Avec la disparition des vidéoclubs, plusieurs films québécois sont quasiment introuvables

Avec la disparition des vidéoclubs, plusieurs films québécois sont quasiment introuvables
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La disparition des vidéoclubs aura eu pour effet de compliquer l’accès à plusieurs films. Les œuvres phares du cinéma québécois sont pratiquement introuvables aujourd’hui. Aucune plateforme ne les diffuse. Il est souvent impossible même de les louer sur Internet pour les visionner. Au grand désarroi de plusieurs cinéastes.

Parmi eux: Anaïs Barbeau-Lavalette, dont le premier long métrage, L’anneau, est porté disparu depuis la fermeture de son distributeur, Christal Films. “Le film est tombé à l’eau… Les professeurs m’appellent pour pouvoir le présenter en classe, et malheureusement je ne peux pas les guider”, déplore-t-elle.

Je trouve absurde que des tonnes de films québécois financés par les contribuables ne soient plus accessibles, à moins d’aller à la bibliothèque ou d’arriver à retrouver un vieux DVD

Impossible de nommer tous les films québécois qui, pour diverses raisons, sont actuellement indisponibles en format numérique. Mais citons entre autres Le violon rouge, par François Girard, Un crabe dans la tête, par André Turpin, et Souvenirs affectifs, de Francis Leclerc : trois films qui ont remporté le Jutra du meilleur film, la plus haute distinction de l’industrie au Québec, mais qui sont actuellement introuvables.

«Je trouve absurde que des tonnes de films québécois financés par les contribuables ne soient plus accessibles, à moins d’aller à la bibliothèque ou de réussir à retrouver un vieux DVD», déplore-t-il à son tour en entrevue avec Devoir la réalisatrice Myriam Verreault.

Ce dernier a été le premier à tirer la sonnette d’alarme la semaine dernière sur les réseaux sociaux. Il n’existe actuellement aucune trace sur Internet de son premier long métrage, À l’ouest de Pluton, un film à petit budget sorti en 2009. Des promoteurs de festivals, des enseignants et même des cinéphiles contactent régulièrement Myriam Verreault pour lui demander où l’on peut trouver une copie du film. La cinéaste est venue leur envoyer gratuitement des copies numériques, même si elle sait très bien que c’est illégal.

« Cela doit arriver une dizaine de fois par an. Je comprends que le distributeur ne veuille pas payer pour essayer de le vendre sur une plateforme. Mais le moins que nous puissions faire serait qu’il soit au moins disponible à la location. Le modèle de distribution au Québec doit être complètement revu», soutient le directeur.

Propriété des Américains

À l’ouest de Pluton est distribué par Films Séville, qui est depuis longtemps le principal acteur de l’industrie cinématographique au Québec. Cette société existe toujours, mais elle a cessé ses activités de distribution au Québec à l’été 2022. Son ancien gérant, Patrick Roy, a créé une nouvelle société, Immina Films, qui gère le catalogue québécois de Séville en termes de diffusions. à la télévision et sur les plateformes partout au pays.

Séville, qui garde quelques employés à Montréal, reste toujours propriétaire de son catalogue, qui comprend de nombreux classiques du cinéma québécois. En 2007, l’entreprise a été rachetée par la société torontoise eOne, qui a été à son tour avalée par le géant américain Hasbro en 2019. L’année dernière, le catalogue eOne, qui comprend donc celui de Séville, est passé entre les mains de la société hollywoodienne Lionsgate. . C’est ce qui fait dire à certains acteurs de l’industrie que le Québec a perdu le contrôle de la distribution de son cinéma.

« Les Américains ont acheté eOne, et ils se sont retrouvés par défaut avec une grande partie du catalogue québécois. Mais cela ne les intéresse pas. Cela ne les paie pas. Ils sont coincés avec ça. Cela signifie que notre catalogue est actuellement en sommeil aux États-Unis. Pourquoi ne pas le rapatrier ? Il se pourrait même que ce soit le gouvernement qui finance cette démarche», suggère Myriam Verreault.

Le président d’Immina Films et ancien grand patron de Séville, Patrick Roy, n’est pas d’accord avec cette perception. « Les gens ont le réflexe de dire : « ah, ce sont de mauvais Américains ». Certes, Séville a cessé d’acquérir et de distribuer des films, mais l’entreprise continue d’exister. Oui, j’ai perdu mon emploi, mais il y a encore du monde au bureau de Séville à Montréal. Lorsque Séville distribuait des films, la structure était déjà rattachée à une société américaine et les gens étaient très contents que nous investissions dans la distribution de leur film à l’époque. La présence des Américains n’était pas un problème, et elle ne l’est toujours pas », affirme-t-il.

Explosion du modèle

Pour Patrick Roy, ce sont surtout des raisons économiques qui expliquent pourquoi plusieurs films québécois du répertoire sont indisponibles sur les plateformes. « Le film de Myriam Verreault, À l’ouest de Pluton, avait rapporté 22 000 $ au box-office lors de sa sortie. À l’époque, il en coûtait 2 000 $ pour rendre le film disponible à la location sur Apple. Je n’étais pas à Séville à ce moment-là, mais il se pourrait très bien qu’on ait jugé que le film n’allait pas générer suffisamment de locations pour réaliser cet investissement. Il y a plusieurs films québécois comme ça», affirme celui qui est également président du conseil d’administration de Québec Cinéma.

De toute façon, très peu de gens louent encore des films numériquement sur Apple ou YouTube pour environ quatre ou cinq dollars, poursuit-il. ” Le film 23 décembre a rapporté plus de deux millions au box-office et généré à peine une vingtaine de locations », explique Patrick Roy, qui en est le distributeur.

Aujourd’hui, l’accès au cinéma dépend davantage des abonnements aux services de streaming. Cependant, les Netflix, Crave et Prime Video de ce monde ne sont pas prêts à acheter n’importe quel film. De plus, il existe toutes sortes d’accords autour de la distribution qui expliquent qu’un film peut apparaître sur une plateforme, mais seulement pour une courte période.

Tout semblait plus simple à l’âge d’or de la VHS, puis du DVD. À l’époque, la plupart des films, même les plus niches, avaient droit à une copie physique après leur sortie en salles. On pouvait facilement les trouver dans les vidéoclubs, même plusieurs années après leur sortie.

« Nous assistons depuis plusieurs années à une segmentation du marché avec les plateformes. L’accessibilité des films est devenue un problème. Cela ne vaut pas seulement pour le cinéma québécois. C’est la même réalité partout dans le monde. Et il semble qu’il n’y ait pas de solution à ce problème. Personne n’en a trouvé de toute façon», reconnaît Patrick Roy.

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