300 ans après, un triomphe pour l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier, version David McVicar

Elle a laissé des cadavres derrière elle Elle. Médée

terrible portrait peu flatteur, la responsabilité de Jason est éclipsée. On peut aussi le voir comme un opportuniste qui, pour accéder au pouvoir, abandonné marier Et des enfants pour unir à une jeune princesse et son Royaume pour la dot. « Il y a aussi une réflexion politique sur les femmes et les hommes dans cette histoire, ce qui la rend si puissante et fascinante. Dans le monde de la mythologie grecque antique, supprimer la lignée d’un homme revient à l’anéantir absolument. La vengeance qu’elle exerce est donc absolue et dévastatrice., explique David McVicardirecteur. Médée brûle d’amour et de haine. Elle, qui a tout donné à Jason, gloire et pouvoir, vit son abandon comme une injustice, une trahison.

Médée à l’Opéra de Paris est un événement : 300 ans après avoir été créée chez son ancêtre la Royal Academy of Music, l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier est de retour à Paris.

L’unique tragédie lyrique du compositeur baroque, conçue en 1693 sur un livret de Thomas Corneille, frère cadet du célèbre dramaturge, dans une version de William Christie comme directeur musical et David McVicar comme metteur en scène, est un triomphe pour l’applaudissement. Le public a réservé aux artistes une longue ovation de plusieurs minutes.

Comment adapter une tragédie aussi puissante ? Le réalisateur fait un grand pas de côté en misant sur la dystopie en transposant la tragédie grecque durant la Seconde Guerre mondiale.

Je voulais aussi trouver un monde dans lequel il serait très clair que les alliés se réunissent pour préparer la guerre. J’ai utilisé mon imagination et je me suis dit : et si nous étions en 1947 et que la Seconde Guerre mondiale se poursuivait ? Et si les événements s’étaient déroulés différemment ? Nous présentons donc Oronte en américain, comme le GI, l’armée de l’air, Jason et les Argonautes sont la marine britannique. Et le monde de Créon et de Corinthe est le monde de Charles de Gaulle. » explique le réalisateur écossais.

La mise en scène plonge Médée dans la modernité. L’ingéniosité des décors, la subtilité des éclairages, le travail titanesque sur les costumes d’époque et l’introduction du chant et de la danse à la fin des premiers actes donnent une nouvelle dimension au spectacle.

Et surtout, la présence scénique et vocale des artistes est époustouflante. La mezzo-soprano Léa Desandre dans le rôle titre est extraordinaire, notamment lors du troisième acte qu’elle porte quasiment seule. Son jeu de tragédienne est remarquablement précis. C’est l’acte perturbateur, le moment clé où, dans son grand désarroi, elle oscille entre raison et aliénation. Léa Desandre ne joue pas Médée, elle est Médée. Elle est cette femme trahie, qui va puiser dans la folie les moyens de faire souffrir pour apaiser ses propres tourments. Elle invoque la mort. Le public, conquis, applaudit sa prestation.

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Scène de « Médée » lors des répétitions. (ELISA HABERER / OPÉRA DE PARIS)

Autre artiste, mais ce n’est pas une surprise, qui domine son rôle, Laurent Naouri. Le baryton français, comme à son habitude, est remarquablement présent. Il incarne un Charles de Gaulle à la fois majestueux et rusé, amoureux de sa fille. Veiller sur son royaume et ne pas craindre le ridicule. Quant à Reinoud Van Mechelen, il est plein de nuances. L’artiste belge donne un aperçu du chagrin de Jason, tiraillé entre son devoir et sa passion.

Si l’opéra de Charpentier ne connut que dix représentations lors de sa création, et une seule reprise à Lille en 1700, la version de David McVicar est vouée à connaître un grand succès, compte tenu de l’accueil triomphal du public.

Titre : Médée

Genre : Tragédie lyrique en prologue et cinq actes (1693)

Durée : 3h40 avec 2 entractes

Langue : Français

Surtitres : français anglais

: Marc-Antoine Charpentier

Brochure: Thomas Corneille

Direction musicale : William Christie

Mise en scène: David McVicar

Distribution : Léa Desandre, Reinoud van Mechelen, Laurent Naouri, Ana Vieira Leite, Gordon Bintner, Emmanuelle de Negri, Paule Constable et Lynne Page.

Rendez-vous: jusqu’au 11 mai 2024

Lieu : Opéra Garnier, place de l’Opéra, 75009 Paris

 
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