un trio féminin prend les rênes de Spoutnik

Un trio féminin prend les rênes de Spoutnik

Publié aujourd’hui à 9h01

Le plus beau cinéma du monde. Concernant le cinéma de l’Usine, plus connu sous le nom de Spoutnik, le nom est né il y a quelques années sur les réseaux sociaux, on ne sait pas trop où ni quand. Et elle est restée ! A partir du 8 mai, une nouvelle programmation tentera de corroborer cette affirmation. L’arrivée d’un trio de programmateurs, que nous avions hâte de rencontrer, devrait en effet en apporter la preuve, d’autant que leur ligne éditoriale est aussi riche que surprenante, jonglant entre rétrospectives inédites et cinématographies méconnues, le tout composant un premier programme. aussi attrayant que prévu. Tout cela reste bien entendu constitutif de l’ADN de Spoutnik, qui entretient sa vivacité en ramenant sur la table tous les quatre ans, en moyenne, l’appel d’offres de l’association qui gère usine.

Habituellement, les responsables des lieux travaillaient en binôme. Une fois n’est pas habituel, trois d’entre eux sont venus. “Mais nous ne savons pas qui d’autre est venu”, conviennent Maryam, Nakita et Karin. Sans forcément se connaître au préalable, les trois jeunes femmes ont un parcours comparable. Et sont animés par une vision artistique activiste et une approche intersectionnelle qu’ils ont en commun.

Leurs parcours diffèrent cependant. Mandats de coordinatrice de programmation pour Maryam, née à Montreux et ayant travaillé notamment chez Visions du Réel et au GIFF. Études de cinéma à Paris Nanterre pour Nakita, arrivée de Macao en en 1995, avec aujourd’hui un projet de long métrage auquel elle espère avoir encore du temps à se consacrer. Quant à la Franco- Karin, elle est essentiellement commissaire d’exposition d’art contemporain et a collaboré avec diverses galeries. C’est Maryam qui a fait venir les deux autres en leur demandant de postuler. Le projet, qui correspond aux deux premiers mois de programmation cinéma, semble avoir immédiatement conquis le jury d’experts et on les comprend.

John Waters au menu

Mais que comprend-il exactement ? Il y a d’abord une rétrospective consacrée au regretté Jocelyne Saab, cinéaste franco-libanais dont l’œuvre témoigne, via des reportages puis des documentaires, non sans ensuite dévier vers la fiction, des réalités socio-économiques de ce qu’on appelait le Moyen-Orient. L’association dédiée à la cinéaste viendra parler de ses films et de leur restauration. Dans un spectre radicalement opposé, une trilogie de John Eaux est au menu. Il est composé de « Multiple Maniacs », « Pink Flamingos » et « Female Trouble », qui ne sont pas les films les plus connus ni les plus projetés du cinéaste, et sera complété par deux films inspirés de Waters.

Et puis le 11 mai, le cinéaste guinéen Sana Na N’Hada viendra en personne présenter « Nome », une fiction où s’entremêlent des images d’archives. “Nous accueillons quelqu’un qui est la mémoire de son pays”, ajoutent les programmateurs. Est-ce tout? Pas du tout. Un aperçu, celui de « Typhoon Club » de Shinji Somaïune séance pour les enfants, une soirée mêlant art vidéo et cuisine, une autre pérennisant le concept de Ciné-struttes, et nous ne sommes volontairement pas exhaustifs, tout cela suffit pour se faire une idée de la richesse offerte par un trio qui promet déjà des incontournables. ou des moments merveilleux, cela dépend.

« Gardez le rythme »

“On s’est posé beaucoup de questions sur la diversité des publics”, ajoutent-ils. C’est très important pour nous, tout comme le travail accompli par tous ceux qui nous ont précédés à ce poste. Il s’agira évidemment de maintenir le rythme généré par notre enthousiasme. Et c’est un peu effrayant. En préparant ce premier programme, nous avons dû reporter à l’automne plusieurs autres idées de cycles, non encore réalisables. Autrement dit, nous avons des projets en cours. Dans tout ce que nous programmons, il n’y a pas une ligne, à nos yeux, mais une place politique. Nous sommes ici pour faire entendre la voix. Mais nous venons tout juste d’arriver. Nous avons noué des contacts, avec d’autres théâtres du pays par exemple. Mais nous souhaitons également travailler avec des lieux situés au-delà du territoire suisse.»

L’idée était aussi de perpétuer la vision d’un projet qui existe depuis trente-huit ans, et de rester fidèle à sa ligne de résistance. « Spoutnik est un dispositif qui permet de créer des microcosmes en dehors de l’industrie-machine-rentabilité du cinéma commercial », peut-on lire comme déclaration d’intention dans le dossier de présentation. Nous aurons donc l’occasion d’y revenir régulièrement. En attendant, le plus beau cinéma du monde ouvre à nouveau ses portes le 8 mai.

Pascal Gavillet est journaliste à la section culturelle depuis 1992. Il s’occupe principalement du cinéma, mais il écrit également sur d’autres domaines. Surtout les sciences. A ce titre, il est également mathématicien.Plus d’ @PascalGavillet

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