« En Corse, certains jeunes de 17 ans fument deux paquets de cigarettes par jour »

« En Corse, certains jeunes de 17 ans fument deux paquets de cigarettes par jour »
« En Corse, certains jeunes de 17 ans fument deux paquets de cigarettes par jour »

Ce vendredi 31 mai marque la Journée mondiale sans tabac. Cette année, il est dédié aux jeunes. En France, un programme qui leur est spécifiquement dédié, Tabado. Sacha Contesto, animateur de prévention sur l’île, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.

Depuis 1987, le 31 mai est la Journée mondiale sans tabac organisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son objectif : « faire prendre conscience de l’épidémie de tabagisme et de ses effets meurtriers à travers le monde. Le tabagisme est la plus grande épidémie évitable à laquelle sont confrontés les professionnels de santé », déclare l’OMS.

Cette année, les actions ciblent les jeunes qui, selon l’OMS, sont ciblés par « l’industrie du tabac pour pérenniser ses profits et ainsi créer une nouvelle génération de personnes dépendantes ».

En France, le programme Tabado, mis en place par l’Institut national du cancer, accompagne spécifiquement les jeunes des CFA, lycées professionnels ou agricoles dans l’arrêt du tabac. Sacha Contesto, animateur prévention tabac, répond aux questions de France 3 Corse.

Qu’est-ce que le programme Tabado ?

Dans les CFA, lycées professionnels et agricoles, la consommation de tabac double par rapport aux filières générales. Depuis trois ans, nous nous rendons dans ces établissements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse où nous menons des actions innovantes et gratuites.

En plus des stands d’information, nous rencontrons les étudiants pendant les heures de cours. Nous sommes toujours accompagnés d’une infirmière tabacologue ou d’un tabacologue, ce qui nous permet de recevoir des jeunes en consultation dans la journée. Ainsi, nous pouvons vous livrer gratuitement des patchs, des gommes ou des pastilles.

Le programme fonctionne bien puisqu’un fumeur sur deux s’inscrit à une consultation et 20 % arrêtent de fumer. Il faut savoir que ces jeunes bénéficient d’un accompagnement tout au long de l’année scolaire avec des rendez-vous, en personne ou par téléphone, avec une infirmière tabac qui les coache.

Le programme est également ludique, car un concours est organisé entre les établissements. Ainsi, celui qui gagne le plus de points remporte une somme de 1 000 euros pour acheter du matériel de sport pour le lycée par exemple. Les points sont gagnés en fonction du nombre d’inscriptions ou de rencontres avec des professionnels.

Comment expliquer un si grand nombre de fumeurs dans ces établissements ?

Il y a plusieurs explications. Premièrement, les études sociologiques montrent qu’il y a beaucoup plus de fumeurs parmi les personnes qui n’ont eu aucune éducation ou aucune éducation, c’est-à-dire un niveau social inférieur.

Ces jeunes sont également exposés très tôt au monde professionnel au travers de stages. Ils font des pauses avec des adultes susceptibles de consommer des quantités importantes de tabac.

Et il y a aussi l’ennui. Lorsque les cours sont annulés, par exemple, ces élèves restent dehors pour fumer. Dans ces établissements, on constate une grande consommation de tabac en très grande quantité. Parfois, les jeunes de 17 ans fument deux paquets de cigarettes par jour.

Cependant, la consommation varie selon les établissements. Nous avons été agréablement surpris par le lycée polyvalent Fiumorbu. Là-bas, il est très mal vu de fumer, les élèves fumeurs sont donc très rares, 4 sur 440. A l’inverse, au lycée agricole de Sartène, un élève sur deux est fumeur.

A noter qu’en Corse, depuis quelques années, de moins en moins de garçons fument. Il y a donc davantage de filles qui fument. Pour l’instant, en dehors d’un phénomène de mode, cette spécificité ne s’explique pas.

Ce programme sera-t-il pérennisé ?

Nous sommes à un moment charnière, car à partir de l’année prochaine, l’institut national du cancer ne pilotera plus ce programme, tout sera transféré aux agences régionales de santé. Nous souhaitons que l’ARS de Corse soit sensibilisée aux bénéfices de ce programme afin que nous puissions continuer.

Pour le moment, nous sommes dans une incertitude totale, mais si le Tabado n’était pas maintenu, ce serait une catastrophe. Nous avons créé du lien avec les jeunes, ils nous connaissent et ils viennent nous voir même s’ils ne fument pas. Cela permet une identification précoce même sur d’autres consommations.

Donc, si le programme prenait fin, cela nous couperait d’une partie de la jeunesse corse.

 
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