Devons-nous nous inquiéter pour notre santé ?

Devons-nous nous inquiéter pour notre santé ?
Devons-nous nous inquiéter pour notre santé ?

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Le mauvais feuilleton continue. Après avoir bu de l’eau contaminée aux Pfas (substances chimiques appelées substances per- et polyfluoroalkyles) pendant des mois, les habitants de Chièvres, Ronquières et Nandrin se seraient passés du dernier épisode : les résultats (révélés au début de l’été) de prélèvements sanguins pour mesurer la concentration de Pfas dans leur corps s’est en fait avérée… erronée. Le ministre wallon de la Santé et de l’Environnement, Yves Coppieters (Les Engagés) l’a annoncé cette semaine. Un défaut de conditionnement des échantillons serait à l’origine de l’erreur, ce qui aurait a priori conduit à une sous-estimation des résultats…

Mais si certains habitants ont été soumis à des concentrations très élevées, la contamination Pfas dépasse largement le cadre des trois localités précitées. En tant que consommateurs, nous sommes tous potentiellement – ​​à des degrés divers – exposés à des produits chimiques nocifs. Et ce, via différents canaux. L’alimentation – et son emballage – en fait partie, et non des moindres.

C’est précisément ce que révèle une étude publiée il y a quelques jours dans le Journal de science de l’exposition et d’épidémiologie environnementale. Les chercheurs ont d’abord répertorié les produits chimiques connus pour être présents dans les ustensiles de cuisine, comme les poêles antiadhésives, ou dans les emballages alimentaires – bouteilles ou films en plastique, contenants pour plats à emporter, boîtes à pizza, frites ou cornets de boissons gazeuses. – du maïs, des pailles, des bols en fibres végétales…

Ensuite, à l’aide de diverses bases de données internationales, ils ont suivi la présence dans l’organisme de ces pesticides, composés organiques volatils, bisphénols, phtalates et autres substances qui, rien que par leurs suffixes étendus, indiquent qu’ils n’ont rien de naturel. Verdict? Sur les 14 000 produits recensés, 25 % ont déjà été détectés au moins une fois chez l’homme. Soit 3 601 substances détectées plus ou moins fréquemment en Europe, en Amérique du Nord ou en Corée du Sud.

Environ 80 des composés entrant en contact avec les aliments (et donc ingérés) sont considérés comme « très préoccupants ». Selon la classification de l’Agence européenne des produits chimiques, ils sont cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction.

Bioaccumulation en bout de chaîne

Bien qu’intrigants, les résultats de l’étude citée ci-dessus ne surprennent pas vraiment Alfred Bernard. En effet, ” plus de 100 000 substances chimiques ont été synthétisées par l’homme. Et nous les utilisons quotidiennement », rappelle le toxicologue émérite de l’UCLouvain.

Pour celui-ci, « il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ces substances soient absorbées via l’air que nous respirons, via l’eau potable qui est la principale Source de contamination. Ainsi que via l’alimentation, autre vecteur important. L’ensemble de la chaîne alimentaire est concerné par le phénomène de bioaccumulation, ce qui fait qu’en fin de chaîne, des valeurs très élevées peuvent être observées. Les aliments les plus touchés proviennent de la mer, comme le poisson et les fruits de mer ».

Les milieux aquatiques sont en effet particulièrement sensibles à la contamination liée aux eaux de ruissellement, qui finissent dans les rivières puis dans les mers. Toutefois, les fruits et légumes ne sont pas épargnés. Début 2024, une étude réalisée par PAN Europe (un réseau d’associations environnementales luttant contre l’usage de pesticides) indiquait que la contamination des fruits et légumes aux PFAS aurait triplé en dix ans.

Certains produits phytosanitaires (utilisés pour éradiquer les ravageurs des cultures) contiennent en effet des Pfas. ” Mais ce sont souvent des Pfa avec des chaînes d’atomes de carbone très courtes, liées au fluor. Selon les Pfas et leur concentration, la toxicité peut être très différente. Nous ne sommes pas toujours dans le cas des substances qui préoccupent aujourd’hui les habitants de Chièvres, qui sont des molécules à très longues chaînes d’atomes de carbone.. Il ne faut pas tout mélanger ».

Emballage à éviter

Cela étant dit, il est toujours préférable de limiter au maximum votre exposition. L’idée est d’éviter autant que possible les aliments emballés (comme les légumes en plastique). ” Plus les aliments sont en contact avec l’emballage, plus le produit chimique peut potentiellement migrer sur les aliments. », souligne Alfred Bernard. Laver les fruits et légumes est une autre précaution de base, tout comme enlever la peau.

« Si vous pouvez vous permettre de manger bio, c’est bien sûr un plus. Mais même en dehors du bio, si l’on regarde les études scientifiques sur la question, on constate qu’aucune n’a pu mettre en avant un risque de maladies graves, – par exemple de cancer – ou des effets de perturbateurs endocriniens liés à la consommation d’aliments non bio. -des légumes bio. La consommation de fruits et légumes a un effet bénéfique sur la santé, et cet effet ne s’annule pas même en présence de produits phytosanitaires. », insiste le toxicologue. Il y a un équilibre coûts-avantages à établir, et les avantages dépassent de loin les risques. Sachant que nous ciblons et éliminons progressivement les plus toxiques, les plus cumulatifs et les plus persistants dans l’environnement ».

De nouvelles normes

Des normes plus restrictives ont en effet été adoptées, ou sont en passe de l’être. Concernant l’eau de distribution, la Wallonie ratifiera par exemple « immédiatement » une norme plus restrictive (0,1 μg/l de Pfas), plutôt qu’en 2026, a annoncé cette semaine le ministre wallon de la Santé. Yves Coppieters a également déclaré vouloir anticiper une autre norme, celle fixant une valeur maximale de 4 ng/l pour les 4 Pfas considérés comme les plus dangereux. Celle-ci, fixée par l’Europe, était initialement prévue pour 2028.

Côté européen, la Commission a également adopté la semaine dernière des restrictions sur l’utilisation de certaines substances de type Pfas. Comme les PFHxA (acides undécafluorohexanoïques) qui présentent « un risque inacceptable pour la santé humaine et l’environnement », juge la Commission. Ils sont notamment présents dans certains textiles (vestes de pluie) ou emballages alimentaires, comme les boîtes de pizza.

Mais cette restriction PFHxA n’entrera en vigueur qu’après des périodes transitoires de 18 mois à 5 ans, pour laisser le temps aux constructeurs de trouver des alternatives. De larges exceptions seront également prévues, lorsque l’utilisation de telles molécules reste essentielle au fonctionnement de la société (dans le domaine médical par exemple) et qu’aucun produit alternatif n’est disponible.

Dans toute une série de secteurs, « ces molécules extrêmement stables possèdent des propriétés très intéressantes, pour lesquelles il n’existe pas réellement d’équivalent », souligne Alfred Bernard. Un monde sans Pfas n’est pas pour demain, ni même après-demain. Il est donc plus que probable qu’à l’avenir nous détections de nouveaux composants chimiques dans notre organisme…

 
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