Indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, le cholestérol n’est pas mauvais en soi. Mais présent dans l’excès de sang, sous sa forme « oxydée » par le stress ou une mauvaise alimentation, il favorise une cascade pro-inflammatoire et devient un facteur de risque cardiovasculaire – entre autres, moins connu et tout aussi délétère.
Par ailleurs, il ne faut pas négliger des pistes méconnues – comme le rôle de l’hypothyroïdie – dans la gestion d’un taux de cholestérol trop élevé, ni les dangers d’un taux trop bas. Les explications de Sophie Schaeffer (en photo)micronutritionniste, et ses conseils pour agir dans l’assiette.
Un lipide indispensable à l’organisme
Le cholestérol est un lipide – une graisse non soluble dans l’eau – et c’est une molécule essentielle au bon fonctionnement de notre organisme, explique Sophie Schaeffer, qui énumère quatre fonctions principales.
« Cela fait partie de la composition de nos membranes cellulaires. Elle permet la production d’hormones stéroïdes (oestrogènes, progestérone, cortisol, DHEA…). Elle participe également à la production de vitamine A dont elle est précurseur et enfin, elle est indispensable à la digestion des graisses, notamment via la production de bile.
Bon ou mauvais : le faux procès
Il est souvent diabolisé en parlant du « bon » et du « mauvais » cholestérol. « Pour être transporté, le cholestérol a besoin de lipoprotéines, un peu comme des petits « camions : LDL et HDL », explique la nutritionniste.
“Les LDL transportent le cholestérol vers les cellules, en fonction de leurs besoins, tandis que les HDL ramènent l’excès de cholestérol dans les cellules, vers le foie où il est soit éliminé, soit utilisé pour d’autres fonctions.” C’est le premier, le LDL, qui a mauvaise réputation. “Toutefois, ce n’est pas nocif en soi. Sa fonction est tout aussi essentielle que celle du HDL.
Le risque cardiovasculaire : un facteur parmi d’autres
Les LDL sont un facteur de risque cardiovasculaire lorsqu’elles circulent en quantité excessive dans le sang, sous forme oxydée. « Il peut s’oxyder pour de multiples raisons : notamment en cas de stress ou de mauvaise alimentation. Le cholestérol oxydé favorise une cascade pro-inflammatoire pouvant entraîner des troubles de la coagulation et donc un risque cardiovasculaire.
Cependant, en imputant ce risque uniquement au cholestérol, et en particulier au LDL, “c’est une vision très réductrice, souligne le micronutritionniste. D’autres facteurs doivent être pris en compte. Le tabagisme, une glycémie élevée à jeun et le surpoids sont tout aussi nocifs, tout comme certains facteurs dits « résiduels ».ec’est”. Il est donc intéressant de prendre en compte la présence d’une inflammation de bas grade – qui passe inaperçue mais qui peut être révélée par un test ultrasensible de CRP (1) –, d’un microbiote malsain ou encore « d’un taux élevé d’homocystéinémie (2). marqueurs du risque cardiovasculaire.
1. La protéine C-réactive ultrasensible (CRPus) est un marqueur inflammatoire mesuré dans le sang.
2. Le taux sanguin d’homocystéine, un acide aminé, est également un marqueur d’évaluation et de surveillance du risque cardiovasculaire.
Seulement 20 % du cholestérol provient de l’alimentation
« 20 % du cholestérol est fourni par l’alimentation, mais la majorité, soit 80 %, est fabriquée par l’organisme. » Or, indique Sophie Schaeffer, l’alimentation est un levier d’action intéressant pour lutter contre l’hypercholestérolémie en réduisant un taux de cholestérol dans le sang trop élevé et surtout en limitant le risque oxydant.
« Plus l’indice glycémique des aliments consommés est élevé, plus nous produisons d’insuline et plus nous produisons de cholestérol. Un régime à index glycémique bas est donc recommandé (lire ailleurs).»
Le rôle de la thyroïde
Il existe d’autres causes peu connues d’hypercholestérolémie, notamment l’hypothyroïdie. « C’est l’hormone thyroïdienne T3 qui permet au cholestérol de pénétrer dans les mitochondries pour contribuer à la production d’hormones. Si le T3 fait défaut, le cholestérol s’accumule dans la circulation sanguine. Il suffit donc parfois de réguler le fonctionnement de la thyroïde pour agir sur l’excès de cholestérol. Cela peut suffire à éviter l’instauration d’un traitement par statines.
Alternatives aux statines
« Dans certains cas, les statines sont des médicaments indispensables, notamment en cas d’hypercholestérolémie familiale avec antécédents de maladies cardiovasculaires, explique Sophie Schaeffer. Mais il faut savoir que ces médicaments abaissent également le taux de cholestérol dans le cerveau. Plusieurs études affirment qu’ils augmentent le risque de démence ou de maladie d’Alzheimer. Ils ont aussi de nombreux effets secondaires : fatigue, douleurs musculaires, troubles cognitifs… »
« En dehors de tout facteur de risque familial, vous pouvez commencer par modifier votre mode de vie en optant pour un régime à IG bas. (lire ailleurs). S’il y a un risque, on peut aussi creuser un peu plus, rechercher un problème au niveau de la thyroïde et mesurer les anticorps anti-LDL pour détecter l’oxydation ou la CRP ultrasensible qui est la marque d’une inflammation de bas grade. L’intérêt de ces examens complémentaires est d’explorer des pistes en santé fonctionnelle pour faire baisser le cholestérol tout en évitant, lorsque cela est possible, la surprescription de statines.