Comme chaque année, Santé publique France et le ministère de la Santé, l’Assurance maladie, ont lancé vendredi 1er novembre la nouvelle édition du défi Mois sans tabac.
Mais dans les pharmacies de la Côte d’Azur, comme partout en France, certaines références à des pastilles, patchs, chewing-gums et autres produits à base de nicotine pour aider au sevrage manquent dans les rayons. Les syndicats de pharmaciens dénoncent des problèmes d’approvisionnement.
“C’est quand même assez drôle d’inciter les gens à arrêter de fumer en proposant le remboursement de produits qu’on ne peut pas obtenir”réagit Cyril Colombani, pharmacien à Roquebrune-sur-Argens et président du Syndicat des syndicats de pharmaciens d’officine des Alpes-Maritimes.
« Nous sommes en rupture de stock sur les références remboursées par l’Assurance Maladie. Les produits non remboursés, à prix libres, et, en gros, une fois et demie plus chers que les produits remboursés, nous les avons”continue-t-il.
« C’est drôle pour le mois antitabac. C’est beaucoup plus compliqué quand il s’agit de traitements anti-hypertenseurs ou d’autres traitements de pathologies graves qu’on n’arrive pas à avoir. Parce que nous sommes toujours au même niveau de pénurie. Cela ne s’est pas amélioré depuis mars.»alerte le pharmacien roquebrunois.
“Le vrai problème, c’est le prix”
Parmi les produits les plus demandés pour lutter contre la dépendance au tabac « des patchs et des petits comprimés à sucer. Certaines marques ne sont plus disponibles, puis le mois suivant elles reviendront et d’autres seront concernées. C’était déjà le cas cet été”constate Raphaël Gigliotti, président du syndicat des pharmaciens des Alpes-Maritimes.
« Le vrai sujet, c’est le prix. La France achète les patchs au prix le plus bas, presque, de toute l’Europe. Donc évidemment nous sommes les derniers approvisionnés, nous sommes confrontés à des ruptures de stock, comme tous les autres médicaments qui sont régulièrement indisponibles en France.»déplore le pharmacien niçois.
Des répercussions sur la santé à long terme
De là à un sevrage tabagique compromis ? “En effet, il y en a pour qui la marque a eu beaucoup de succès et qui peuvent se dire qu’ils vont arrêter, comme ce patient qui ne supportait pas certains patchs à cause d’une allergie”cites Raphaël Gigliotti as an example.
“Les gens moyennement motivés peuvent les ralentir, confirme Cyril Colombani, qui prévient : À long terme, cela entraînera d’énormes coûts sanitaires et humains, car nous aurons davantage de cancers.
Selon les estimations de Santé Publique France, plus d’1 million de personnes fument quotidiennement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit 29,1 % de la population. La prévalence du tabagisme quotidien y est bien plus élevée que dans le reste de la France (25 %).
En attendant que les références manquantes reviennent en stock, les professionnels invitent les candidats au sevrage “passer d’une marque à une autre, avec les conseils d’un pharmacien”.