Sur les scènes du TNBA, un art du désordre contenu par un souper démesuré où s’étalent des homards, un homme en caleçon, des vertèbres XXL d’une bête indéfinie, des pots de fleurs et autres bibelots. Portés par une intelligence collective dadaïste, 22 sketches s’enchaînent, hors des canons et des normes, mais avec un certain esthétisme.
Esprit Dada
Un bouillon de créativité, où un punk sénile barbotant de la marmelade en guise de discours (Matthieu Bousquet), un bègue choquant (Mario de Miguel Condé), des sirènes éructant l’air, un chœur de poissons géants, des danseurs s’entrechoquent (Maël Sainsain et Héloïse Charcelley), une peluche géante rouge vif (Hans le cheval), un chanteur sortant d’une poubelle (Camtar Barrois) et un haltérophile (Fantin Lebrun). Un sabotage total d’artistes refusant à la fois l’esprit de sérieux et d’austérité : l’esprit Dada a régné tout au long de la représentation, provoquant des éclats de rire du public, ramené à un état d’enfance.
Les textes servis avec ce music-hall sans tête servaient les coups de gueule bégaiement écrits par Fantin Lebrun, ou les dialogues des hommes poissons imaginés par Romane Juret. Dérision, fureur et enthousiasme pour ce carnaval excessif, à l’esprit grotesque : la mort et l’ombre, plusieurs fois invoquées, se conjuguent en une joie tragique. Nous attendons avec impatience la suite.