France – Alors que le cancer du sein a depuis de nombreuses années son mois, « Octobre rose », le cancer de l’endomètre, bien que fréquent, reste méconnu.
A l’occasion de Septembre Turquoise, dédié aux cancers gynécologiques, des sociétés savantes (CNGOF, SFOG, SCGP, SFCO) et des associations de patients, IMAGYN, Mon Réseau® Cancer Gynéco et l’association Lynch Syndrome ont décidé de braquer les projecteurs sur ce cancer en donnant un nouvel élan à la campagne de sensibilisation sur le cancer de l’endomètre présentée en juin à Pari(s) Santé Femmes (PSF).
Parmi les différentes actions entreprises, les experts publient un Vrai-Faux pour dissiper les idées reçues et apporter de meilleures informations sur ce cancer au bon pronostic s’il est traité tôt.
10 questions et réponses
1) Le cancer de l’endomètre est rare
Faux – Avec plus de 8 800 cas par an en France, le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent après le cancer du sein. 2 500 femmes en meurent chaque année dans notre pays.
2) Il n’y a aucun symptôme avant-coureur
Faux – Le principal symptôme d’alerte est la présence de saignements génitaux, même minimes, après la ménopause ou en dehors des règles avant la ménopause. Cela doit conduire à consulter rapidement un gynécologue pour des examens.
3) Nous savons peu de choses sur les facteurs de risque
Faux – Le vieillissement, le surpoids et l’obésité sont les principaux facteurs de risque. Le risque augmente avec l’âge et l’indice de masse corporelle (IMC). Parmi les 20 types de tumeurs les plus courantes, le cancer de l’endomètre est celui qui a le lien le plus fort avec l’obésité. Le diabète, l’hypertension artérielle et l’absence de grossesse sont également considérés comme les facteurs de risque les plus courants.
4) C’est un cancer rare chez les jeunes femmes
Vrai et faux – Dans 5 à 10 % des cas, le cancer de l’endomètre touche les femmes en âge de procréer et, grâce au recours à un centre expert, il est possible de tenter de préserver la fertilité. Cependant, l’âge médian au moment du diagnostic est de 69 ans avec un pic d’incidence entre 70 et 74 ans.
5) Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus peut détecter le cancer de l’endomètre
Faux – L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Il ne s’agit pas du col de l’utérus mais du corps de l’utérus. Chez la femme menstruée, cette muqueuse s’épaissit sous l’effet des hormones pendant la première partie du cycle. En l’absence de fécondation, une partie de l’endomètre est évacuée, c’est la menstruation. Dans le cas d’un cancer, les cellules de l’endomètre se multiplient de manière anarchique formant une tumeur. Si la maladie n’est pas détectée et traitée à temps, elle peut se propager au muscle utérin ou aux organes voisins.
6) Le cancer de l’endomètre est difficile à traiter
Faux – Il s’agit d’un cancer de bon pronostic à condition d’être détecté tôt. On obtient un taux de guérison de 90 % en 5 ans pour les cancers diagnostiqués à un stade précoce et de 80 % pour les cancers de stade 2. Cependant, les effets des traitements ne doivent pas être minimisés mais anticipés et accompagnés afin de préserver au mieux la qualité de vie et la vie intime.
7) La chirurgie est le traitement privilégié du cancer de l’endomètre
Vrai – Le choix du traitement est adapté à l’état général de la patiente, à son âge et aux spécificités de sa maladie. La chirurgie est le traitement de première intention du cancer de l’endomètre et permet dans 60 à 70 % des cas de guérir les patientes en cas de cancer localisé. L’intervention consiste à retirer l’utérus – corps et col de l’utérus -, les ovaires et les trompes de Fallope. Les techniques chirurgicales mini-invasives sont privilégiées chaque fois que cela est possible (laparoscopique ou assistée par robot).
8) La chirurgie est le seul traitement du cancer de l’endomètre
Faux – L’anatomopathologie et la biologie moléculaire jouent un rôle fondamental dans la recherche du meilleur traitement. Grâce à la caractérisation moléculaire des tumeurs (anomalies génétiques, extension tumorale…), les traitements sont ciblés plus précisément. Ces anomalies et le stade de la maladie déterminent le pronostic et les chances de guérison, c’est pourquoi cette étape est cruciale. Le traitement proposé variera de la chirurgie seule à une approche multidisciplinaire incluant chirurgie, chimiothérapie voire immunothérapie en cas de maladie avancée ou métastatique.
9) Les recherches sur ce cancer ont été arrêtées
Faux – Des études prometteuses sur de nouvelles pistes de recherche comme l’immunothérapie se multiplient avec des résultats très encourageants qui pourraient conduire à une désescalade thérapeutique. Les thérapies ciblées qui s’attaquent à des voies métaboliques spécifiques utilisées par les cellules cancéreuses pour se multiplier de manière anarchique montrent également des résultats très encourageants.
10) La qualité de vie et la vie intime sont préservées après le traitement
Vrai et faux – Les séquelles post-traitement continuent trop souvent de peser sur la vie des femmes, notamment sur leur vie intime. Mais des soins de support sont désormais proposés dans la plupart des établissements spécialisés : nutrition-diététique, activité physique adaptée, oncopsychologie, consultation fertilité/ménopause précoce, oncosexualité. Un dialogue doit être instauré avec l’équipe soignante sur ces sujets le plus tôt possible et les associations de patients sont également une ressource précieuse et efficace grâce à des initiatives nombreuses et très variées basées sur le partage d’expérience.
« Nous devons nous engager à briser les tabous et la stigmatisation associés au cancer gynécologique, en particulier au cancer de l’endomètre, afin que les femmes se sentent à l’aise de parler ouvertement de leur santé intime, y compris et surtout après la ménopause », a déclaré le Dr. Professeur Alejandra Martinez, Vincent Lavoué et Martin Koskas dans un éditorial accompagnant le dossier de presse de la campagne d’information.