Fichtre a dessiné le « caractère vainqueur et serein » des 20KM de Lausanne

“Je voulais un personnage victorieux et serein”

Publié aujourd’hui à 12h35

Dès cette année, l’affiche, les t-shirts et autres produits dérivés des 20KM de Lausanne seront dynamisés par le travail d’artistes de la région. Mathias Forbach, dit « Fichtre », essuie les plâtres lors de l’édition 2024. Rencontre avec l’artiste veveysan, récemment installé à Bâle.

Mathias Forbach, d’où vient votre nom d’artiste « Fichtre » ?

C’est le premier nom que je portais lorsque je faisais du graffiti avec des amis. Je cherchais un nom qui sonne en vieux français. Ma relation est particulière avec la langue de Molière. Par la suite, j’ai gardé ce nom. C’est un mot qui résonne bien. Ce n’est pas une interjection trop négative, plutôt une expression, bien sûr !

Comment s’est passée votre rencontre avec les 20KM de Lausanne ?

J’ai reçu un appel de l’agence du Nord, qui m’a demandé si j’étais intéressé par ce projet. J’ai ensuite envoyé à 20KM un portfolio avec mon travail. Ensuite, j’ai rencontré Xavier Bassols, le secrétaire général de l’événement. Il s’agit de la première collaboration de 20KM avec un artiste. J’avais déjà conçu des affiches, mais jamais pour un événement sportif. Je trouve cela intéressant car on ne voit pas souvent des projets associant sport et culture.

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Quelle est votre relation avec les 20KM de Lausanne ? Les avez-vous déjà courus ?

Non, jamais, pourtant j’ai commencé à courir pendant le Covid. A priori, je préfère grimper à courir. Mais courir libère l’esprit. Cela m’oblige à utiliser tout mon corps. Lorsque nous dessinons, nous sommes tout le temps assis sur notre lieu de travail. Avant de collaborer à cet événement, je ne savais pas que les 20 kilos étaient si gros. J’ai réalisé que c’était une énorme organisation.

Allez-vous vous présenter les 27 et 28 avril ?

Oui, je me suis inscrit au 10 km. Vingt kilomètres, c’est trop pour moi. Je n’ai pas la formation nécessaire. Actuellement, je m’entraîne près de chez moi à Bâle, dans un parc. Je ne vise pas un moment précis. Je vais courir avec des amis. Nous ferons une équipe « Fichtre ».

Sur quels supports avez-vous travaillé pour les 20KM ?

Tout d’abord, sachez que je travaille sur le projet depuis mars 2023. Nous avons d’abord créé un t-shirt teaser, à 45 exemplaires, pour l’édition précédente. Ensuite, j’ai eu quatre mois pour créer l’affiche. J’avais envie d’un retour au papier. Auparavant, j’avais réalisé pas mal d’affiches numériques. Cette fois, j’ai tout dessiné à la main.

Il existe différents types de dessins : à l’encre, avec une plume d’architecte très fine. La coloration est numérique. J’ai recherché différentes formes. Mais l’énergie du premier t-shirt était si fluide que j’ai essayé de la reproduire dans l’affiche. Je suis donc revenu à l’essence du premier t-shirt. Par la suite, j’ai clarifié et compliqué mon idée.

Il y a plusieurs couches dans cette affiche, avec un dessin très fin qui fait un cadre représentant l’effort à travers plein de personnages courant dans tous les sens. Et il y a aussi cette idée d’oiseau, comme de mascotte qui s’est précisée et confirmée. L’intersection entre ces deux mondes fait la force de l’affiche.

L'artiste et son œuvre.

Il y a ce personnage central. Pouvez-vous nous le présenter ?

Je voulais un personnage victorieux et serein. Il lève les bras. C’est un oiseau qui court. Il est léger. Dans mon travail, j’ai souvent représenté un personnage doté d’un long museau-bec. J’ai également dessiné des oiseaux dans l’avion suisse pour la Fête des Vignerons 2019. C’est le symbole de la liberté. Je voulais trouver un oiseau sous forme humanoïde.

Le platane suisse revisité par l'artiste lors de la dernière Fête des Vignerons.

Quelles sont vos influences ?

Comme j’enseigne l’histoire de l’illustration et que je connais assez bien ce qui se passe dans les romans graphiques, j’aime les choses très simples, mais cela ne me ressemble pas. Je vais donc plutôt rechercher la complexité, les notions de couleur. J’aime Joann Sfar, Stefan Marx. J’aimerais leur ressembler davantage et pouvoir lâcher prise un peu plus. Il y a souvent des influences de Keith Haring dans mon travail, mais j’aimerais qu’on arrête de me comparer à lui parce que j’aimerais être moi-même et non pas Keith Haring, même s’il est mon premier amour.

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Près de 30 000 personnes courront avec votre oiseau sur le t-shirt. Est-ce une fierté de voir autant de personnes exposer votre travail ?

C’est une immense fierté. 30 000 personnes recevront un objet qui restera avec elles, avec ce dégradé de couleurs et mon personnage.

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Est-ce la première fois que vous concevez un maillot ?

Oui. Le maillot devait être « sportif », tout en intégrant mon design, sans qu’il soit trop présent. Il y a le dégradé de couleurs. Et c’est lorsque vous vous rapprochez que vous voyez le motif. C’était important pour moi d’être plus discret et pas évident.

Que voyez-vous lorsque vous vous rapprochez du t-shirt ?

On voit des personnages joyeux dans l’effort. Ils sont en cours d’exécution. L’un des personnages court si vite que ses jambes zigzaguent. J’essaie de m’amuser avec un motif de personnage. J’exagère les membres. Pour que ça bouge, que ce soit organique. Avec des éléments qui rappellent Lausanne sans représenter des édifices comme la cathédrale. Il y a des escaliers, des pavés, des arbres. Je ne voulais pas quelque chose de sombre. Je voulais montrer du dynamisme, de la joie. Ce sont des formes humaines. Je voulais créer du mouvement dans un cadre.

Le motif en détail inclus dans le t-shirt.

Lorsque tout le monde a découvert votre travail, avez-vous ressenti du stress ou du trac, comme un acteur entrant sur scène ?

Nous avons présenté le poster au MCBA en octobre. Les retours ont été hyperpositifs. Les gens qui ont vu le maillot ont dit qu’ils allaient s’inscrire à la course juste pour pouvoir le porter. Recevoir presque rien d’autre que des compliments m’aide. Je me suis amusé. J’ai mis tout en œuvre avec mes idées. C’est grâce à l’organisation 20KM, qui m’a donné carte blanche. Elle a décidé de mettre en avant les graphistes de la région. D’autres artistes prendront le relais dès la prochaine édition.

Votre travail sera-t-il utilisé dans d’autres médias ?

Oui, on le verra sur les Tesla qui ouvriront et clôtureront la course. Nous aurons également un stand de merchandising. Avec différents t-shirts, casquettes, chaussettes, serviettes de bain et tote bag.

Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans ce projet ?

Cela part de la main, d’un cahier, de quelque chose de très petit qui devient gigantesque. J’aime particulièrement créer de l’émotion chez les autres.

Pierre-Alain Schlosser est journaliste depuis 1998. Après 4 ans de travail indépendant, il rejoint la rubrique sports 24h/24 qu’il dirigera pendant 10 ans. Depuis 2017, il écrit pour l’agence Sport-Center, où il s’occupe principalement du sport régional.Plus d’informations @PASchlosser1

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