Entretien exclusif avec ce médecin qui fait toute la différence !

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Entretien exclusif avec ce médecin qui fait toute la différence !

Docteur en biochimie, chercheur en oncologie et directeur du laboratoire de médecine moléculaire de l’UQAM, Richard Béliveau fait la fierté du Québec avec ses travaux sur la prévention et le traitement du cancer.

Son parcours exemplaire lui a valu l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec en 2023, la plus haute distinction honorifique décernée par le gouvernement du Québec. En ce mois consacré à la lutte contre le cancer du sein, ce grand vulgarisateur fait le point sur sa carrière, en commençant par le cheminement et le rayonnement de son œuvre, ainsi que les émotions qu’il a ressenties en apprenant sa nomination.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler sur l’étude du cancer depuis le début de votre carrière ?

La quête de connaissance est au cœur de l’âme humaine. J’ai pratiqué les arts martiaux dans ma jeunesse et j’ai ainsi développé une fascination pour le Japon et, plus particulièrement, pour les samouraïs. Ces guerriers voient la vie comme une fleur de cerisier (sakura). Au printemps, la floraison de cet arbre est un événement unique, qui invite les Japonais à savourer l’aspect fragile et éphémère de la vie. Très tôt, j’ai eu le désir de comprendre cette dualité entre force et fragilité. Le mot samouraï signifie « celui qui sert ». Le cancer étant la première cause de mortalité dans les sociétés occidentales, j’ai très tôt souhaité servir mes concitoyens et axer ma carrière sur ce problème de santé majeur. Ma vision de la lutte contre la maladie s’inspire des vertus des samouraïs : la bienveillance, le courage, la droiture, l’honneur, la loyauté, le respect et la sincérité.

Quelles sont vos plus grandes réalisations jusqu’à présent ?

Avec mon équipe, nous avons développé deux médicaments de thérapie ciblée qui sont actuellement en phase d’essais cliniques aux États-Unis avec les autorisations de la Food and Drug Administration (FDA). Nous avons même reçu une autorisation de développement prioritaire, ce qui est très rare. Ce sont des victoires spectaculaires. Le premier médicament, qui est en phase 3, permet de traiter différents cancers, plus spécifiquement les métastases cérébrales du cancer du sein. Le deuxième médicament cible les cancers de l’ovaire et le cancer du sein triple négatif, l’un des plus mortels. Nous avons reçu plusieurs prix et nominations pour ce dernier. La prévention du cancer est également un aspect très important de ma carrière et c’est cet aspect qui m’a fait connaître du grand public.

Êtes-vous optimiste quant aux perspectives de traitement de la maladie ?

Plusieurs choses nous donnent de l’espoir. D’abord, nous sommes capables de mieux comprendre le cancer, ses origines et ses mécanismes grâce aux outils de la biochimie moderne. Ces outils nous permettent de mieux identifier les mutations. La deuxième chose qui a beaucoup changé ces dernières années, c’est la nature des traitements. Aujourd’hui, nous avons accès à des traitements qui s’attaquent à une cible moléculaire précise, ce que nous appelons la thérapie ciblée, comme c’est le cas de nos deux médicaments. Ils réduisent les effets secondaires et offrent une plus grande efficacité thérapeutique. L’autre avancée, qui est probablement la plus importante de ces 50 dernières années, c’est l’immunothérapie. Nous disposons également de nouveaux outils qui nous permettent de détecter le cancer plus tôt. Enfin, il y a l’aspect préventif. Grâce à des organisations comme le World Cancer Research Fund et l’American Institute for Cancer Research, qui ont osé sortir des sentiers battus, nous pouvons mieux comprendre les aspects du mode de vie qui réduisent la probabilité de développer un cancer. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit des livres, qui ont été traduits dans plus de 28 langues et distribués dans le monde entier.

Qui ont été vos plus grands modèles tout au long de votre carrière ?

J’ai été élevé avec la pression de l’excellence et du combat. C’est peut-être pour cela que j’ai développé un attachement aussi fort aux samouraïs. Les grands philosophes de l’histoire sont aussi une Source d’inspiration pour moi. Plusieurs de leurs citations m’accompagnent au quotidien. Tout au long de ma carrière, j’ai eu le privilège de côtoyer quelques lauréats du prix Nobel, comme le chimiste Peter Denis Mitchell. Et à l’UQAM, il y a toujours eu autour de moi des gens brillants et motivants, comme Françoise Bertrand, chevalier de l’Ordre national du Québec, qui était doyenne à l’époque. En recherche, j’ai des collègues extraordinaires, comme le Dr Borhane Annabi, le Dr Michel Demeule et le Dr Denis Gingras. C’est un travail d’équipe. J’aime penser que j’ai appris quelque chose de chaque être humain que j’ai rencontré dans ma vie.

L’an dernier, vous avez été nommé Officier de l’Ordre national du Québec. Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre nomination?

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Crédit : Gouvernement du Québec

Ce fut un moment extrêmement émouvant. J’ai reçu de nombreuses nominations et récompenses dans ma carrière, même à l’international. Mais lorsque le cabinet du premier ministre m’a appelé, c’était l’un des rares moments de ma vie où l’émotion a été plus forte que la raison. Elle donne un sens à tous les efforts que l’on fait. Cela renvoie à ma notion de samouraï et de « celui qui sert ». Je suis honoré de faire partie de cette sélection. Je pense que nous devons offrir des exemples et des modèles dans nos sociétés et, à cet égard, l’Ordre national du Québec fait un travail extraordinaire.

Cette nomination vous motive-t-elle à poursuivre votre travail ?

Absolument! Je pense que nous avons tous besoin d’encouragement à un moment ou à un autre de notre vie, peu importe notre secteur d’activité ou notre profession. Malheureusement, il est assez rare que les gens prennent le temps de remercier les autres pour leurs actions. Il est essentiel, selon moi, de le faire quotidiennement ou du moins occasionnellement. En tant que citoyens, nous devrions offrir davantage de reconnaissance aux autres, surtout lorsque les gens œuvrent pour le bien commun.

Qu’avez-vous ressenti en sachant que c’était un membre du public qui vous avait nominé ?

Je trouve cela émouvant et absolument extraordinaire ! C’est un euphémisme de dire que cela me touche. Je sais combien de travail cela demande de monter un dossier et de déposer une candidature. C’est un immense geste d’altruisme qui m’impressionne beaucoup dans notre société contemporaine.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Ce que mon équipe et moi faisons, ce sont les études cliniques pour les deux médicaments. La phase 1 est une période critique, où la plupart des médicaments échouent à cause des effets secondaires. Les deux ont passé cette étape, ce qui est une victoire extraordinaire. Leur fenêtre thérapeutique est très large. Sur le plan personnel, j’ai l’une des collections de samouraïs les plus impressionnantes au monde. Je travaille actuellement à la création d’un musée permanent qui mettrait en valeur les vertus et les valeurs humaines de ces guerriers. J’ai toujours dit que la beauté est ce qui nous sauve de la détresse existentielle.

En ce mois d’octobre, avez-vous un message d’espoir à transmettre aux femmes atteintes du cancer du sein ?

Le cancer du sein touchera une femme sur huit au cours de sa vie. Les progrès scientifiques à l’échelle internationale nous permettent de garder espoir. Des outils apparaissent quasiment chaque semaine. En effet, nos deux médicaments actuellement en essais cliniques permettent de traiter le cancer du sein. Plus généralement, on comprend de mieux en mieux pourquoi le cancer se développe, la détection est plus précoce, les traitements sont plus efficaces et les effets secondaires sont réduits. Ce sont autant d’éléments qui nous permettent de garder espoir.

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Crédit : Gouvernement du Québec

  • Sa mission est de récompenser des personnes exceptionnelles qui ont participé au développement et au rayonnement du Québec.
  • Trois grades différents sont décernés par l’Ordre : chevalier, officier et grand officier.
  • Les diplômes peuvent être décernés à toute personne résidant ou née au Québec, quel que soit son secteur d’activité.
 
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