Les crampes nocturnes des membres inférieurs restent mal connues, leur cause exacte n’étant toujours pas identifiée et aucun traitement efficace et sûr n’existe à ce jour. La prescription de quinine (relaxant musculaire) est très limitée en raison de ses effets indésirables (réactions allergiques, problèmes visuels et auditifs, troubles sanguins). Quant au magnésium, il n’existe aucune preuve de son efficacité.
Un essai chinois randomisé, multicentrique, en double aveugle, contrôlé par placebo – ce qui signifie le plus haut niveau de preuves scientifiques – a été mené auprès de personnes âgées de 65 ans et plus qui avaient eu au moins deux épisodes de crampes nocturnes dans les jambes au cours des deux semaines précédentes. Selon les résultats qui viennent d’être publiés dans JAMA Internal Medicine, une supplémentation quotidienne en vitamine K2 serait efficace pour réduire les crampes.
La famille des vitamines K est essentielle à plusieurs fonctions biologiques, notamment la coagulation sanguine, la santé des os et le métabolisme du calcium.
Crampes moins fréquentes et moins sévères avec la vitamine K2
Dans l’essai, la vitamine K2 a été administrée aux participants à raison de 180 mcg par jour pendant 8 semaines.
Plus précisément, celui-ci a été administré sous sa forme ménaquinone-7, qui est l’une de ses principales variantes. Le MK-7 est souvent favorisé dans les études et les compléments alimentaires en raison de sa biodisponibilité et de sa durée d’action plus longue dans l’organisme, par rapport aux autres formes de vitamine K.
Près de 200 participants ont pris part à cette étude. Ces derniers avaient rapporté plus de 2,5 épisodes de crampes nocturnes par semaine. Après les 8 semaines, rien n’a changé chez les personnes du groupe placebo, tandis que celles du groupe vitamine K2 ont vu la fréquence de leurs crampes diminuer. En plus de la fréquence, la gravité des crampes s’est atténuée, tout comme la durée de chaque épisode.
Les auteurs concluent que la supplémentation en vitamine K2 réduit la fréquence, raccourcit la durée et réduit l’intensité des crampes musculaires chez les personnes âgées souffrant de crampes nocturnes, dès la première semaine d’intervention, et sans effets indésirables. Des recherches doivent être menées pour confirmer ces résultats et particulièrement chez les personnes dont l’intensité des crampes nocturnes dans les jambes est sévère car les participants souffraient ici en moyenne de crampes d’intensité modérée.
Vitamine K2 dans l’alimentation quotidienne
Sans être équivalent à une supplémentation quotidienne, il faut savoir que la vitamine K2 est présente principalement dans les viandes, les œufs et les produits laitiers fermentés comme certains fromages. La consommation de ces aliments riches en vitamine K2 peut être encouragée, de manière raisonnable bien entendu, y compris en cas de taux de cholestérol dans le sang trop élevé.
Comment la vitamine K2 agirait-elle ?
En laboratoire, un mécanisme expliquant l’effet relaxant de la vitamine K sur les muscles a été observé : cette vitamine favorise la relaxation des fibres musculaires en empêchant le calcium de pénétrer de l’extérieur dans les cellules musculaires.
Aucun effet indésirable lié à la vitamine K2 n’a été observé dans cette étude, ce qui est plutôt rassurant chez les personnes âgées qui sont le plus souvent touchées par des crampes nocturnes. Mais attention car la vitamine K2 est déconseillée aux patients sous traitement par warfarine (en cas de troubles du rythme cardiaque pouvant les exposer à un accident vasculaire cérébral, une embolie pulmonaire, etc.). Cependant, ce médicament est couramment prescrit aux personnes âgées. La warfarine agit en inhibant l’action de la vitamine K, qui joue un rôle crucial dans la coagulation sanguine. La vitamine K2 peut donc réduire son efficacité anticoagulante.
Source : Tan J, Zhu R, Li Y et al. Vitamine K, dans la gestion des crampes nocturnes dans les jambes : un essai clinique randomisé. JAMA Stagiaire Méd. Publié en ligne le 28 octobre 2024 ; Fréquences des symptômes musculaires dans la population générale, par Eric Bruckert