peu une vieille gare délabrée avec de la moquette partout, c’est très cool. Il y a là une vraie mixité sociale et générationnelle, des jeunes s’amusant avec des gens qui ont l’âge de leurs parents. Ce lieu un peu alternatif est encore relativement peu connu.

« La musique fait partie de ma vie… »

Mon père et ma mère m’ont transmis la passion de la musique. Mes plus beaux souvenirs remontent au Paléo Festival, lorsque mon père travaillait au Village du Monde. J’ai passé tous mes étés dans la plaine de l’Asse et j’ai vu une multitude de concerts avec lui. Je me souviens, entre autres, d’Asaf Avidan et de Stromae. J’ai vu tellement d’artistes sur scène que je ne me souviens pas de tous leurs noms. J’ai des images qui me reviennent, notamment le concert du collectif de reggae jamaïcain Inna de Yard, qui m’a particulièrement marqué.

J’ai été immergé très tôt dans l’énergie du live. Ma mère me raconte que lorsque mon père travaillait pour le label indépendant Recrec, il rentrait à la maison avec des artistes. Il y a une photo de moi bébé dans les bras des membres du groupe de métal Apocalyptica, qui jouent du violoncelle, nous les avions croisés par hasard dans un avion.

Sur la première page du livre, j’écris « La musique fait partie de ma vie… » parce que je l’écoute beaucoup et aussi parce que j’aime chanter. J’ai fait du chant lyrique au Conservatoire. Et avant de commencer ma formation de graphiste, j’ai moi-même écrit et joué une pièce de théâtre, De l’autre côté du miroir, lors de ma dernière année à l’école Steiner. Je me suis parlé dans un miroir à la recherche de mon identité.

Je suis passionné, c’est pourquoi j’ai choisi le métier de graphiste, qui me permet d’aborder de nombreux univers différents.

Lorsque nous avons vernissé l’œuvre La Dolce, deux regards à l’Atelier, un café situé avenue de France, à Lausanne, en avril, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été très touchée de voir autant de monde se presser dans ce petit espace, ça débordait dans la rue ! Blaise Duc et Mandrax ont donné un coup de boost à l’événement, je pense qu’au final on a eu 300 personnes, c’était énorme !

C’était une sorte de retrouvailles, certains ne s’étaient pas vus depuis La Dolce Vita. C’était vraiment touchant de voir tous ces gens réunis qui ont des souvenirs communs, ainsi que d’autres générations, dont de nombreux amis à moi.

Lors de ce vernissage, face à l’accueil très favorable du public, l’idée d’une exposition refait surface. Rien n’est prévu pour le moment, mais nous y réfléchissons. Cela permettrait d’en montrer davantage, car il existe bien d’autres photos, et pas seulement de la Dolce Vita, il y a aussi Fri-son, à Fribourg, et l’Usine, à Genève. Et Paléo bien sûr.

Le journal La Dolce, deux vues d’Edgar et Céleste Cabrita, en commande : [email protected]

 
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