plaidoyer pour un accès plus simple aux médicaments

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«L’utilisation hollywoodienne du sémaglutide a vraiment restreint son utilisation», déplore la Dre Mélanie Henderson, endocrinologue pédiatrique au CHU Sainte-Justine.

« Ce que nous souhaitons, c’est soigner les enfants dont les changements de mode de vie restent insuffisants pour améliorer leurs trajectoires en termes de […] santé métabolique. Ce n’est pas pour les jeunes de 18 ans qui veulent enfiler leur robe de bal, ce n’est pas pour les superstars qui veulent bien paraître sur le tapis rouge.

Les mécanismes homéostatiques du corps, a-t-elle expliqué, défendront toujours un poids plus élevé. Très brièvement, se croyant en danger, le corps se défend avec des mesures qui vont à l’encontre de la perte de poids, comme augmenter la faim qu’il ressent.

Certains patients ont donc besoin d’un petit « coup de pouce » supplémentaire, explique le Dr Henderson.

«Il y a des jeunes, comme des adultes, qui, malgré leurs efforts pour améliorer leurs habitudes de vie et promouvoir réellement un poids santé, n’y parviennent tout simplement pas.»

— Dr. Mélanie Henderson, pediatric endocrinologist at CHU Sainte-Justine

Le sémaglutide est utilisé depuis plusieurs années dans le traitement du diabète de type 2. Or, on s’est rendu compte ces dernières années que la molécule pouvait aider à perdre du poids considérablement en augmentant la sensation de satiété, ce qui explique toute cette frénésie. environnement actuel.

Voici enfin le Saint Graal, une manière de perdre du poids sans faire le moindre effort ! Absolument pas, dit le Dr Henderson.

Docteur Mélanie Henderson, endocrinologue pédiatrique au CHU Sainte-Justine. (chusj.org)

“Ce n’est pas une molécule miracle, [perdre du poids] Cela ne peut se faire sans changer nos habitudes de vie, il faut vraiment toujours travailler, a-t-elle ajouté. Cela reste un combat constant pour améliorer nos habitudes de vie, mais il n’en reste pas moins que cela peut vraiment faire une grande différence dans la vie d’un jeune ou d’un adulte.

Elle et ses collègues ne sont donc absolument pas favorables à une libéralisation absolue de l’accès au sémaglutide pour tous ceux qui en font la demande, par exemple pour perdre quelques kilos avant un voyage au Mexique.

Il serait cependant possible d’orienter l’usage du sémaglutide sur la base de critères médicaux sérieux, estime-t-elle, comme cela se fait pour l’hormone de croissance, une autre molécule très coûteuse.

« Nous avons des instructions très précises sur la manière de prescrire l’hormone de croissance », a souligné le Dr Henderson. C’est ainsi qu’on pourrait s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus, parce que ce n’est pas ce qu’on veut. La grande majorité des médecins n’auraient aucun intérêt à l’utiliser de manière inappropriée.

Rapport de l’INESSS

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a récemment examiné, à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, les modalités qui pourraient encadrer un éventuel remboursement du sémaglutide par le régime public d’assurance médicaments.

« Ce document et les propositions qu’il énonce ont été rédigés en réponse à une demande du ministère de la Santé et des Services sociaux d’appuyer ses réflexions concernant la mise en œuvre d’un projet pilote sur l’intégration de la pharmacothérapie dans le traitement de l’obésité », peut-on lire dans le rapport publié par l’INESSS.

D’une durée de deux ans, le projet envisagé par le MSSS et qu’a étudié l’INESSS permettrait à un millier de personnes vivant avec l’obésité de bénéficier de soins interdisciplinaires incluant la pharmacothérapie, ajoute-t-elle. À terme, « le projet pourrait permettre au MSSS de prendre position sur le maintien ou non de cette offre de services et d’en définir la forme si nécessaire », indique le document.

L’INESSS était particulièrement intéressée par les médicaments anti-obésité à considérer ; critères d’éligibilité ; la durée du projet pilote; et les indicateurs de suivi qu’il serait pertinent de collecter afin d’évaluer la faisabilité, les coûts, les bénéfices et les enjeux liés à l’utilisation ciblée de la pharmacothérapie pour traiter l’obésité.

Mais ce projet pilote, s’il se concrétise un jour, ne concernera que la population adulte.

« Concernant la population pédiatrique, les adolescents de 12 ans et plus ont fait l’objet de peu d’études cliniques et très peu de juridictions ont approuvé l’usage de la pharmacologie dans cette tranche d’âge », indique le rapport de l’INESSS. De plus, aucune étude pharmacoéconomique n’a été identifiée pour évaluer l’efficacité des médicaments contre l’obésité chez les enfants et les adolescents.

Plusieurs membres du comité ont finalement exprimé leurs inquiétudes quant à la durée proposée de deux ans pour le projet pilote. Ils craignent par exemple que l’arrêt automatique du traitement pharmacologique au terme des deux années prévues du projet puisse entraîner des conséquences néfastes sur la santé des participants (prise de poids, atteinte à la qualité de vie), notamment pour ceux en attente de traitement. . ‘une greffe.

Ils estiment que « cette durée de suivi pourrait […] ne permettent pas d’apprécier pleinement les bénéfices cliniques à moyen ou long terme. On pourrait alors envisager une période allant jusqu’à cinq ans pour compléter l’évaluation des bénéfices cliniques de la pharmacothérapie.

Une question de coûts

Le traitement au sémaglutide peut coûter jusqu’à 400 $ ou 500 $ par mois et n’est donc pas abordable pour tout le monde. Divers obstacles bureaucratiques, mais probablement aussi budgétaires, font que la molécule n’est actuellement pas remboursée par le régime public d’assurance médicaments au Québec, alors qu’elle l’est en Ontario.

Cette situation peut donc conduire à un accès variable à ce médicament, favorisant notamment les personnes qui en ont les moyens, qui sont couvertes par une assurance privée ou qui souffrent de diabète de type 2.

«Peu de gens disposent d’un budget de 400 $ par mois», a déclaré le Dr Henderson. Et quand on sait que l’obésité affecte de manière plus significative les personnes les moins aisées financièrement, nous ne faisons qu’accroître les inégalités en matière de santé.

Les réticences du gouvernement à rembourser le sémaglutide pourraient donc s’expliquer, au moins en partie, par une crainte de voir les coûts exploser si on se mettait à le prescrire « comme de l’eau » à tout le monde, estime le spécialiste. « Nous devons avoir des critères définis médicalement et non pas par le coût pour la société », a-t-elle déclaré.

Il faut aussi se poser la question suivante, estime le Dr Henderson : combien un enfant pris en charge à l’âge de 8 ans pour un problème d’obésité qui le suivra tout au long de sa vie coûtera-t-il au système de santé et à la société ?

“Le diabète de type 2, qui survient chez les enfants, est une maladie beaucoup plus agressive que celle que l’on observe chez les adultes”, a-t-elle rappelé. Ainsi, si nous parvenons à prévenir ces maladies tôt dans la vie, nous gagnerons non seulement à prévenir cette maladie, mais aussi toutes les complications liées, par exemple, au diabète de type 2.

« Nous devons regarder plus loin que l’immédiat par rapport à cela. Le rapport bénéfice/risque ne s’étend pas sur une période de trois mois, il s’étend sur une longue période chez l’enfant. C’est sur le cycle de vie que l’on peut considérer les bénéfices.

 
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