« Nouvelle brique » dans l’écosystème médical lyonnais, le nouveau biocluster sur les maladies infectieuses et l’antibiorésistance est enfin sur les rails. Né de l’appel à manifestation d’intérêt « biocluster » lancé par l’Etat dans son programme « Innovation Santé 2030 » à la sortie de la crise sanitaire, il a été officiellement lancé ce mois de septembre à Lyon, via la création d’une association de préfiguration, en lien avec Bpifrance et l’Agence de l’innovation en santé.
Présidé par le Professeur Bruno Lina, virologue au Centre International de Recherche en Infectiologie, chef de service aux Hospices Civils de Lyon et membre du Conseil Scientifique pendant la crise sanitaire du Covid-19, il vise à connecter les laboratoires de recherche et les industries de santé afin d’accélérer l’arrivée de nouveaux projets, mais aussi de garantir une meilleure réponse en cas de nouvelle épidémie.
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Contractualisé en septembre, lancé cet automne et pleinement opérationnel dès début 2025, le « BioCluster Français d’Innovation en Infectiologie » (BCF2I) est ainsi doté d’une enveloppe de fonctionnement et d’investissement de 120 millions d’euros sur cinq ans, répartie entre fonds publics (60 millions d’euros de l’Etat via le Secrétariat général pour l’investissement) et privé (60 millions d’euros également) via trois partenaires industriels lyonnais : bioMérieux, Boehringer Ingelheim et Sanofi.
Ce dernier a également inauguré mi-septembre, en présence d’Emmanuel Macron, une toute nouvelle usine de production de vaccins « modulaire » à Neuville-sur-Saône, permettant de basculer la production en quelques jours seulement et de répondre ainsi rapidement au besoin de fabrication de doses en cas d’épidémie.
Tests diagnostiques, nouveaux vaccins, phagothérapie… 26 projets identifiés
L’objectif est de faciliter les passerelles entre la recherche et l’industrie. Pour y parvenir, le biocluster travaillera avec l’Université Claude Bernard Lyon 1, les Hospices Civils de Lyon, l’Institut Pasteur, l’Inserm-ANRS-MIE, l’APHP et l’Université Paris Cité.
Pour l’heure, la nouvelle entité ne compte que deux membres permanents : le professeur Bruno Lina et Christophe Jacquinet, son nouveau directeur général, jusqu’alors directeur général de l’Agence régionale de santé Rhône-Alpes (de 2011 à 2014), puis président du cabinet spécialisé Santéliance Conseil.
L’équipe, hébergée dans les locaux du pôle de compétitivité Lyonbiopôle à Gerland (7e arrondissement), devrait s’agrandir dans les prochains mois, pour être pleinement opérationnelle dès janvier 2025.
Mais déjà, de premiers projets sont actuellement à l’étude : près de 26 ont été identifiés au cours des trois dernières années afin d’être « accélérés », c’est-à-dire accompagnés opérationnellement et financièrement. Certains d’entre eux sont même « presque fini « , décrit le professeur Bruno Lina, président du biocluster : « Nous avons par exemple un projet d’intelligence artificielle avec Sanofi et des acteurs allemands sur l’évolution des virus, pour lequel le biocluster pourra jouer un rôle assez rapidement. « .
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Nouveaux vaccins, développement de tests de diagnostic avec bioMérieux… Le virologue nous donne d’autres exemples, comme celui des phagothérapies (utilisant des bactériophages), développées afin de répondre aux résistances aux antimicrobiens dans des infections souvent complexes, qui sont actuellement dans une impasse thérapeutique.
” A Lyon, un RHU (programme de «« recherche hospitalo-universitaire » en santé (ndlr) a été chargé de mettre en place une plateforme de production de bactériophages cliniques et de réaliser une évaluation clinique dans les cas d’infections ostéoarticulaires », poursuit le professeur Bruno Lina.
« Le biocluster permettra d’accompagner le RHU pour faciliter la mise en place d’essais cliniques et lui donner accès à des plateformes cliniques plus larges. Mais aussi potentiellement aider à l’industrialisation de la production de bactériophages en allant au-delà du périmètre qu’ils utilisent déjà. ».
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La méthode de sélection des projets reste encore à confirmer.
« Certains passeront par Bpifrance « , poursuit le président. » D’autres, par le biais d’accords mutuels entre le biocluster et les fabricants ».
Dans ce deuxième cas, l’évaluation sera menée conjointement par des experts scientifiques, membres d’un comité d’orientation stratégique en cours de constitution. Il sera composé de huit personnes issues de partenaires académiques et industriels.
” Si nous identifions un sujet très prometteur, nous essaierons de pouvoir, en moins de deux mois, apporter un soutien financier qui leur permettrait d’avancer plus vite dans le développement », poursuit Bruno Lina.
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En plus de ces deux premiers circuits de sélection, d’autres projets seront également sélectionnés dans le cadre d’appels d’offres, lancés par le biocluster. Par exemple, « nous pourrions lancer une recherche sur un nouveau vaccin contre la grippe aviaire « , ajoute le virologue, qui souligne ici la dimension « one health » du centre, à savoir une approche systémique et globale de la santé publique, qui combine des recherches sur l’humain, l’animal et l’environnement.
En cas de nouvelle épidémie, lancer des solutions « en moins de deux mois »
Le biocluster est avant tout l’un des outils de « souveraineté » en matière de santé selon l’État, qui a consacré 7,5 milliards d’euros au plan « Innovation Santé 2030 » lancé il y a trois ans. L’objectif est ici d’apporter « une réponse rapide ” en cas d’émergence d’un virus. Plus rapidement, en tout cas, que lors de la crise sanitaire du covid-19, au tout début de l’année 2020.
« Imaginons que nous soyons en décembre 2019. Nous voyons le Covid arriver et le fait que cela puisse être un problème « , rappelle Bruno Lina, qui faisait partie du Conseil scientifique pendant la pandémie. « Avec le biocluster, nous demandons aux industriels de récupérer le virus auprès des membres académiques, de fabriquer un vaccin, des tests de diagnostic, et éventuellement de voir s’ils ont dans leur pharmacopée des traitements qui pourraient inhiber la réplication de ce virus. Tout cela, pendant la période de janvier à février.
« Le défi que nous nous sommes fixé avec bioMérieux est par exemple de pouvoir développer, valider et commercialiser un nouveau test de diagnostic d’un virus respiratoire émergent en moins de deux mois », ajoute le virologue. « De même, il s’agit d’utiliser des technologies conventionnelles ou disruptives pour fabriquer rapidement un vaccin contre un nouveau pathogène. ».
La contrainte de souveraineté concerne le lieu de production. Le biocluster assure qu’il ne soutient que des projets menés en France. Dans les mois à venir, un autre enjeu est de « apporter « des start-up et des industriels émergent à Lyon, nous dit Bruno Lina, dans des domaines également largement explorés à l’international, aux Etats-Unis comme en Asie.
Genopole, Genoscope, Cancer Cluster… Ces cinq bioclusters français
Plusieurs bioclusters se sont développés en France depuis 2022, sélectionnés dans l’appel à manifestation d’intérêt « bioclusters » du plan « Innovation santé 2030 ». Cette structuration n’est cependant pas nouvelle.
– The “Genopole”, in Évry-Courcouronnes: Le plus célèbre d’entre eux a en effet été lancé en 1998 dans l’Essonne, sous l’impulsion de chercheurs de Généthon, le laboratoire de recherche de l’AFM-Téléthon. Il a été pionnier dans les domaines de la génétique et de la génomique, notamment en hébergeant le Centre national de séquençage (Génoscope) et le Centre national de génotypage. En 2022, Genopole a indiqué avoir accompagné 252 entreprises depuis sa création et levé plus d’1 milliard d’euros de fonds.
– Le « GenoTher » : Depuis En 2023, Genopole accueille également ce nouveau biocluster, spécialisé cette fois dans la thérapie génique. Sélectionné dans l’AMI lancé par l’Etat, il vise à développer des technologies basées sur l’édition génomique de l’ADN et de l’ARN.
– Le « Cancérologie Pôle Paris Saclay » : issu également de l’AMI lancé lors de la crise du Covid-19, il soutient les biotechs spécialisées dans les traitements innovants contre le cancer.
– LE BCF2I Lyon: spécialisé dans la lutte contre les maladies infectieuses et la résistance aux antibiotiques, il est le troisième né de l’appel à manifestation d’intérêt.
– Le « Biocluster d’Immunologie de Marseille » : Ce nouveau biocluster soutiendra des projets de nouveaux anticorps d’immunothérapie contre des pathologies incurables ou très invalidantes : maladies inflammatoires chroniques, maladies auto-immunes, cancers et maladies infectieuses.