On le savait cinéphile, costumier pour le 7e art, Jean-Paul Gaultier a fait son entrée dans le cinéma d’animation, comme directeur artistique d’un long métrage dont les premiers visuels ont été dévoilés jeudi au Festival d’Annecy.
“J’étais flatté qu’on pense à moi”: l’idée a immédiatement séduit le créateur de mode de 72 ans, retiré des podiums depuis 2020, lorsque le studio franco-belge nWave l’a approché pour lui proposer de collaborer à un film d’animation qui plonge le spectateur dans l’univers de la mode.
“En animation on peut tout faire, même l’impossible, c’est ça qui est génial”confie Jean-Paul Gaultier à l’AFP en marge du Festival international d’Annecy, rendez-vous incontournable de la profession.
« L’approche de la ligne, une silhouette, une ligne »: cette technique cinématographique “correspond plus à ce que je sais” par rapport aux films d’action réelle, ajoute le ” directeur artistique “ de ce projet lors de sa présentation au public.
Les travaux, sous la direction du réalisateur Benoît Philippon, ont débuté il y a environ un an et demi et n’en sont qu’à leurs débuts : le film, qui n’a pas encore de titre, est annoncé pour début 2027.
Jean-Paul Gaultier le 6 novembre 2023, à Lisbonne, Portugal / PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP/Archives
Matthieu Zeller, président du studio nWave (« Le Voyage extraordinaire de Samy », « Famille Bigfoot », ” Inséparable “) a raconté comment, lors de leurs premières rencontres, Jean-Paul Gaultier a très vite imaginé pouvoir “faire le défilé dont (il) a toujours rêvé dans la vraie vie”.
C’est lui qui présente alors à Jean-Paul Gaultier le scénario de l’écrivaine Emilie Frèche : l’histoire d’un papillon de nuit qui rêve de faire de la haute couture, loin de son destin de faiseuse de pulls troués. Un univers à la fois réaliste et contemporain, mêlant le monde des humains et celui des insectes.
“Fantaisie”
« Il apporte beaucoup, non seulement des idées visuelles et graphiques, mais aussi un esprit, une vision de la mode qui est fantastique, qui est très cinématographique et aussi très accessible »se réjouit M. Zeller, dont le studio, spécialiste reconnu de la 3D numérique, fête cette année ses 30 ans.
Jean-Paul Gaultier, le 6 juillet 2023, à Paris / JULIEN DE ROSA / AFP/Archives
Les premières images, croquis non encore animés, révèlent l’influence Gaultier : dans les tenues bien sûr, mais aussi les personnages. L’une est par exemple inspirée par l’actrice Rossy de Palma, qui fut l’une des égéries du créateur, une autre par l’homme au pull rayé lui-même, sous les traits d’un ” mythe “ de la mode s’installe avenue Montaigne à Paris. La capitale où se rend l’héroïne pour tenter de réaliser ses rêves.
« Jean-Paul nous apporte des anecdotes drôles, des idées extrêmement adaptées à l’animation »souligne Matthieu Zeller auprès de l’AFP. “On ne pouvait pas faire ce film avec quelqu’un d’autre que lui, et son regard libre, fantaisiste et peu sérieux”qui se prête parfaitement à l’animation grand public.
Jeau-Paul Gaultier avait « une sorte de coup de foudre » pour le projet. « J’essaie de m’adapter et de voir, en fonction des techniques possibles, jusqu’où on peut aller » dans l’animation, dit-il. Il se reconnaît également dans les récits initiatiques et les comédies d’aventures.
« Dans le scénario, il y avait beaucoup de choses qui me convenaient, dans la vision de montrer les différents types de beauté, les différences. Cela me concerne et c’est ce que j’ai toujours fait un peu dans mes défilés »souligne-t-il.
