Le docteur David Costa, médecin généraliste et directeur du département universitaire de médecine générale à la Faculté de médecine organise ce vendredi à Nîmes une conférence sur la vaccination. Histoire de lutter contre la désinformation sur le sujet et de répondre à toutes vos questions.
En 2024, ressentez-vous encore des réticences des patients à l’égard de la vaccination ?
Oui et ça veut dire quelque chose. Beaucoup d’entre eux s’inquiètent des fausses nouvelles qui circulent sur la vaccination. Dont certaines ne datent pas d’hier. On se souvient en France de l’inquiétude de développer une sclérose en plaques suite à un vaccin contre l’hépatite B, en Angleterre, les patients avaient peur de devenir autistes après l’injection… C’est pourquoi cela s’ajoute parfois au manque de temps du professionnel de santé et du médecin généraliste, qui, faute de temps lors des consultations, oublie de noter des points sur le carnet de vaccination de son patient. Au total, la vaccination n’est pas optimale en France.
Récemment on a également assisté à une épidémie de rougeole et il semblerait que les cas de coqueluche aient également augmenté en France depuis janvier dernier ?
Oui, j’ai moi-même vu deux patients atteints de rougeole au cabinet depuis le début de l’année. Qui n’étaient pas vaccinés. Il n’y a pas si longtemps, une jeune fille est décédée dans notre pays des suites de cette maladie. C’est impensable ! La seule façon de faire disparaître une maladie est de vacciner la population. Il n’est pas dit que les personnes vaccinées ne développent jamais la maladie en cas de contamination. Mais comme pour le Covid, les effets seront bien moins graves et dangereux pour la survie. Par exemple, avec la rougeole, nous voyons des patients non vaccinés qui développent les premiers symptômes et qui, quelques semaines après leur guérison, développent une méningite rougeoleuse. Une complication très sérieuse !
Alors que la coqueluche et la rougeole font partie des vaccins obligatoires !
Oui, la rougeole est administrée aux bébés à partir de 12 mois, la coqueluche à partir de trois mois. Et si chez un adulte cette dernière maladie est extrêmement gênante et provoque des quintes de toux pendant trois mois, chez un nourrisson elle est très grave. L’enfant a été immédiatement hospitalisé en soins intensifs et l’issue était incertaine.
Que pensez-vous de la volonté du gouvernement de vacciner tous les étudiants contre le Papillomavirus ?
Je pense que c’est évidemment important. Mais les mauvais scores rencontrés par cette initiative sont dus à un manque de communication sur le virus. Beaucoup imaginent que ce virus ne touche que les femmes qui sont plus susceptibles de développer un cancer de l’utérus plus tard. Alors que les hommes sont tout aussi susceptibles de souffrir d’un cancer de la gorge, par exemple en cas de contamination au Papillomavirus. Pour qu’elle disparaisse, il faut vacciner les garçons et les filles.
Qu’attendez-vous de la conférence de vendredi ?
J’en parlerai avec mon collègue Eric Shwartzentruber, le médecin responsable du centre départemental de vaccination. Nous espérons faire tomber les idées reçues, démentir les fake news et surtout répondre à toutes les questions que le public, que nous espérons nombreux, voudra nous poser à ce sujet.
