L’ARS dépistage dans tous les sens en Occitanie, pour Cancer Rose, tout n’est pas rose

Le dépistage massif des personnes âgées de 50 à 74 ans a atteint un plafond de verre : seule une femme sur deux y participe. Peut-on parler d’un échec ? Alors que débute Octobre Rose, l’Agence Régionale de Santé souhaite dépister encore plus massivement. Le collectif de spécialistes Cancer Rose met en garde contre les fausses alertes, les surdiagnostics et les effets secondaires de cette méthode.

Octobre Rose a 30 ans. Trente ans de dépistage. Mais des études le prouvent : moins d’une femme sur deux participe au dépistage organisé en France. Le niveau de participation a même eu tendance à diminuer au cours des dix dernières années. Une étude de Santé Publique France souligne notamment un impact persistant de la crise sanitaire liée au covid.

Cancer du sein : quelque 12 000 décès par an en France

Face au cancer le plus répandu et le plus mortel chez les femmes (quelque 12 000 décès par an), les Françaises âgées de 50 à 74 ans se voient proposer, tous les deux ans, gratuitement, un examen clinique des seins et une mammographie, suivis d’une contre-relecture par un médecin. expert si le premier est normal ou par une évaluation diagnostique en cas d’image suspecte. Ainsi, quelque 2,6 millions de femmes ont eu une mammographie de dépistage organisée en 2023, soit 48,2% de participation (contre 44,8% en 2022). « Une hausse de la participation est donc observée en 2023 mais la participation sur la période des deux années glissantes 2022-2023 (46,5%) reste inférieure à celle de 2021-2022 (47,7%) »note l’étude.

Covid, “un doute sur l’utilité” et « désertification médicale »

Cancer tu es en retard. doctorat Institut national du cancer.

La France peine à atteindre l’objectif européen d’au moins 70 %. Le niveau de participation a même eu tendance à baisser dans le pays au cours des dix dernières années. « Après avoir augmenté jusqu’en 2011-2012 pour atteindre un sommet de 52,3 %, la participation au programme est depuis en baisse, pour toutes les tranches d’âge et toutes les régions »souligne ainsi l’étude. Cette tendance à la baisse est due, outre au bouleversement de la crise covid, à une “un doute sur l’utilité” ou le « désertification médicale ».

“Avec un taux de survie de 88%, ce dépistage est une réussite”

Didier Jaffre, directeur de l’ARS Occitanie. RD

« Nous avons atteint un… plafond de verre rose », a résumé Didier Jaffre. « Il y a eu 60 000 nouveaux cancers (tous confondus) en 2023 et 12 000 personnes sont décédées chaque année du cancer du sein. » a rappelé le directeur de l’ARS, mais nous n’aurons pas de réponse à notre question lors de cette conférence de presse. Nous ne le saurons pas – malgré ce dépistage massif et le « nombre de cas de cancer qui a doublé en 30 ans en France » – si l’on peut parler d’un échec de cette méthode de dépistage de masse. Ou non. Ou plutôt, nous avons obtenu cette réponse : « Les habitudes alimentaires jouent un rôledit Didier Jaffré ; de bonnes habitudes de vie aussi. Si j’étais cynique, je dirais que si on dépiste davantage, on trouve plus de cancers.» Et : « Avec un taux de survie très intéressant, 88 %, ce dépistage est une réussite. Évidemment, la question est inquiétante. Nous n’aurons pas non plus de réponse sur le taux d’évolution de la mortalité liée à ce type de cancer en Occitanie où un million de femmes sont éligibles à ce dépistage.

« Les mammobiles couvriront petit à petit tous les départements, après l’Hérault. A commencer par l’Ariège, le Gers, l’Aude, le Gard ou la Haute-Garonne »

PH. Ellen Sher, Unsplash

Pourtant, Didier Jaffre nous fait croire : « Mieux vaut prévenir que guérir… Nous devons convaincre toutes les femmes de se faire dépister le plus tôt possible pour avoir de meilleures chances de guérison », il avait déjà expliqué. C’est simple, fiable et gratuit. Encore trop peu d’entre eux sont détectés. Nous allons également lancer des actions en direction des populations précaires et isolées ; dans les quartiers sensibles ou en campagne. Les véhicules mobiles couvriront progressivement tous les départements, après l’Hérault. A commencer par l’Ariège, le Gers, l’Aude, le Gard ou la Haute-Garonne. Ce n’est pas tout. Philippe Trobadas, directeur de la CPAM de l’Hérault et coordinateur de la gestion des risques en Occitanie, explique à son tour que les 13 CPAM (caisses d’assurance maladie) vont contacter davantage de femmes. Il existe également un soutien financier à 43 associations pour un montant total de 168 000 €.

« Le taux de dépistage est de 56 % en Occitanie mais ce taux n’augmente pas. C’est une vraie difficulté pour nous »

« Le taux de dépistage chez les femmes de 50 à 74 ans est de 56 % en Occitanie mais ce taux n’augmente pas. C’est une vraie difficulté pour nous ; on est revenu à des chiffres qu’on connaissait avant le covid. Nous devons convaincre plus efficacement.» un dit Philippe Trobadas. C’est pire dans les quartiers sensibles et les zones rurales où le recours au dépistage est inférieur de 12 points à la moyenne régionale. Avec une nouveauté de ce dépistage de masse tous azimuts : « La CPAM, à Albi, il précise, a ouvert une plateforme d’appel pour les femmes concernées dans les 13 départements. Une vingtaine de conseillers se relaient pour tout dire « la valeur du dépistage ». Laurence Pochard, déléguée des usagers de France Assos Santé, évoque parmi les autres freins au dépistage une enquête dans laquelle les femmes qui le refusent invoquent plusieurs raisons : « Ils ont peur du résultat ; que ça fait mal ; qu’ils n’ont pas d’antécédents de cancer dans leur famille et qu’ils n’ont pas le temps.

« Les femmes devraient bénéficier d’une information claire sur le dépistage du cancer du sein et ce n’est pas le cas !

Cécile Bour. Photo: DR.

À quelle poitrine se consacrer ? Radiologue, née à Alès, auteur d’ouvrages abordant ce thème, Cécile Bour elle a sa religion, elle qui ne se décourage pas de prêcher dans le désert, ce qui l’est certes de moins en moins. Son mantra : « Les femmes devraient bénéficier d’une information claire sur le dépistage du cancer du sein et ce n’est pas le cas ! Pourquoi, malgré ce dépistage massif, y a-t-il encore environ 12 000 décès par an en France ? Parce que le dépistage de masse ne fonctionne pas. Pourquoi ne parlons-nous pas non plus des effets secondaires importants ? des surdiagnostics et des examens finalement souvent inutiles car il s’agit de fausses alertes ? Comme Dis-Leurs vous l’expliquait ICI. Chiffres à l’appui, elle réaffirme « qu’avant 50 ans, ce n’est pas un test utile. Les femmes doivent avoir accès à des informations équitables. C’est même une erreur.

« Pour ce dépistage d’État, c’est compliqué de revenir en arrière et de dire : “Désolé, on s’est trompé…”

Pourquoi Cécile Bour et ses confrères médecins collectifs Rose Cancer, qui ont créé un site internet avec des outils d’aide à la décision, ne sont plus écoutés….? « Il y a au moins trois phénomènes, dit-elle. La première est que les médecins croient vraiment au dépistage de masse et n’y réfléchissent pas plus loin. Le deuxième phénomène, c’est que pour cette projection d’État, c’est compliqué de revenir en arrière et de dire : « Désolé, on s’est trompé… Et, enfin, ça paraît un peu complotiste mais c’est la vérité : il y a tout un lobby autour de ce mois d’Octobre Rose. : le Ruban Rose est une entreprise commerciale ; il y a du parrainage partout… A quoi sert réellement l’argent récolté ? Nous ne savons pas.

Olivier SCHLAMA

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