Le Québec est à la traîne par rapport à l’Ontario dans la surveillance des moustiques porteurs de maladies

Le Québec est à la traîne par rapport à l’Ontario dans la surveillance des moustiques porteurs de maladies
Le Québec est à la traîne par rapport à l’Ontario dans la surveillance des moustiques porteurs de maladies

Le Québec a réduit son programme de surveillance des moustiques, tandis que l’Ontario prend des mesures drastiques pour réduire les éclosions de moustiques responsables de la transmission d’une maladie rare mais mortelle.

L’annonce du premier décès canadien dû à l’encéphalite équine de l’Est (EEE) chez un adulte d’Ottawa, le 31 août, n’a pas surpris l’entomologiste Richard Trudel, qui savait que des insectes de la région étaient porteurs du virus. Mais il ne comprend pas pourquoi le Québec n’est pas plus proactif en matière de prévention.

« Chaque semaine, au moins 10 villes de l’Ontario font analyser des dizaines de milliers de moustiques pour identifier les porteurs de maladies transmissibles à l’humain. Rien de tel au Québec, qui a mis fin au programme de surveillance entomologique il y a plusieurs années », a-t-il dénoncé dans une entrevue à Journal.

L’entomologiste Richard Trudel est conseiller scientifique chez GDG Environnement à Trois-Rivières. Il travaille sur les insectes ravageurs et vecteurs de maladies depuis plus de 20 ans. Photo avec l’aimable autorisation

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Ironiquement, c’est dans le laboratoire de son employeur, GDG Environnement, à Trois-Rivières, que sont analysés les échantillons ontariens, qui voient passer jusqu’à 1,3 million d’insectes par année. On y détecte l’ADN de l’EEE, mais aussi celui du virus du Nil occidental et d’autres pathogènes.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) confirme que le programme de surveillance entomologique a été arrêté en 2021 car il ne permettait pas de « prédire l’intensité de la saison des maladies transmises par les moustiques » selon son porte-parole, Francis Martel.

Ottawa se propage

De l’autre côté de la rivière des Outaouais, Santé publique Ottawa met en œuvre un « plan de contrôle pour réduire le risque d’infection par le virus du Nil occidental et le virus de l’encéphalite équine de l’Est », qui comprend plusieurs mesures, dont la pulvérisation de larvicides biologiques et chimiques.

Mais pas au Québec, où «aucune activité d’épandage de larvicides n’est menée par le gouvernement», poursuit Francis Martin du MSSS, qui ajoute que cette mesure n’a pas prouvé son efficacité.

Une déclaration qui fait bondir l’entomologiste Trudel, qui peut citer plusieurs études contradictoires sur la question. Titulaire d’un doctorat de l’Université Laval en entomologie forestière, il mène des travaux sur la lutte biologique contre les insectes depuis plus de 20 ans.

Plus d’insectes présents

Des études démontrent que des agents pathogènes comme celui qui a causé le décès à Ottawa, ainsi que le virus du Nil occidental et d’autres, pourraient être plus répandus dans le Nord en raison du réchauffement climatique. Il existe actuellement au moins 63 espèces de moustiques au Québec, et ce nombre devrait augmenter.

Le vétérinaire Jean-Philippe Rocheleau, qui conseille les autorités sur les risques de maladies transmises par les moustiques, se veut rassurant. « Le virus est présent depuis longtemps au Québec. Il a causé plusieurs décès chez les chevaux entre 2008 et 2010. »

Photo MATHIEU-ROBERT SAUVÉ

Il estime que la pulvérisation de larvicides biologiques comme le BTI peut faire partie des solutions préventives si de nouveaux cas surviennent. « C’est une méthode éprouvée », dit-il.

En attendant, il nous rappelle les règles de base de protection : se protéger des piqûres avec des vêtements qui couvrent bien la peau et appliquer un anti-moustique.

L’EEE en bref

· L’encéphalite équine de l’Est (EEE) est connue depuis 1938 et doit son nom au premier cas, identifié chez des chevaux sur la côte est des États-Unis.

· Il existe un vaccin pour les chevaux, mais aucun traitement n’est connu pour les humains.

· Les symptômes sont similaires à ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, courbatures.

· 30 % des personnes infectées meurent d’une rupture cérébrale.

· Le décès du résident d’Ottawa survient quelques semaines après un autre décès survenu à Hampstead, dans le New Hampshire. L’État a depuis confirmé une autre infection humaine, mais non mortelle, à Kensington.

· Le New Hampshire, qui teste des milliers de moustiques chaque année, signale 15 groupes de moustiques porteurs en 2024. Depuis 2020, ce nombre varie de zéro à deux.

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