La littérature « jeunesse » aura son festival à Lausanne

Les tentes qui abritaient BDFIL n’étaient pas encore démontés ce jeudi 2 mai, qu’une autre rencontre liée au livre se profilait déjà à Plateforme 10. Du 31 mai au 2 juin, le quartier des arts lausannois qui abrite le MCBA, le Mudac et Photo Élysée accueillera un événement unique appelé Booklovers, dédié à la littérature pour jeunes adultes.

Co-organisé par Plateforme 10 et Payot, le festival proposera sur trois jours une cinquantaine de manifestations autour de 17 auteurs, dont de grands noms du domaine comme l’Australien CS Placatmais aussi une majorité d’écrivains français comme Nine Gorman ou Margot Dessenne, ainsi que des influenceuses littéraires comme Mathilde Schaller, yverdonnaise, dont le compte TikTok @matoubook compte près de 39 999 abonnés, mais aussi la Française Audrey, qui anime « Le souffle des mots »sa chaîne YouTube compte plus de 100 000 abonnés.

Romance, fantastique ou « vraie vie »

Le nom « Young Adult » a été volontairement conservé en anglais car il n’a pas d’équivalent francophone, tout comme « Booklovers » correspond à un hashtag très répandu sur les réseaux sociaux. « Young A » ou « YA » en abrégé, regroupe une série de genres destinés aux 13-25 ans, aussi divers que le fantastique, la science-fiction, la romance, vrai vie, ou encore le mélange de certains d’entre eux comme la « romance ». Ici aussi, de nombreux termes viennent directement de l’anglais, car ce type de littérature émane du monde anglo-saxon, rayonnant de plus en plus largement auprès des francophones.

Patrick Gyger, directeur général de Plateforme 10, qui a piloté le festival de science-fiction Les Utopiales à Nantes, n’a pas voulu se cantonner à un seul genre, mais mettre en avant “tout un territoire très peu défriché par le champ culturel, et qui s’étend”. L’idée : attirer dans le giron de Plateforme 10 un public qui n’est pas celui qui fréquente habituellement les musées. « Nous avons des visiteurs de ces tranches d’âge, car l’entrée est gratuite jusqu’à 26 ans, mais toutes les études sur la fréquentation des musées montrent que le renouvellement du public n’est pas garanti. Nous voulons donc leur proposer quelque chose qui les intéresse, et montrer que nous sommes attentifs aux émergences culturelles.

En première ligne, les libraires constatent une forte croissance sur ce segment, alimentée par les réseaux sociaux : « On les voit arriver dans les rayons, souvent en groupe. Ils aiment parler de leurs lectures, à tel point que nous avons créé un corner Jeunes adultes dans notre agence lausannoise», note Bénédicte Kuchcinski, directrice générale adjointe de Payot.

Elle note également un fort intérêt pour l’objet livre et les éditions grand format. Les réseaux sociaux ont également donné naissance à des pratiques parallèles à la lecture comme le marbrage, qui consiste à décorer le dos de ses œuvres préférées. Le meeting de Lausanne vous proposera un essai lors d’un atelier.

Le panel d’invités se veut une représentation qualitative du Jeune Adulte, avec des noms connus, d’autres plus confidentiels qui commencent à s’imposer, mais aussi de l’actualité littéraire. Le dernier livre de l’Anglaise Bea Fitzgerald vient ainsi d’être traduit pour être fraîchement proposé à Lausanne, où l’on retrouvera également les éditions originales des ouvrages.

Loin de la douce bluette

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les thématiques qui traversent ces romans ne sont pas forcément légères, mais abordent des questions comme l’identité de genre, les relations avec les parents ou le suicide, mais aussi des thématiques sociales, voire politiques. Sans oublier l’écologie, comme dans la série « Terres sauvages » de l’Yverdonnais Lionel Tardy, seul Romand présent au festival. A noter toutefois que la tranche d’âge des 13-15 ans sera la moins représentée. Traduction : le rendez-vous ne s’adressera pas aux plus jeunes fans de « Harry Potter », certaines histoires contenant des scènes de sexe, de violence, ou les deux.

Ambiance festive

Enfin, l’événement qui propose des rencontres, des dédicaces, des master classes, souhaite créer une véritable ambiance de festival, avec notamment une soirée sur le modèle du « Prom Night » américain le vendredi, ou une autre, le samedi, en partenariat avec Canal+, où « La Maison du Dragon » sera projeté. Avant de devenir une série, l’histoire est née sous la plume de George RR Martin, père de “Games of Thrones”, sous le titre “Fire and Blood”.

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