“Si je suis le porte-parole de quelqu’un, ce n’est que moi-même.” – .

“Si je suis le porte-parole de quelqu’un, ce n’est que moi-même.” – .
“Si je suis le porte-parole de quelqu’un, ce n’est que moi-même.” – .

Vous apparaissez dans le livre extrêmement attaché à votre vie privée. Comment avez-vous finalement accepté de parler de certains de ces sujets ?

C’est encore une fois grâce à ce mode d’écriture : dans une conversation, on aborde les sujets plus facilement que dans un échange de questions-réponses. Après, je ne le cache pas : on pourrait tout se dire, mais tout ne se retrouverait pas forcément dans le livre. J’aurais pensé à le censurer beaucoup plus ! Mais ce qui est intime ne m’a pas dérangé lorsque je l’ai lu. C’est pourquoi il y a des choses dans le livre que je n’ai jamais dites. Je pense que c’était le bon moment de ma vie pour accepter de raconter cette histoire. Avec ce livre, je parle aussi à ma famille : mes enfants, ma femme, mes parents, mes frères et sœurs. C’est une déclaration d’amour pour le mien.

Dans ce livre, vous faites la distinction entre « Omar » et « Omar Sy ». Qu’est-ce que cela signifie ?

L’Omar Sy dont je parle dans le livre, ce n’est pas vraiment moi mais plutôt la projection que les autres font de moi. J’ai fait ce travail il y a longtemps : je sais que ce personnage public, ce n’est pas moi et que ce que les gens projettent sur moi, je ne pourrai jamais leur le donner. Je sais que je ne peux pas répondre aux attentes de tout le monde. De plus, à mon avis, ceux qui commencent à faire cela prennent le risque de se perdre ou de devenir fous. Mais je te rassure : tout va bien, je suis d’accord avec moi-même (sourire).

“Je suis Omar Sy, cette personne dont tout le monde parle, ce concept commercial”, vous écrivez.

Il est rare d’exprimer aussi clairement cette lucidité…

Je sais très bien qui je suis, d’une part, et ce que je peux représenter, d’autre part. Je suis évidemment conscient de ce concept commercial, et heureusement, d’autant que j’en profite aussi ! Je suis convaincu que, dans ma situation, cette lucidité est très importante pour continuer à aller bien.

« En 2011, je vivais et donnais des choses incroyables aux gens. Il fallait croire en Dieu car sinon on finit par croire que Dieu est soi-même. confier. Avez-vous dû quitter la France après le succès d’Intouchables ?

Tout ce qui m’a été donné à ce moment-là était énorme et je l’ai pleinement réalisé. Mais je me suis dit : « C’est beaucoup pour un être humain ». Et dans ces circonstances, on peut passer à autre chose, se croire supérieur, se considérer comme un surhomme. Cependant, dans mon éducation, il n’y a ni surhomme ni sous-homme. Avoir des particularités ne me dérange pas, et je le vis très bien, mais je ne suis pas extraordinaire au sens strict du terme. Je voulais donc éviter de faire fausse route. Ce que je dis dans le livre, c’est que dans ces circonstances, quand un tel succès vous tombe dessus, si vous ne croyez pas en Dieu, vous courez en réalité le risque de croire que vous en êtes un…

Vous dites que la célébrité est un piège. Vous considérez-vous à l’abri de ce piège ?

Je n’en ai aucune idée ! (Sourire) Ce qui est sûr, c’est que le piège a existé. Mais aujourd’hui j’ai un rapport à la célébrité qui me convient. Ai-je raison à ce sujet ? Ce n’est pas à moi de le dire.

Vous dites que vous doutez constamment mais que vous ne vous sentez pas inquiet…

Le doute est constamment présent, certes, mais il est moteur. C’est comme la peur : ce sont des signaux qui provoquent une réaction, qui poussent à agir. L’inquiétude, au contraire, est paralysante. Je pense qu’il faut accepter d’être humain et de faire des erreurs. Cela fait partie de l’apprentissage de la sagesse. Mais il n’est pas nécessaire d’être paralysé.

Vous dites “Je suis pauvre. Ma vie, c’est un peu comme être dans un camp d’été avec les riches.. Est-ce une manière de rester fidèle à ses origines sociales ?

La première chose, c’est que cela fait partie de moi : je ne contrôle pas cette origine sociale. La seconde est que même si je vis aujourd’hui très bien ma condition sociale, j’essaie constamment de prendre ce pas de côté. C’est ainsi que nous grandissons ; tout en restant capable de se regarder objectivement. J’y travaille tous les jours, même si je ne peux pas vous dire que j’y parviens !

Vous avez peu de projets de films en France. Pour quoi ?

Il y a deux facteurs : premièrement, je n’ai pas de projets qui m’offrent quelque chose de nouveau, que je n’ai pas encore réalisé. Maintenant, je ne veux absolument pas me répéter. Ensuite, je souhaite m’impliquer dans des projets qui correspondent aux valeurs que je souhaite défendre. Et c’est vrai que je n’en ai pas beaucoup. C’est aussi pour cela que j’ai créé mes propres structures de production.

Vous dites que vous avez peu d’attirance pour les personnages sombres. Pour quoi ?

Je ne me vois pas jouer un personnage sans possibilité de rédemption. Je pense que nous avons suffisamment de destins sombres dans le monde aujourd’hui. J’ai envie de raconter autre chose en tant qu’acteur, et de voir autre chose en tant que spectateur.

Vous vous êtes exprimé sur les réseaux sociaux à propos des violences policières. Certains aimeraient que vous soyez porte-parole. Comment voyez-vous cela ?

Quand je m’exprime sur les réseaux sociaux, ce n’est absolument pas prémédité. Ce sont des réactions. Je n’ai pas de méthode de communication particulière. Et si je parle au nom de quelqu’un, c’est uniquement pour moi.

Le cinéma de Trappes, votre ville natale, portera votre nom ce samedi 27 avril. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’était le premier cinéma où j’allais voir un film seul, sans mes parents. C’est quelque chose d’important, encore plus lorsque le cinéma fait alors partie de votre vie. J’avoue que j’ai même du mal à réaliser : le cinéma « Le Grenier à Sel », dans ma ville, qui devient le cinéma « Omar Sy » ! Je suis très touché par cette marque de reconnaissance. Pour le gamin que je suis encore, c’est un truc de fou !

 
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