![Plongée à Villers-Cotterêts, six mois après l’ouverture de la Cité internationale de la langue française](https://news.dayfr.com/temp/resized/medium_2024-06-18-b0ab847c18.jpg)
Samedi 8 juin, veille des élections européennes. Le public est clairsemé, mais l’ambiance est bon enfant au château de Villers-Cotterêts (Aisne), ancien relais de chasse de François Iereuh, transformée en 2023, après d’importants travaux de restauration, en Cité internationale de la langue française. Lycéens et compagnies de théâtre amateurs rivalisent d’éloquence lors du Château Festival, organisé par une poignée de bénévoles dans le parc qui longe la forêt de Retz. A quelques centaines de mètres, nous réglons la sonorisation du bal Joséphine B[re]aker, qui a lieu le soir même dans la cour. « Nous sommes pleinement sur la bonne voie »sourit Paul Rondin, directeur depuis janvier 2023 de cet établissement qui combine un cours interactif autour de la langue française, des résidences pour auteurs francophones et un auditorium pour des spectacles.
En six mois, la Cité internationale de la langue française compte 180 000 visiteurs, sans préciser leur profil ni la proportion d’entrées payantes. «On y verra plus clair cet été»promet Paul Rondin, convaincu d’attirer le grand public avec la nouvelle exposition “C’est une chanson qui nous ressemble”, consacrée aux stars francophones, prévue jusqu’au 5 janvier 2025.
Déjouer le destin
Non sans malice, son commissaire, le journaliste musical Bertrand Dicale, a débuté le voyage avec la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura, qui, attendue pour chanter Piaf lors des JO, a été la cible en mars d’un torrent de haine émanant de l’extrême droite. . Tout un symbole, dans une commune administrée depuis dix ans par un maire Rassemblement national (RN), Franck Briffaut, partisan de Jean-Marie Le Pen.
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Emmanuel Macron a cru qu’en transformant à grands frais ce château délabré en haut lieu de la francophonie, il offrirait un bouclier contre l’intolérance. En l’inaugurant le 30 octobre 2023, il a fait l’éloge d’une langue mondiale « hospitalier et voyageur »au moment où « nous aimerions renvoyer les communautés dos à dos ». Cette profession de foi, couplée à un investissement colossal de 211 millions d’euros que la Cour des comptes a en ligne de mire, n’a pas fait reculer l’extrême droite. Dans ce coin de Picardie oublié des pouvoirs publics, les Cotteréziens ont voté le 9 juin à 46,9% pour la liste européenne du président du RN, Jordan Bardella.
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Inverser les mentalités prend du temps, veut croire Paul Rondin. « Je suis dans le lieu dont j’ai toujours rêvé, où je peux accueillir tous les artistes, tous les publics sans prérequis. » Où, espère-t-il, il pourra déjouer le destin. En 2014, lorsque le Front national remporte la mairie de Villers-Cotterêts, Paul Rondin soutient Olivier Py, alors directeur du Festival d’Avignon. Ces derniers avaient alors menacé de délocaliser la prestigieuse manifestation si le parti d’extrême droite remportait les suffrages dans la Cité des Papes.
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