Documentaire
Article réservé aux abonnés
Le beau film de Dominique Marchais, radicalement écologique, arpente les cours d’eau du Béarn en compagnie de ceux qui, chacun à leur manière, observent et protègent une nature perturbée par l’activité humaine.
“Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour je traverserais la rivière en bottes…» Marchant dans les eaux basses, celui dont les paroles fortes et claires s’adressent généreusement à nous depuis plusieurs minutes déjà, s’éloigne de la caméra en marmonnant ces paroles non pas pour tout le monde, mais pour lui-même. Il passe sur l’autre rive, le niveau du courant ne mouille pas ses pieds, ne dépasse pas le bord de la gomme. On voit et on entend un corps vivre physiquement le changement d’un environnement familier, on ressent l’angoisse qui l’accompagne, préalable à tout discours et à toute connaissance ordonnée – son nom d’ailleurs, Patrick Nuques, ni sa fonction de direction aux Pyrénées Nationales. Parc, ne sont pas imposés par le film, pas plus que les noms et fonctions d’autres personnes (gardes-pêche, militants associatifs, chercheurs en biologie ou en climatologie, étudiants, éleveurs et agriculteurs, naturalistes) dont l’expertise, technique ou scientifique, mais surtout sensible, est invité à s’exprimer dans Rivière par Dominique Marchais.
C’est qu’il s’agit d’autre chose que de l’expertise, qui vient avant et après elle, d’où elle est issue : l’expérience à vivre, multiple et tortueuse, du fleuve et de ses abords, en amont et en aval, ses causes, ses conséquences, ses reflux. et coule. Sans doute, dans ces quelques secondes de traversée à pied, émerge une certitude matérielle, que le Gave – comme on appelle en Béarn les nombreuses rivières qui descendent des montagnes