Jérémie Rhorer, l’héritier insoumis de William Christie

Jérémie Rhorer, l’héritier insoumis de William Christie
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PORTRAIT – Après Zurich et Madrid, le célèbre chef français débarque à Aix-en-Provence et à la Philharmonie de Paris pour une « Missa Solemnis » qui s’annonce éblouissante. A l’image du parcours de cet ancien assistant de William Christie qui cultive un véritable éclectisme musical et ne garde pas sa langue dans sa poche.

Cet article provient du Figaro Magazine

« Un goût exacerbé de la vérité » : c’est ainsi que l’on peut qualifier l’œuvre de Jérémie Rhorer, car ce chef d’orchestre s’efforce, pour chaque œuvre qu’il dirige, d’être le plus fidèle possible à la vision du compositeur, de « respecter ses intentions initiales ». Une telle exigence le plonge dans des recherches nombreuses et minutieuses, et oblige logiquement son ensemble, Le Cercle de l’Harmonie, à jouer sur des instruments d’époque. De plus, il déteste les mises en scène qui « déformer une œuvre » et autant de chanteurs qui « aménager certains passages à leur manière pour se mettre en valeur. Dans une œuvre, il faut dépasser ses propres préoccupations vocales.

Il n’est donc pas étonnant que dans le monde tranquille mais implacable de la musique classique, son fort caractère lui rapporte bien plus que de simples amis. Capable à la fois d’une fougue impressionnante et des nuances les plus subtiles à son bureau, il est dans la vie ce qu’on appelle une « grande gueule ». Il dit souvent très fort ce que les autres murmurent.

« Respectons les compositeurs »

Ainsi sur Pierre Boulez, « qui a mis sous son joug la musique française contemporaine ». Ainsi encore de la dispute qui opposa, en son temps, Verdi et, plus tard, les compositeurs allemands dont Schoenberg, concernant la hauteur du diapason. Les Italiens défendaient un grave plus chaud à 432 Hz, tandis que les Allemands le souhaitaient à 442 Hz, un son plus froid et plus brillant. “Ce sont les Allemands qui ont gagné” regrette-t-il en roulant les yeux. Il a également exprimé son enthousiasme et son soutien à Simon Rattle, le directeur du London Symphony Orchestra, lorsqu’il a écrit une chronique dans la presse anglaise déplorant l’absence d’un leader culturel dans nos sociétés occidentales. Ou à Sylvain Tesson, dont il a récemment applaudi la conférence-spectacle « Face au Cosmos » à Paris au Théâtre de Poche Montparnasse.

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Malgré son allure angélique et sa chevelure juvénile, Jérémie Rhorer ne supporte pas les diktats. Il quitte William Christie, dont il était l’assistant, tout en entretenant avec lui une relation fluide. Cela montre que, malgré sa détermination, il sait arrondir les angles quand cela est nécessaire.

Sa passion pour la musique l’a lancé, avec son orchestre Le Cercle de l’Harmonie, dans une course autour du monde. Lorsqu’il n’est pas avec son ensemble, il est chef invité. On l’a vu dans un Offenbach incroyable à Zurich où il a pu exprimer toute sa fougue. Il a été ovationné au Teatro Real de Madrid, avec le Voix humaine de Poulenc, dont il a respecté toute la retenue qu’exige cette œuvre – un spectacle exceptionnel avec Rossy de Palma comme intermède entre le compositeur français et Schoenberg. Le voici tour à tour en clôture du Festival de Pâques à Aix-en-Provence, et à la Philharmonie de Paris* avec le Missa Solemnis par Beethoven.

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Une première pour son orchestre confronté à une œuvre religieuse, et accompagné d’un chœur remarquable à plus d’un titre. Cette formation est semi-professionnelle et sponsorisée par le constructeur automobile Audi à Ingolstadt, en Allemagne.

C’est ainsi que Jérémie le nomade va, d’une ville à l’autre, d’une œuvre à l’autre. Sans jamais se laisser enfermer dans un genre ou une recette. On comprend, il aime aller à la Source des choses. « L’art est aujourd’hui le seul espace de liberté, alors préservons-le ! Ne nous aliénons pas des forces des pouvoirs politiques. Simplement, respectons les compositeurs.

* Fête de Pâques à Aix-en-Provence le 6 avril (Festivalpaques.com), à la Philharmonie de Paris le 23 avril (Philharmoniedeparis.fr).

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